lip n’avait jamais été tellement du genre chanceux. mais aussi loin qu’il se souvienne, il n’avait jamais eu autant la poisse que ce jour là. déjà l’idée de se retrouver coincé au fin fond de la villa, pendant une tempête qui avait toutes les chances d’inonder le rez-de-chaussée, c’était pas son délire. mais rajoutez à ça la découverte qu’il était ici avec lolli ET gaïa et lip était à peu près aussi heureux que si on lui proposait une roulette russe. il lâcha un soupire avant de passer une main sur son visage. il se rapprocha de lolli, quitte à vexer gaïa. c’était typiquement le genre de situation que lip cherchait à tout prix à éviter. lolli semblait lui parler, mais lip n’écoutait pas. au loin, il remarqua gaïa en train de paniquer, totalement en crise de nerf. « j’reviens. » il balance à lolli, qui elle c’est sur, va se vexer. il prend le chemin frigo dans la salle de repos et sort une bouteille d’eau fraiche. puis il revient vers gaïa et lui tend, alors qu’elle a la tête cachée dans les bras de sa copine. lip la reconnaît. il l’a surnommé le panda fumeur. sans chercher plus loin. « tiens, bois un coup, ça va te calmer. » il dit à gaïa sans regarder le panda fumeur. « ils vont venir nous ouvrir, panique pas. » il ajoute en s’accroupissant à son niveau. dans son dos il sent le regard assassin de lolli. comment lip allait-il sortir vivant du sous-sol ?

Spoiler:

Ton dos plaqué contre le mur, tes cuisses autour de son corps, ses mains sur ta peau. Le monde semble être en suspens. Il n'y a plus que lui et toi. L'annonce de l'orage est loin dans ton esprit. Tout comme son officielle et toutes les raisons qui devraient empêcher tes doigts de se glisser sous son t-shirt. Mais des voix s'immiscent dans votre bulle. Un non clair, net et précis. Tu te détaches. Tu te dis d'abord que c'est ta conscience qui veut empêcher cette connerie, puis t'entends des conversations. « C'est quoi ça ? » Qui ose s'incruster dans la cachette parfaite pour les adultères ? Tes pieds retrouvent le contact avec le sol. T'es légèrement déboussolée. Frustrée aussi. Tu remets ton t-shirt en place et referme le bouton de ton short. Pas de galipettes pour Shea. C'est peut-être mieux. T'oses pas regarder Javier. Tu préfères t'enfuir, retrouver cette foule qui t'as empêché de commettre la pire erreur de ta vie. « Qu'est ce qui se passe ? C'est quoi ce rassemblement ? Le groupe de tricot ? »

bah ouais, c’est bien connu que les bourges tricotent eux-mêmes leurs fringues dans les sous-sols de la villa. tu lances à la jolie rousse qui a l’air aussi portée que toi sur l’ironie en sortant de l’ombre qui te protégeait jusqu’alors pour te mêler à la foule angoissée. toi non plus, ça ne te rassure pas cette histoire de porte bloquée. dire que t’étais venue trente secondes pour récupérer ta barrette de shit, la prochaine fois tu la planqueras comme tout le monde, sous ton matelas. tu enfonces les mains dans les poches de ton jean boyfriend en t’assurant que la marchandise y est toujours et te donne un air décontracté, alors que tu ne l’es pas du tout à l’intérieur. tu détestes les endroits clos et te sentir prisonnière. en même temps, pourquoi ils viendraient nous ouvrir alors qu’aucun de nous – je suppose – n’est censé se trouver là ? ils nous ouvriront quand ils viendront bosser, lundi. d’ici là, on sera tous morts. tu continues avec un calme déroutant, comme si tu n’étais pas en train de débiter des horreurs certaines. ton cœur bat à cent à l’heure. tu crèves d’envie d’envoyer un sms à mae pour lui dire adieu, mais le réseau non plus n’est pas de ton côté. tu te grattes la joue pensivement, en te demandant s’il y a un moyen de défoncer ces portes blindées, ou peut-être de sortir autrement. une chose est sûre, tu ne comptes pas t’attarder parmi ces gens qui sont tous ensemble, qui s’engueulent/baisent/paniquent/s’évanouissent. c’est bien ta chance, d’être ici.

un baiser volé, une caresse perdue, des corps qui s'enlacent. puis, plus rien. pouf, la bulle éclate. comme si rien ne s'était passé. comme si tu n'avais jamais passé ta main dans sa chevelure, comme si tu n'avais jamais tenté de l'embrasser, comme si tu ne lui avais jamais susurré de mots doux. c'est des voix qui vous sortent de votre torpeur, qui rompent ce petit semblant de bonheur. puis la réalité te revient en plein face. tu viens de te faire larguer par ta copine, après l'arrivée en furie de son ex. elle a tout appris, le voile s'est dissipé. alors tu t'es retrouvé seul, t'avais besoin de quelques chose à quoi te raccrocher. tu l'as trouvé, chez shea. sauf, que tu t'attendais pas à ce que l'univers se foute aussi de ta gueule. une tempête, que tu crois avoir entendu. shea s'éloigne de toi, comme si de rien n'était. t'as compris le message, alors tu replaces ton t-shirt vite fait, et tu te mêles au groupe. heureusement, t'as pas peur de te retrouver confiner. - seulement si ça ne dure pas très longtemps, alors rester enfermé pendant plusieurs heures... si on ne peut rien faire de l'intérieur, il doit bien il y avoir un système d'urgence, non ? enfin, quelque chose pour prévenir que y'a du mouvement en bas., tu t'incrustes dans la conversation, fuis le regard de shea.

Tu t'enfuis. Tes jambes retrouvent le contact solide du sol. Si tu croyais au karma ou à ce genre d’âneries, tu penserais que cette tempête est un signe du monde extérieur pour te rappeler à l'ordre. Plutôt biblique tout ça. Tu rejoins le groupe. T'ironises. La jolie blonde à tes côtés semble du même acabit. Rectification. Elle est bien plus morbide que tu ne pourrais jamais l'être. « On est dans un hôtel. Les gens ne cessent pas de travailler le week-end. » que tu fais remarquer paisiblement. Autant éviter une hécatombe. Les drames, très peu pour toi. Et comme pour se moquer de tes propres pensés, Javier s'exprime, rappelant à ton bon souvenir que les drames font partie de ta vie. Tu lui tournes le dos, tu relèves même pas son idée. Tu préfères t'assoir sur un table loin de lui. Autant s'installer. Ca va être long. « Y a bien quelqu'un qui va remarquer l'absence de l'un d'entre vous. » Peut-être que Timo remarquera ton absence. Sois pas idiote, She, il sera bien trop occupée à retrouver Pimbêche. Les doigts tremblants, tu sors une cigarette de la poche arrière de ton jean. « On peut pas tous être des rebuts de la société. » Manquerait plus que ça. Un groupe de personnes qui pourrait disparaitre sans que personne ne le remarque.