t'avais un morceau de viande interminable dans la bouche lorsque le courant se coupa. t'es pas du genre chochotte, t'as pas vraiment peur du noir. au contraire, t'aimes même plutôt ça. t'avais entendu parler de cette tempête à la radio, t'avais preque hâte que ça arrive, histoire de remettre les pendules à l'heure des petites princesses trop riches de cet hôtel. ce soir, tu mangeais seule rapidement, tu devais retrouver des amis ensuite. t'avais pas envie de t'éterniser, mais apparemment l'hôtel en avait décidé autrement. la tempête a touché l'hôtel, nous vous prions de tous rester là où vous êtes et de ne pas quitter la pièce. tu soufflais. super soirée. tu remarquas alors le contoir du bar, tu t'y avanças allumant ton flash de téléphone - même si la lumière de l'extérieur sur les grandes baies vitrées aidait ton déplacement initial. t'attrapas alors de quoi faire un petit cocktail. ce n'était pas vraiment aussi facile que ce que tu pensais. tout était haut, t'étais petite. tout était éparpillé partout. le bartender ne devait être absolument d'aucune logique. tu trouvas enfin de quoi faire des caïpi et tu te mis à la tâche. une fois le checker battu et un bruit incroyable fait, tu levais ton verre vers les autres protagonistes, coincés avec toi. quelqu'un en veut ? tant qu'à faire ... après tout, si on était coincé un moment, autant rendre la chose marrante.

Maudite tempête. Toi, tu es dans l'obligation de surveiller les clients. De t'assurer que tout se passe bien. Que les choses ne prennent pas une tournure désagréable. Tu joues avec ta lèvre, gardes les mains dans tes poches. Marche le long des tables. Tu souris parfois. Mais très peu. Ta femme est là. Mais tu n'as pas envie d'aller lui parler. Tu es un parfait salop. Pas très causant. Vraiment désagréable. Tu t'accoudes au bar. Regardes la petite serveuse s'amuser. Qu'elle se fasse plaisir. Ce n'est qu'éphémère. "Fais-moi goûter ton horreur" que tu lui demandes, avec un semblant de sourire sur le coin des lèvres. Tu n'es pas très convaincu par tes propos. Qu'importe. Il faut s'occuper, la nuit va être longue. Bien trop longue pour rester sage.

babi a un bout de pain recouvert d’huile d’olive à la main. prête à dévorer son festin, la lumière se coupe. comme dans un film, babi s’arrête, la bouche ouvert, le morceau de pain qui commence à dégouliner dans la main, à quelques centimètres de la main. une voix italienne parle au haut-parleur, genre paniquez pas. alors forcément babi panique. elle était venue manger toute seule parce qu’elle s’était levée tard et maintenant elle était toute seule, dans le noir. babi avait peur du noir. elle se lève en sursaut. elle est à peu près sur d’avoir vu mae quand elle est rentrée dans le restaurant. elle ouvre grand ses oreilles et bb reconnaît sa voix. a tâtons, babi avance, bras en avant, jusqu’à son demi-frère. rien à foutre de pas avoir le droit de lui parler. « mae ! » elle s’exclame, en attrapant son bras. elle entend parler d’horreur, d’être bourré. « moi aussi ! » elle s’exclame une nouvelle fois. bourrée, elle oubliera qu’elle a peur.