Tu le regardes, lui tournes autour, ta paille coincée entre tes lèvres. C'est la première fois que tu déposes ton attention sur cet homme. La première fois que tu le fixes. Le détaille. Le déshabille du regard. En essayant d'imaginer ses traits, la courbure de ses formes, la douceur de sa peau. Tu t'en amuses. Parce que tu sens, tu le sais, que cela ne lui plaît pas. Ce n'est pas dans ses habitudes. Tu es trop explosive. Trop lunatique. Trop exubérante pour cet homme. Trop folle. Pas assez douce, pas assez calme, pas assez. Pas assez blonde. Droite. Fidèle. Et. Pas assez riche. Maniérée. Comme toutes ces pantins qui traînent autour de son corps. Tels de petites ombres, qui espèrent pouvoir intégrer la sienne, son corps. Stupide. Il est en train de discuter avec un autre homme. Charmant. Mais tu l'as déjà baisé. Il y a une semaine. Tu n'en veux plus. Tu n'en veux plus. C'est lui. C'est lui que tu désires. Maintenant. Et tu sais parfaitement qu'à l'instant même où cet homme décidera que tu es intéressante, tu te moqueras de lui. Tu agis toujours ainsi. Avec impulsivité. Audace. Sans réfléchir. Doucement, tu t'approches de lui. T'assois à ses côtés. Dépose ta main sur sa cuisse. Rapproche tes lèvres de son oreille. Pour lui murmurer. "Tu baises pour un kit-kat ?" Cette réplique. Absurde. Digne de toi. Digne de ta folie. Et de ton impatiente. Tu n'as pas pris le temps d'élaborer un plan. De confectionner une idée. Solide. Pour l'approcher, l'apprivoiser. Qu'importe. C'était maintenant. Maintenant que tu désirais ses lèvres glissant contre sa peau. Ses mains contre tes cheveux. Tu mords de nouveau sur ta paille. Bois une longue journée. Et le questionne du regard. Il ne comprend pas. Il ne te comprend pas. Comment le pourrait-il ? Tu es une tornade.

Elle est là. La fille de la piscine. Celle qui s'est immiscé dans tes ébats amoureux sans que rien ne lui soit demandé. Pourtant, elle paraît différente, ce soir. Moins hypnotisante. Il y a quelque chose... de vulgaire en elle. Oui, c'est ça. Elle n'a rien de la femme enivrante de beauté que tu as observé l'autre soir. Elle semble prête à vendre son corps au plus offrant et si deux nuits de ça, t'aurais pu entrer dans son jeu, ce soir, ce n'est pas le cas. Ce soir, t'es condamné à jouer le rôle de l'avocat d'affaire bien sous tout rapport, l'homme d'affaire, qui ne peut pas se permettre de perdre la tête pour le plaisir de la chaire. Tu la regardes à peine. Tu tentes de te concentrer sur la conversation barbante de ton interlocuteur. Mais elle entre dans ton champ de vision. Elle s'impose dans ton espace vital. Sa main se dépose sur ta cuisse. Tu bois une gorgée de ton verre, ne lui accordant que très peu d'attention. T'as bien compris son petit jeu, mais t'es pas du genre à être la proie d'une femme. T'es le prédateur, ce sont elles, les proies. « Tu baises pour un kit-kat ? » Tu manques de t'étouffer. Tu t'attendais à tout, mais pas à cette absurdité. Tu toussotes. Le regard de ton interlocuteur se pose sur toi avant de détourner son attention sur une serveuse en maillot de bain. T'en profites pour glisser ta main sur la sienne. T'enlèves ses doigts de ta cuisse avant de la regarder de la tête au pied. Elle aurait pu faire l'affaire, l'inconnue, si elle s'était contentée d'être jolie. Elle se serait tue et t'en aurais fait ton dessert, mais il avait fallu qu'elle parle. « T'es bien mignonne, mais tu t'es trompé de client. Je ne fais pas dans les prostitués. » Et tu tournes la tête pour reprendre ta conversation barbante avec ces hommes d'affaires aussi inintéressant que la première fois de la tornade blonde.

Sa réaction t'amuse, te charme. Parce qu'il tousse. S'étouffe. Et ignore ton regard insistant. Quel crétin. Faire semblant, jouer, penser créer une diversion. Mais il ne fait qu'alimenter ton désir, ta folie, et ton impulsivité. Tu étais prête à tout pour l'obtenir. Pour attraper ses lèvres. Le capturer, et n'en faire qu'une bouche. Prête à tout. Si seulement tu savais dans quoi tu étais en train de t'engager. Dans quel sordide jeu tu te prêtais. Tu vas perdre Alma. Il n'est pas comme les autres. Il n'est pas facile. A ton niveau. Il est diffèrent. Et c'est ici que réside le challenge. Tu es femme. L'interdit t'obsède. Tout. Tout ce que tu ne peux pas posséder, tu le veux. Il repousse ta main. Tu te contentes de rire, te moquant ouvertement de sa réaction.  "T'es bien mignonne, mais tu t'es trompée de client. Je ne fais pas dans les prostitués." Alma 0 - l'inconnu 1. Mais quel putain d'enfoiré de merdeux de connard de merde. Ta réaction est sans appel. Tu attrapes son verre et le déverses sur son front. Voilà. Alma. Tu viens de lui dévoiler deux de tes facettes, celles qui te caractérisent le mieux. Tu es entière. Sensible. Colérique. Et tu agis toujours. Que tu sois heureuse ou contrariée. Là, c'est l'alcool qui glisse le long de ses cheveux. Mouillant son visage. Putain. Même ainsi il demeure beau. Attirant. Plaisant. Saloperie d'enfoiré. Tu récupères ton propre verre, salue son collègue et récupère ta paille pour siroter tranquillement cette boisson destinée à t'enivrer. Bien fait dans ta gueule, sale petit con prétentieux. Tu n'étais pas une catin. Bien que tu sois capable de te comporter ainsi lorsque tu en as envie. Mais pas là. Pas aujourd'hui. Merde.

Elle est mignonne, l'inconnue. Plutôt bonne même. Tout à fait ton genre. La lueur de colère dans son regard réveille tout ton corps. Ca pourrait être intense entre vous. Le genre de nuits qu'on oublie pas. Mais elle est vulgaire. Affreusement vulgaire. Avec sa paille entre les dents et ses fringues qui ne laissent rien à l'imagination. La vue est appétissante, mais tu ne peux pas te le permettre. Pas maintenant. Dans quelques heures peut-être. Quand la nuit sera assez tombée pour camoufler tes travers. Mais elle n'attend pas si longtemps. Elle verse ton verre sur toi. Un whysky 15 ans d'âge. Un truc collant. « Putain ! » Tu te relèves d'un coup. Les regards se portent sur toi. Ce que tu voulais éviter arrive. Mais t'as pas le temps de contrôler tes émotions. Ton sang ne fait qu'un tour. « C'est quoi ton problème ? » T'attrapes une serviette sur la table et tu t'essuies le visage. T'es bon pour une douche. Sans elle. Tu t'excuses auprès de tes interlocuteurs. Le contrat est déjà signé de toute façon. Tant pis pour ta commission, tu la négocieras plus tard. Tu te retournes et elle s'est déjà évadée dans la foule. Pouf, disparue. Tu t'approches du comptoir. Elle est pas là. Tu fais un détour vers les toilettes, enlève ta veste de costume, ta cravate et déboutonne deux trois boutons de ta chemise. C'est foutu, de toute façon. L'alcool s'est imprégné. Tu sors des toilettes et elle repasse devant toi. T'attrapes son poignet. « Hep. » Tu l'interpelles. « Tu me dois un verre et la facture du pressing. » Ta main glisse dans le bas de son dos alors que tu la pousses vers le bar. « Un whysky. » Tu reposes ton attention sur elle. Putain, toujours cette flamme dans son regard. Ca pourrait être bien une nuit avec elle. « J'envoie la facture à ton maque ou tu la fais passer sous frais généraux ?» Pourquoi elle pouvait pas être une fille banale ?

"Putain !" Bingo. "C'est quoi ton problème ?" Pauvre type. Il n'a rien demandé. Pourtant il récolte un tsunami sur le visage. Te prendre pour une prostituée n'était pas l'idée la plus intelligente qu'il puisse posséder ce soir. Tu abandonnes. T'éloignes et lui échappes. Tu n'as pas envie de te battre. Pas maintenant. Tu sais et tu te doutes que ton chemin croisera de nouveau le sien. Tu pourras alors continuer de faire bouillir son eau. Pour le faire exploser. Pour le faire craquer. Qu'il soit moins froid. Moins tendu. Moins ... Mort-vivant. Comment un homme de la sorte s'amuse ? Comment ? Il est jeune. Beau. Probablement riche. Alors pourquoi fait-il cette tête ? Pourquoi ses traits sont-ils tirés et son air aussi sérieux ? Vis. Vis s'il-te-plaît. Mais ne t'en fais pas. Comptes sur moi pour éveiller tes sens. Réveiller tes émotions. Tu marches, pour rejoindre tes amis. Un poignet t'agrippe, t'attire. Lui. Tu arquas un sourcil en découvrant sa tenue. Tu ne peux t'empêcher d'esquisser un faible sourire; Cette vision apaisant immédiatement ta colère, peu intense. "Hep. Tu me dois un verre et la facture du pressing." "Rêves chéri." Sa main dans le bas de son dos. Tu apprécies. Te laisse porter par son geste qui te guide auprès du comptoir du bar, de nouveau. Tu n'as pas peur de lui ou de ce qu'il pourrait te faire. C'est un homme sérieux. Qui se contrôle. Tu comptes le faire craquer. "J'envoie la facture à ton maque ou tu la fais passer sous frais généraux ?" "Je peux aussi te sucer, les putes dans mon genre coûtent aussi cher que les dégâts causés sur tes vêtements." Tu parles fort, pour l'humilier. Le faire passer pour l'un de ces pervers dégueulasses qui achètent le sexe comme du papier hygiénique. Son whisky arrive, tu le récupères et tu bois de longues gorgées. Ton regard ne quittant pas le sien. Uniquement pour le provoquer, le tester. Tu as besoin de savoir ce que tu affrontes. "Hum... Merci pour ce verre !" Ta langue glisse sur tes lèvres, pour récupérer les quelques gouttes qui y perlent. Jouer la connasse ? Facile. Tu es plutôt douée pour endosser des rôles. Parce que dans le fond, c'est ce que tu es. Tout. Capable de passer d'une attitude à l'autre en un battement de cil. 

« Rêves chéri. » Les rêves, c'est pour les gens sans ambition. Toi, tu préfères vivre. Et avec elle, tu pourrais vivre. Une nuit. Une nuit passionnée. Une nuit torride. Tu pourrais lui montrer ce qu'un homme sait faire, loin de tous ces hommes qui doivent passer entre ses cuisses et qui ont besoin de viagra pour pouvoir répondre à ses avances. « Je peux aussi te sucer, les putes dans mon genre coûtent aussi cher que les dégâts causés sur tes vêtements. » Quel gâchis. Elle pourrait atteindre la perfection si elle utilisait ses lèvres uniquement pour te sucer justement. Ton regard coule vers le couple derrière elle. Tu t'excuses pour elle : « elle a un peu trop bu. » Tu sais pas ce qu'elle a bu, tu t'en fous, t'as une réputation à tenir. Tes fiançailles ont été annoncées, il y a quelques heures. Elles sont officielles désormais. Tes incartades se doivent d'être discrète. T'as perdu ta liberté pour acquérir plus d'argent. Quelle idiotie. « M'oblige pas à te faire virer de l'hôtel. » Tu hisses. T'hésiterais pas. C'est ta réputation avant le reste. Avant le boulot d'une autre. « Quoi que vu le niveau de vulgarité, c'est surprenant que t'ai pu entrer. » Pour toi, c'est évident qu'elle ne dort pas à l'hôtel. Ton regard glisse sur son corps. Mais pourquoi ? Pourquoi il a fallu que ce soit une vulgaire prostituée, pas même une poule de luxe, mais une catin de bas étage ? Le barman dépose ton verre sur le comptoir. Tu n'as pas le temps de réagir que déjà, elle l'attrape. Connasse. Ses lèvres s'y trempent. Sa bouche t'hypnotise. Sa langue glisse sur ses lèvres et ton corps, tout entier, se réveille. « Hum... Merci pour ce verre ! » Tu restes impassible. Du moins, c'est l'impression que ton corps donne. Si les circonstances étaient différentes, elle aurait déjà la clé de ta chambre. « Un autre. » que tu commandes, sans que ton regard ne quitte jamais celui de l'inconnu. « C'est pas contre l'éthique de te soûler avant d'aller travailler ? » Cette fois, c'est toi qui attrapes le verre en premier. T'en as besoin. Le liquide te brule la gorge, mais ça fait un bien fou. « Si je payais pour toi, je voudrais que tu sois un minimum réactive. » Un peu comme la tornade d'il y a quelques minutes.

"Elle a un peu trop bu." "Ta gueule." Un murmure. Bref. Suffisant pour que cela atteigne cet inconnu. Uniquement lui. Tu le dévisages. Mais tu joues, tu souris, t'amuses de cette situation. Tu n'as pas envie que ta colère soit perceptible. Tu lui as jeté de manière impulsive un verre de whisky sur son crâne. C'est bien suffisant. Tu es folle, quand même. Très folle. Trop folle. Dérangée. Dangereuse. "M'oblige pas à te faire virer de l'hôtel." Ton rire s'échappe. Craindre ses menaces ? Impossible. Toi aussi, tu pouvais faire jouer des relations. Appeler tes parents. Le faire virer un coup de pied dans le cul. Pas grâce à un compte en banque de prince. Simplement grâce à tes relations, ton nom. Car oui, Calvetti, dans le tourisme, ça claque. "Quoi que vu le niveau de vulgarité, c'est surprenant que t'ai pu entrer." Tu souris, encore. Sans répondre, sans t'aligner à sa stupidité. Il est con. Mais séduisant. Basique. Tu es vulgaire, peut-être un peu trop. Mais tu t'en moques de savoir que tes propos puissent choquer ce petit homme trop coincé dans son costume qui pourrait te servir à te payer un appartement. Tu attrapes son verre, y bois de longues gorgées. La provocation, il n'y a rien de mieux pour éveiller la colère. "Un autre." Tu sirotes. Doucement. Tu savoures, laisses l'alcool te brûler la gorge, kidnapper ton sang. "C'est pas contre l'éthique de te soûler avant d'aller travailler ? Si je payais pour toi, je voudrais que tu sois un minimum réactive." Tu rigoles, nerveusement, mais tu essayes de le masquer par un regard chaleureux. Quel crevard. Sérieusement. A te prendre pour une sale catin dévergondée. Tu le frapperais bien, avec férocité. "Donc, d'après toi, l'homme-mieux-que-tout-les-autres, parce que je ne suis pas aussi coincée que l'ensemble des snobinardes de femme qui nous entourent, je suis forcément une prostituée ?" Tu le regardes en haussant un sourcil, tu l'interroges. Tu essayes même de laisser transparaître de la naïveté sur ton visage. Pour paraître crédible à ses yeux. Faire ton innocente le fera peut-être culpabiliser. Qui sait. Même les plus cons peuvent s'avérer sensibles. "Ta façon de percevoir les choses m'impressionne, tu es brillant et perspicace." Je lève mon verre de whisky, lui montre par le biais d'un petit regard, accompagné d'un sourire taquin. "La première douche que tu as reçu n'a pas suffit à te remettre les idées en place ?" Il a sûrement besoin d'en réceptionner davantage. De se prendre une claque. Violente. Directe. Juste comme ça, histoire de lui faire comprendre que tu n'es pas une catin. Une vilaine salope, oui. Mais pas un catin qui gagne sa vie en vendant son corps. Étrangement, l'idée te dérange.

« Ta gueule. » Son murmure te parvient aux oreilles. Un murmure. Voilà qu'elle peut être agréable quand elle le veut. Enfin presque. Tu préférais qu'elle murmure ton prénom, mais tu t'en contenteras. T'en attends pas plus d'une prostituée de bas étage, parce que, pour toi, il est évident qu'elle vent son corps pour gagner sa vie. L'idée a fleuré dans ton esprit dès qu'elle t'a proposé de baiser pour un kit-kat. Ton opinion est faite et le verre qu'elle t'a jeté au visage n'a rien changé. « Donc, d'après toi, l'homme-mieux-que-tout-les-autres, parce que je ne suis pas aussi coincée que l'ensemble des snobinardes de femme qui nous entourent, je suis forcément une prostituée ? » Forcément, ouais. Ca et le fait qu'elle semble aimer se jouer des hommes. Tu l'as repérée, l'inconnue, avec sa paille entre les dents et son regard aguicheur. Tout ça n'est qu'un jeu pour elle. « Ta façon de percevoir les choses m'impressionne, tu es brillant et perspicace. » Un sourire se dessine sur ton visage. Son compliment n'en est pas un, mais elle t'amuse la jolie tornade. Elle paraît calme, mais tu sais qu'elle bouillonne, que tout ça n'est qu'un acte. « Merci de l'avoir remarqué. Je t'en prie, continue la liste de mes qualités, mais, je te préviens, je paierais pas pour autant. » Tu paieras peut-être pour les verres que tu recommandes. T'oublieras même la facture du pressing, mais tu paierais pas pour une nuit avec elle. Si elle se retrouve dans ton lit, c'est parce qu'elle l'aura voulu. Peut-être même parce qu'elle t'aura supplié. Menteur, tu sais que t'attendras pas qu'elle te supplie. « La première douche que tu as reçu n'a pas suffit à te remettre les idées en place ? » Un rire s'échappe de tes lèvres. Malgré toi. Pour cacher le trouble qui s'immisce dans ta tête. Une douche serait une bonne idée. Une douche avec elle, une excellente idée. « Okay, partons du principe que tu ne sois pas une prostituée. » Tu continues d'avoir des doutes, mais soit. « C'est quoi ton problème alors ? Qu'est ce qui te pousse à te comporter de la sorte ? » Tu la regardes de haut en bas, tes mains te démangent, mais tu te contentes de boire une longue gorgée de ton whysky. « T'es plutôt pas mal, si on passe outre le manque de poitrine. Si t'étais un minimum distingué, les mecs se battraient pour t'offrir un verre. » L'ironie du sort. T'as pas eu à te battre, mais pourtant, tu lui payes ses verres. « A la place, tu te jettes à leur pied comme une vulgaire catin, que tu n'es pas. Apparemment. Du coup, c'est quoi ton problème ? Un manque de confiance en toi ? Un problème de figure paternel peut-être ? » Dis l'homme fiancé à une femme qu'il a choisit selon les critères de son père.

"Merci de l'avoir remarqué. Je t'en prie, continue la liste de mes qualités, mais, je te préviens, je paierais pas pour autant." Il te rend fou à agir avec la même désinvolture que la tienne. Il se moque de toi, se joue de tes réactions et s'envole grâce à tes paroles. Il en profite et toi, tu ne peux pas t'empêcher d'entrouvrir les lèvres afin d'aspirer ta paille. Ton mécontentement, tu viens de laisser transparaître, durant ces quelques secondes d'inattention. Mais tu te concentres, renfile le costume de cette femme qui se moque de tout, et d'avantage de cet homme qui se prend pour plus ce qu'il ne pourra jamais devenir. Alma, tu l'attaques de nouveau. Une pique. Directe et précise. Tu ignores la manière dont il va réagir. Mais tu as compris quelque chose d'essentiel : cet homme est à ta hauteur, ton adversaire est grand, ta bataille n'en sera que plus excitante. "Okay, partons du principe que tu ne sois pas une prostituée." Hum, hum. "C'est quoi ton problème alors ? Qu'est ce qui te pousse à te comporter de la sorte ?" Tu regardes à jouer l'enfant, celle qui ne comprend pas, avec son regard tendre et perdu. Tu essayes presque d'attirer sa pitié, pour le faire craquer, qu'il réagisse sur la dureté de ses propos. Heureusement que tu t'en moques, heureusement que tu n'es pas faible et sensible à la moindre réflexion qu'un individu peut te porter. "T'es plutôt pas mal, si on passe outre le manque de poitrine. Si t'étais un minimum distingué, les mecs se battraient pour t'offrir un verre." "Je t'en prie, continue avec ta franchise" murmures-tu, doucement, alors que tu rêves d'abattre tes dents dans sa nuque. Outre le manque de poitrine ? Oui, ta poitrine n'est pas identique à celle des potiches qui vous entourent. Et alors ? Toi, t'es bonne. Fraîche, et ferme. C'est bien mieux qu'un tas de graisses qui pend. "A la place, tu te jettes à leur pied comme une vulgaire catin, que tu n'es pas. Apparemment. Du coup, c'est quoi ton problème ? Un manque de confiance en toi ? Un problème de figure paternel peut-être ?" Et là, tu rigoles. Parce que tu n'es pas capable de te retenir face à tant d'absurdité. Cet homme se prend pour un psychologue, il pense être capable d'analyser autrui en un clin d'oeil. Il se trompe. L'ensemble de ses paroles ne sont qu'un flot de connerie. Tu as l'impression qu'il essaye de te faire mal en se montrant honnête. A tes yeux, il est seulement ridicule. Mais charismatique. C'est une saloperie d'homme con, mais tellement beau, charmant, attirant. Putain. "J'ignorais qu'un homme puisse me découvrir et me comprendre en si peu de temps ..." Tu joues avec tes cheveux, les glisses d'une même côté de ta nuque. Cache ton visage avec, caresse ton nez, tes lèvres, ta joue. Comme une femme timide le ferait, pour masquer sa gêne et sa honte. "Tu m'impressionnes tellement. Tu .. Tu, tu vaux tellement mieux que moi, que tout ces gens ! Je ne comprends même pas que tu puisses perdre ton temps avec une personne comme moi, à m'offrir des verres et à ... A essayer de me comprendre." Tu souris, amusée par tes mensonges. Alma, c'est ridicule. Ressaisies-toi, tu peux mieux faire. "Mais dis-moi, est-ce que toi tu es conscient d'être con et parfaitement en décalage par rapport à ce monde ?" Non, parce que bon. De nos jours, les femmes sont parfaitement aptes à approcher les hommes, en leur offrant des blagues pourries pour captiver leur attention.

Elle est douée, la gamine. Pas autant que toi, ceci dit. L'agacement se lit sur ses traits. Ca dure deux secondes. Deux petites secondes. Une erreur de débutante. Une erreur qui lui aurait coûté des millions si elle vivait dans ton monde. Mais ce soir, l'enjeu est tout autre. L'enjeu est plus intriguant que tous les contrats que t'as pu signé. Elle est plus intrigante que toutes les femmes dont tu aurais pu croiser le chemin, ce soir. Mais l'aveu ne quittera jamais tes lèvres. Ce serait perdre la partie d'un jeu, dont les règles sont floues. « Je t'en prie, continue avec ta franchise » Ton regard la détaille, une nouvelle fois, de la tête aux pieds. Des défauts, t'en vois. Quelques uns. Mais tu vois surtout un corps que t'aimerais dénuder, un corps que t'aimerais toucher à ta guise. « T'as de belles lèvres, ça pourrait te sauver. » que tu rajoutes nonchalamment alors que tu rêves de tout ce que ses lèvres pourraient te faire. Elle est quelconque, pourtant. Elle n'arrive pas à la cheville de ta fiancée. Mais elle a réveillé un truc en toi avec sa blague pourrie, avec le verre qu'elle t'a renversé dessus. Au fond, elle n'est qu'un défi de plus. « J'ignorais qu'un homme puisse me découvrir et me comprendre en si peu de temps .. » T'es tenté d'entrer dans son jeu. Ton égo pourrait apprécier ses compliments, mais tu sais qu'ils sont faux. T'as déjà utilisé sa technique. « Tu m'impressionnes tellement. Tu .. Tu, tu vaux tellement mieux que moi, que tout ces gens ! Je ne comprends même pas que tu puisses perdre ton temps avec une personne comme moi, à m'offrir des verres et à ... A essayer de me comprendre. » Complimenter pour mieux achever. Tu bois une gorgée de ton verre, la fixant du regard, un sourire suffisant sur le visage. T'espères secrètement avoir raison. Cette fille dont elle dessine le portrait est affreusement ennuyante. Tu préfères celle pleine de vie que t'as rencontré. « Mais dis-moi, est-ce que toi tu es conscient d'être con et parfaitement en décalage par rapport à ce monde ? » Ah. Enfin. Elle a du potentiel, la gamine. A défaut de pouvoir t'intéresser un petit peu, elle saura retenir ton attention pour la soirée. Tu regardes autour de toi. « Moi ? » que tu demandes, faussement étonné. « Ce monde ? De quel monde tu parles ? » Tu regardes, de nouveau, autour de toi. C'est plus ton monde que le sien. Les hommes n'hésitent pas à sortir leur carte bleue, à dépenser l'équivalent d'un salaire moyen pour obtenir les faveurs de femmes jolies, mais imbues d'elles-mêmes. « Tu veux dire le monde où l'argent est la seule chose qui compte et où les apparences sont plus importantes que le reste ? » que tu rajoutes, légèrement blasé par toutes les responsabilités qui t'incombent dans ce monde. Tu le connais par cœur ce monde. T'y as été élevée.  « Parce qu'il me semble qu'entre nous deux, tu es celle qui fait tâche ici. » Elle détonne parmi les autres femmes superficielles. Elle semble être la seule chose véritablement réelle, mais tu te retiens de lui dire. Les compliments, c'est pas ton truc. « C'est toi qui est en décalage si tu penses qu'être soit-même nous emmène loin dans la vie. Personne ne veut d'une fille vulgaire à son bras. Tout le monde cherche la perfection. Et t'en es loin. » Tu finis par de détourner d'elle, ton regard quitte le sien pour se poser sur le barman. T'as toujours cherché la perfection. Pourtant, ce soir, t'en es loin. Tu l'as laissé t'atteindre. Tu l'as laissé te ridiculiser, tu lui as même offert un verre pour la remercier. Le petit jeu devient dangereux. Les seuls risques que tu prends sont ceux calculés. Elle est le pire que tu pourrais prendre. Même pour une nuit.

Tu le dévisages, le cherche, tente de l'apprivoiser. En réalité, tu ne sais pas, tu n'arrives pas à décrypter son identité aux multiples facettes. Il est comme toi. Tout et son contraire. Tu en es persuadée. Sauf qu'il ne dévoile que sa méchanceté, son arrogance, sa prétention. Monsieur est supérieur à toi, bien mieux que toutes ces personnes vous entourant. Bien mieux que tout. "Moi ?" Non, tu parles de Jean-Paul qui se trouve derrière lui, crétin. "Ce monde ? De quel monde tu parles ?" Du tien, de ce monde d'hypocrite. De vieux personnes qui ignorent l'amour, la folie, l'adrénaline, qui sont vident d'émotions, qui ignorent l'inattendu. Un monde remplis de sourires coincés, d'émotions de façade. Des murs de glace. Inintéressant. Vides d'expressions. "Tu veux dire le monde où l'argent est la seule chose qui compte et où les apparences sont plus importantes que le reste ?" "Tu ne comprends pas" murmures-tu, étonnée par la tonalité de sa voix. Cet inconnu te semble diffèrent, vide mais vivant en même temps. Son regard exprime tout ce que ses paroles ne disent pas. "Parce qu'il me semble qu'entre nous deux, tu es celle qui fait tâche ici." Tu rigoles, peu surprise par cette réflexion. Venant d'un homme comme lui, ce n'est pas étonnant. C'est toi la tâche, toi l'idiote, toi la perdue et la vulgaire, la stupide, la sans-avenir, celle qui ne comprend pas l'intérêt de notre existence. De vous deux, tu es celle qui as tout raté, tu es vouée à l'échec, tu es inutile, tu n'apportes rien. Mais putain, toi, tu vis. Tu ris, tu t'échappes et t'envoles. Tu comprends la nécessité de chaque bouffée d'oxygène, tu as saisie l'importance des pulsations de ton coeur, tu as compris pourquoi il était nécessaire et vital de ressentir, d'éprouver, et d'aimer. C'est lui l'ignorant. La triste bête. "C'est toi qui est en décalage si tu penses qu'être soit-même nous emmène loin dans la vie. Personne ne veut d'une fille vulgaire à son bras. Tout le monde cherche la perfection. Et t'en es loin." Son regard se détourne du sien, fuit-il la réalité ? Tu fronces les sourcils. Bois une longue gorgée de ton verre, l’achevant. Tu étouffes un rire, une moquerie. Parce que oui, tu te moques de son ignorance, de sa stupidité, de sa naïveté et de son avarice. Tu te redresses, te rapproches de lui, agrippes son menton et l'oblige à te regarder. Tu te surprend même à lui offrir une caresse, sur sa joue, ses lèvres. "Ton monde n'existe pas, ce n'est qu'un immense tas de conneries. Vous, vous tous là ! Vous pensez profiter mais vous vous trompez, vous ne savez pas, vous ne comprenez pas." Tes caresses ne s'arrêtent pas. Tu veux le captiver, le capturer dans tes griffes, le kidnapper par tes paroles et l'obliger à se plier sous tes mots. Tu veux qu'il t'écoute. Même si ton acharnement sera obligatoirement voué à l'échec. Comment peut-il en être autrement, comment ? Il a toujours vécu ainsi, avec sa cuillère en argent entre les doigts. Toi aussi, tu es née riche. Mais tes parents t'ont offert la plus belle des éducations. Celle de la vie. "Depuis quand des lois définissent ce que nous sommes censés aimer ? Depuis quand la perfection possède des caractéristiques précises ?" Tu rigoles, encore. Relâchant son visage. "Si pour toi le bonheur c'est de vivre aux côtés d'une belle plante verte qui dira oui à tout tes souhaits mais qui ne te fera vibrer de désir, qui ne te fera pas éprouver des putains de sentiments, alors c'est génial ! Ta vie est tellement incroyable ! Tu sais tout, tu connais tout et moi je suis qu'une vulgaire salope avec des rêves pleins les yeux mais qui ne connaîtra jamais la gloire et le bonheur." Tu quittes ta position, t'éloignant de ce comptoir. Tu regardes les personnes vous entourant. Elles ne sont pas toutes comme il le prétend. Il se trompe. Il ignore. Mais tu t'en moques. Toi, tu sais pourquoi tu es ici, dans quel but. Et tu n'es pas arrivée avec des bagages remplis de biens physiques. Tu es arrivée avec un océan de souvenirs, d'émotions, de vie.

« Tu ne comprends pas » Elle a raison, la gamine. Tu comprends pas. Dans ton monde, tu es le meilleur, celui que tous les hommes envient et veulent détruire, celui que toutes les femmes veulent à leur bras. Tu es ce qui se fait de mieux dans ton milieu. T'as travaillé dur pour ça. T'as laissé tes aspirations personnelles de côté pour être ce qu'on attendait de toi. Alors non, tu ne comprends pas, tu ne comprends pas de quel monde elle parle. Elle semble faire ses propres choix, s'assumer comme elle est dans un monde, qui est l'équivalent du pays imaginaire à tes yeux. C'est pas toi qui est en décalage. C'est elle. C'est elle et son magnétisme, elle et son putain de caractère, elle et sa confiance en elle. Tu cherches à mettre un terme à la conversation, parce qu'elle commence à t'agacer la petite. Mais elle est tenace. Ton menton entre ses doigts, elle te force à la regarder. T'as beau vouloir t'échapper, elle t'hypnotise avec ses caresses sur ton visage. Sa peau douce contre la tienne t’électrise. T'en veux encore. Mais pas avec elle. Plus avec elle. « Ton monde n'existe pas, ce n'est qu'un immense tas de conneries. Vous, vous tous là ! Vous pensez profiter mais vous vous trompez, vous ne savez pas, vous ne comprenez pas. » Tu tentes de t'éloigner. Tu veux pas entendre ces paroles. Elle comprend rien de toute façon. Elle sait pas ce que c'est. « Depuis quand des lois définissent ce que nous sommes censés aimer ? Depuis quand la perfection possède des caractéristiques précises ? » Depuis toujours. Depuis que t'es venu au monde et qu'on t'a annoncé comme le fils qui reprendrait les affaires du paternel. Depuis que le père Bianchi fait parler de lui avec ses imperfections et ces gamins. Depuis que tu sais que c'est à toi de protéger ton nom de famille. Un rire t'échappe. Affreusement froid. « T'es qu'une gamine, pleines d'illusions, qui pensent que le monde lui appartient parce qu'elle est jolie. » Elle finira par tomber de haut. Et t'as presque envie de dire tant mieux, maintenant casse-toi et laisse moi vivre avec les miennes d'illusions, mais elle veut t'achever. Ses doigts abandonnent ton visage et tu le sens venir le coup fatal, mais tu restes. Comme un idiot. « Si pour toi le bonheur c'est de vivre aux côtés d'une belle plante verte qui dira oui à tout tes souhaits mais qui ne te fera vibrer de désir, qui ne te fera pas éprouver des putains de sentiments, alors c'est génial ! Ta vie est tellement incroyable ! Tu sais tout, tu connais tout et moi je suis qu'une vulgaire salope avec des rêves pleins les yeux mais qui ne connaîtra jamais la gloire et le bonheur. » Ton esprit divague vers Natalia, cette fiancée au physique parfait, qui t'ennuie mortellement, cette fiancée qui te donne pas l'impression de te sentir vivant, cette fiancée à qui il pourrait arriver n'importe quoi sans que cela te touche. Et cette gamine, putain ce qu'elle t'énerve, elle t'agace au plus haut point même, mais tu t'es jamais senti aussi vivant que ces dernières secondes. Elle t'assène ses vérités et t'échappent. T'avales le contenu de ton verre d'une traite. T'en commandes un autre. L'alcool n'aide pas. Elle a tort, la gamine. Personne ne se sent vivant. Tu ne peux pas être le seul à t'enfermer dans une vie qui t'ennuie. Tu te tournes, tu la détailles du regard. Elle, elle semble bien vivante. Elle dénote dans ce monde, mais elle semble vivre là où tous les hommes qui la jugent semblent éteints. Toi compris. Tu reposes ton verre sur le comptoir. Tu sais pas ce qui te prends. Tu contrôles plus rien. Tes pas te guident vers elle, tel un prédateur prêt à attaquer sa proie. Mais dans cette équation, tu n'es plus très sûr d'être le prédateur. « Si t'as raison, montre moi ce que c'est d'être vivant. » que tu lui murmures. Un défi. Un seul. Votre perte probablement.

"T'es qu'une gamine, pleines d'illusions, qui pensent que le monde lui appartient parce qu'elle est jolie." Tu te moques de ce qu'il pense, il a tord. ll ne connaît pas l'ivresse causée par le bonheur, il ignore la beauté provenant des choses simples. Il n'est qu'illusion, perfection, naïveté et stupidité. Il ne sait pas, il ne peut pas savoir puisqu'il est enfermé dans sa tour d'ivoire. Entouré de vautours qui lui font croire que la vie n'est qu'argent et gloire. Ce ne sont que des conneries. Et toi, ça t'énerve. Tu t'emballes et tu as envie de le faire chuter. Alors tu enchaînes les mots, tu essayes de lui faire comprendre que c'est ton monde qui est réel, pas le sien. Tu te moques de son quotidien, de son entourage, tu te moques de son caractère, de son argent. Tu te moques de tout ce qu'il possède. Toi, tu as simplement envie de toucher ses lèvres avec les tiennes, de kidnapper son coeur, de le faire jouir de bonheur. C'est tout. Parce que c'est ainsi que toutes les relations humaines devraient fonctionner. Partage, enrichissement, rire, folie, passion. Et non avarice, prétention, succès, preuve. Personne, personne ne doit prouver ce qu'il est et ce qu'il vaut. Parce que nous possédons tous la même place sur cette terre. Tu t'emballes, tu pars loin. Lui, semble perturbé. Cela te fait sourire. Tu ne peux pas t'en empêcher, tu as réussi. Il se rapproche de toi, tu pinces le coin de ta lèvre. A quoi joue-t-il ? Que recherche-t-il ? Ne devrait-il pas s'éloigner de cette vulgaire salope que tu es ? Ce n'est pas correct pour lui, tu es le mal, tu es inutile dans son univers remplis d'illusions. Il se rapproche, encore. Ta respiration s'emballe. Que tu es stupide. Mais qu'il est beau. Que ses traits sont fins. Ses lèvres attirantes. Que sa peau semble douce. Son souffle te réchauffe. Son regard te fais vibrer. Il te rend vivante, il te rappelle pourquoi tu aimes ouvrir tes paupières chaque matin. Sauf que lui. Il n'est pas de ceux qui comprennent. Il est de ceux qui ignore. Et il ne pourra rien t'apporter de bon. "Si t'as raison, montre moi ce que c'est d'être vivant." Tu étouffes un rire. Lunatique. Étrange personne. Convaincu en si peu de mots ? Parfait. Sauf que tu n'es pas un jouet, tu n'es pas une machine à convertir les inconscients comme lui. Tu n'en as même pas envie. Vraiment pas. Mais lui. T'obsède déjà. C'est un défi. Une épreuve. Tu es une tornade, il ne survivra pas à ta folie. Son empire va s'écrouler si tu l'entraînes dans tes mouvements. Mais il a choisi. Alors délicatement, tu déposes tes mains sur son torse. Remonte le long de ses bras, jusqu'à sa atteindre sa nuque. Ses joues. Tu te rapproches de lui, encore, supprimant l'espace entre vos deux corps. Tu captures ses lèvres, sans lui offrir le temps de pouvoir s'échapper de tes griffes. Et tu l'embrasses. Avec une douceur que tu ne pensais pas posséder. Tu l'embrasses, doucement, passionnément. Tu es toujours remplis de fougue, de sensualité, de charme. Tu lui offres tout ce que tu possèdes. Pour le rendre fou, lui faire comprendre qu'il peut lui aussi vibrer pour autrui s'il se laisse aller, s'il ose quitter cette autoroute qu'il prend depuis des années. Lâches-toi. Ouvres-toi. Tu l'embrasses, encore. Tu te moques du regard des personnes vous entourant, tu te moques de ses collègues, de sa réputation, de son image. Tu te moques de tout. Tu glisses tes lèvres le long de sa peau, pour atteindre sa nuque. Tu le mords, souffles contre son cou et t'éloignes. Ton rire s'élève de nouveau dans votre bulle. Tu lui souris, et t'éloignes de nouveau. Tu ne comptes pas lui en donner davantage. Pourquoi le ferais-tu ? Tu n'es stupide. Tu as envie de fuir, pour le voir essayer de te rattraper. Parce que tu y crois. Tu le sens, cette électricité qui se dégage de vos deux corps, presque aimantés. Il est foutu. Tu es foutu. Personne ne sortira indemne de ce jeu qui vient de s'instaurer entre vous. "Je n'ai pas envie de t'aider." Tu récupères son verre, le tend vers lui, et tu lui vole quelques gorgées. Sans te soucier de son approbation, tu n'as encore jamais quémander son autorisation pour agir.

Tu lui tournes le dos à cette gamine qui pense tout comprendre du monde qui vous entoure. Elle a la naïveté de son âge, cette naïveté qui t'as toujours manqué, cette naïveté qui t'as permis d'écraser tous tes concurrents. Le monde, tu l'as vite compris. Deux choses comptent : l'argent et le sexe. L'argent, tu le montres, tu le mets en évidence. Le sexe, tu le caches, tu donnes l'illusion du parfait pour assouvir tes besoins en privé. Ceux qui ont le malheur d'exhiber leur besoin se font écraser. Il n'y a qu'à voir ces hommes dont la carrière s'effondre pour leur goût prononcé pour les prostituées. Et la gamine, c'est ce qu'elle est, le désir à l'état pur, le désir qui fera éclater ton monde. Pourtant, tu quittes le bar. Ton regard s'accroche au sien et ton corps tout entier ressent le besoin de proximité. Ta tête n'a plus rien à dire. Tu t'approches. En pilote automatique. Un pas après l'autre. Jusqu'à ce que ta main se retrouve sur sa hanche, tes lèvres près de son oreilles, ton souffle contre sa peau. Et ce défi. Ce défi idiot, qui t'échappe, ce défi qui aura ta peau. Tu veux pas être vivant. Tu te complais dans ta vie monotone où les apparences priment sur le reste. Avec cette fiancée qui t'ennuie. Avec ce sentiment de pouvoir quand tu regardes le bas peuple de ta prison dorée. Ses mains se posent sur ton torse. Électrifiant. Elles remontent le long de tes bras, de ta nuque, réveillant un désir puissant presque animal en toi. Et la délivrance, enfin. Ses lèvres contre les tiennes. Tes doigts s'agrippent violemment à ses hanches. T'as besoin de la sentir contre toi. Ton palpitant se met à battre vigoureusement. C'était pas dans les règles. Tu devais l'embrasser, te débarasser d'elle, effacer l'envie avec un baiser fade et quelconque. Mais la gamine, putain, la gamine, elle réveille ton corps tout entier. Elle t'insuffle un nouveau souffle, un soupçon de vie que tu pensais être un mythe. Le monde autour de vous s'efface. Il n'y a plus d'unité de lieu, d'unité de temps. Luca Bianchi n'existe plus. Il n'y a qu'elle, elle et son corps pressé contre le tien, elle et la passion qui se dégage de son baiser. Ses lèvres quittent les tiennes, glissent dans ton cou, tes doigts s'agrippent plus fort à ses hanches. Trop fort. Tu laisseras probablement une marque, qu'elle se souvienne, cette conne, qu'elle sache ce que ça fait. Elle t'hypnotise, elle te redonne la vie puis s'éloigne. Son regard s'entrechoque au tien. Vous venez de signer votre arrêt de mort, tu le sais. Ca finira mal ce petit jeu qui vient de s'immiscer entre vous. Ce sera toi ou ce sera elle. Aucun ne sortira indemne. C'est électrisant, grisant, ça mène à la folie. T'en veux plus. Bien plus. Tu veux l'embrasser jusqu'à ce qu'elle cesse de respirer, lui faire perdre la tête avec un simple contact de tes doigts sur sa peau, lui faire l'amour jusqu'à ce qu'elle oublie son propre nom. Tu veux la détruire, la gamine, comme elle vient de détruire tes petites illusions. « Je n'ai pas envie de t'aider. » Un rire t'échappe. C'est trop tard, gamine. « C'était qu'un baiser, gamine, rien de transcendant. » Alors pourquoi t'en redemandes, Luca ? Pourquoi tu te barres pas ? Pourquoi t'es hypnotisé par la façon qu'elle a de boire ton verre. « Je dois avouer, je m'attendais à mieux. Je me sens aussi vivant qu'à la messe du dimanche matin. » que tu lui sors, récupérant ton verre pour le terminer d'une gorgée. Tu le poses sur la table à côté de vous avant de t'avancer vers elle. Tu la forces à se reculer jusqu'à ce que son corps soit pressé contre le mur. Ton regard s'assombrit. Le monde autour de vous semble se dissiper. Ton corps se presse au sien. Tes doigts repoussent ses mèches de cheveux, dessinent le contour de ses lèvres. Puis tes lèvres prennent possession des siennes. Une nouvelle fois. Tes mains glissent le long de son corps, le long de ses cuisses, de ses fesses, sous son top. Ta langue s'immisce dans sa bouche. Tu la goûtes, tu la marques, tu veux qu'elle sache, la gamine, ce que c'est de jouer avec le loup. « On pourrait s'aider mutuellement. » que tu murmures contre ses lèvres avant de te détacher. Tu pourrais te perdre, devenir dépendant de son corps, devenir accro à une gamine idéaliste. Quelle idiotie.

"C'était qu'un baiser, gamine, rien de transcendant." Menteur. Ton souffle saccadé, les marques de ses doigts contre ta peau, tes lèvres bombées et assoiffées te permettent de comprendre ce qui vient de se produire. Ce n'était pas qu'un baiser, anodin, furtif. Non. Ce n'était pas qu'un baiser échangé brièvement entre deux corps qui se cherchent. C'était plus. Bien plus. Tu ne sais pas comment décrire ce te noue le ventre. Ce qui te donne envie de lui arracher sa peau, afin d'en récupérer la chaleur. Tu ne sais pas pourquoi tu en es arrivée à ce stage, quelle barque tu as prise, quel chemin tu as emprunté. Mais tu y es. Tu es dans ce foutoir. Lui aussi. Son regard, son regard trahit tout. Ses paroles, sa froideur, sa distance. Il te ment. Tu le sais, tu le ressens. "Je dois avouer, je m'attendais à mieux. Je me sens aussi vivant qu'à la messe du dimanche matin." C'est à ton tour de perdre ton rire, te moquant de ses mots qui ne possèdent aucun sens. Tu vibres. Tu le désires. Tu as envie de le bouffer, putain. C'est réciproque, c'est forcément réciproque. "Je ne suis même pas sûre que tu arrives à te convaincre toi-même des conneries que tu essayes de me dire." Tu le regardes, l'observes se brûler la gorge avec cet alcool qui te semble si peu enivrant face à cet homme. Mystérieux. Détestable. Envoûtant. Tu en as bu, beaucoup, des gorgées de ce whisky destiné à te faire perdre la vue, les sens. Mais c'est bien lui le fautif. Le coupable de ta situation. Tu t'es perdue, toute seule. Tu as attrapé la main de cet individu, tu t'es laissée charmée, tentée, par son ignorance. Tu as laissé le désir de compétition t'envahir. Maintenant, tu ne penses qu'à une seule chose : te perdre contre son corps, lui agripper la gorge, aspirer son palpitant et l'ensemble de ses désirs, pour le délaisser derrière toi, au bord de ton chemin. Changé, à jamais. Tu veux qu'il comprenne tes paroles, qu'il réalise à quel point son illusion est terme. Son regard, sombre, t'informe qu'il ne compte pas en rester là. Tu es étrangement soulagée, toi qui songeait à fuir cette mascarade pour le reste de la soirée. Tu te laisses guidée par ses mouvements, tel un pantin. Cognant avec douceur le mur contre lequel il semble vouloir te parfumer de son envie grandissante. Tu le sens à travers ses lèvres qui retrouvent le goût des tiennes. Ses mains qui découvrent et parcourent sans gêne les courbes de ta silhouette. Tu l'accueilles. Douter de tes actes ou de tes désirs ne fait partie de tes habitudes. Tu assumes l'ensemble des envies que possèdent ton âme et ton corps, aussi malsaines soient-elles. Ton souffle s'emballe contre le sien pendant que tes doigts viennent se loger contre sa nuque. Agrippent ses cheveux, que tu tires, et que tu tires encore, pour qu'il comprenne à quel point cela peut te faire du mal d'avoir envie d'un homme. Parce que c'est ainsi que fonctionnent les relations humaines. Ce sont des rencontres, des coups de coeur, éphémères. Des palpitants qui s'envolent le temps d'un baiser. Des pulsations qui déraillent. C'est la vie. Ce qui vous anime, vous consume de l'intérieur, mais c'est également ce qui entraîne vers le bonheur. Comment peut-il avoir vécu en passant à côté de cette sensation qui te semble essentielle pour ta survie ? "On pourrait s'aider mutuellement." Un soupire t'échappe, le plaisir. L'une de tes mains glisse le long de son corps, afin d'agripper d'une violence extrêmement douce son sexe à travers ce vêtement qui t'éloigne de sa peau. Putain. Tu as chaud. Mais ta raison t'appelle. Te ramène, t'écarte tes pulsions. "Tu dois avoir de nombreux péchés à te faire pardonner de Dieu si c'est ainsi que tu te comportes pendant les messes du dimanche matin" murmures-tu contre ses lèvres, avant d'en pincer l’extrémité. Tu le sais, il est l'heure de t'écarter. L'envie est présente, l'électricité fonctionne entre vos deux corps collés l'un contre l'autre. Mais c'est le moment de lui refuser ce qu'il désire. Qu'il comprenne, qu'il ouvre les yeux, qu'il apprenne à pourchasser ce que son coeur lui dicte. Avec toi, ou une autre. Mais qu'il vive, ce con, naïf et prétentieux. "Maintenant dégages, j'ai mieux à faire." Tu le repousses, tes gestes ne sont plus remplis de cette fougueuse tendresse. Tu es dure. Parce que toi aussi, tu sais jouer un rôle. Endosser une carapace pour parvenir à tes fins. Toi aussi, tu pourrais être maître d'un jeu d'échec. Sauf que tu as préféré être le fou du plateau. Celui que l'on traîne et qui désobéit aux lois dictés pour les plus forts. Tu t'écartes réellement, glisse une main dans tes cheveux et disparaît dans l'obscurité de la nuit naissante, laissant derrière toi un homme probablement affamé. Tu t'en moques, tu vas trouver de quoi satisfaire tes besoins. Tu t'en moques, puisque tu as encore son parfum contre sa peau. C'est toi gagne, toi qui imposes tes règles et lui qui fermes sa gueule.