Le premier cocktail de l'année avait été annoncé, sur toute l'île, comme l'événement qu'il ne fallait manquer sous aucun prétexte. Malheureusement, Shea n'avait reçu aucun carton d'invitation, si ce n'est une sommation à travailler ce soir là. Derrière son bar, elle avait troqué ses mini-jupes et débardeur au décolleté plongeant qui lui permettaient d'obtenir des pourboires monstres pour une petite robe noire cintrée qui l'empêchait de respirer de manière adéquate. Ses cheveux ondulés avaient été attachés en un chignon large. La jolie brune était méconnaissable, dixit son jumeau, qui avait eu un fou rire en la voyant. Elle n'avait pas sa place, parmi les invités sur leur 31. Elle faisait tâche avec sa robe de deuxième main et ses talons achetés dans une friperie. Mais Shea s'en moquait. Il y a longtemps qu'elle avait cesser d'accorder de l'opinion au monde qui l'entoure. Elle repousse une mèche qui lui tombe sur le visage et s'avance d'un pas assuré vers le premier client assis au bar. « Qu'est ce que je vous sers ? » Du champagne ? Un whysky? Mon numéro de téléphone ? Ah non, ce soir, elle se doit d'être professionnelle, Shea.

cette soirée s'annonce parfaite, comme toutes celles (ou presque) organisées par ton paternel à l'attention des riches clients de la villa médicis. c'est peut-être un peu coincé, un peu vieux jeu sur les bords. tu lui donnerais bien des cours de fête parfois, le convier à tes parties illégales qui se terminent dans la décadence du luxe et de votre monde qui fait tourner les têtes et donne envie de vomir. mais tu fais toujours un effort pour lui, et parce que tu y rencontres tes futurs collaborateurs. ces hommes et ces femmes à qui tu devras un jour lécher les bottes, alors que tu seras à la tête d'un empire. en quel honneur ? pour l'argent, pour le pouvoir. tout repose sur l'argent et le pouvoir. tout. tu t'approches du comptoir, vêtu de ton costume noir taillé sur mesure, les cheveux en bataille et le regard déterminé. « sers moi un gin tonic, shea. » tu lances en doublant (sans gêne) le client à tes côtés, qui tarde un peu à commander. il faut savoir ce que l'on veut dans la vie, savoir s'imposer. t'observes la jeune femme qui te prépare ta boisson d'un air distrait. tu l'aimes bien shea, même si elle abuse avec ses tenues cheap au milieu du luxe et des paillettes. tu voudrais pas qu'on dise que les employés de ton père font tâche dans le décor. sympa, ta robe. tu lances, d'un air sérieux. parce que même si ça se voit qu'elle coûte pas des milliers d'euros, ça lui va bien. puis t'as pas envie de clasher ce soir, c'est pas le genre de soirée dans lesquelles tu peux te permettre de passer pour l'enfoiré que tu es. un autre jour peut-être.

tu souffles. c'est le moment. tu prends le plateau à plat sur l'une de tes mains et tu pries pour que tous les verres ne tombent pas. normalement, t'as fait en sorte que non, mais on ne sait jamais. tu dois faire le tour de la salle, en proposer au client. aujourd'hui, t'as troqué ton uniforme de femme de ménage pour celui de la serveuse souriante. et tu crois que ça te va bien, tu t'es regardée dans la glace et t'as tenté de sourire, tes plus beaux sourires sont vrais, les plus laids sont ceux que tu fais parce que tu y es obligée et tu sais pas tellement lesquels seront le plus souvent sur tes lèvres pendant la soirée. t'as mis une petite robe noire à fleurs beiges, c'est la robe la plus chère de ta garde-robe et tu t'es dis que pour l'occasion, tu pouvais la sortir. tu passes entre les gens, montée sur des talons sur lesquels t'as du mal à marcher, mais tu te donnes du mal quand même pour paraître le plus à l'aise possible et tu souris aux clients. un bloody mary ?, c'est ce que tu demandes avec un sourire plein de retenu à chaque personne que tu croises, certains se servent, d'autres n'en veulent pas, mais toi, tu fais ton boulot.

Soirée organisé par l’hôtel, elle s’y rend pour se changer les idées surtout. Echappatoire de ses livres d’histoire, ses cauchemars et sa raison de venir à Capri. Jamais elle n’avait eu l’occasion de passer une soirée où il ne fallait réfléchir, où l’on pouvait se laisser aller au plaisir. Pêché qu’elle allait commettre le temps d’un soir. Cléo était prête dans sa chambre, heureusement que l’hôtel avait une connexion internet et qu’elle avait pu s’aider de vidéos youtube pour son maquillage et sa coiffure. Des dépenses qu’elle avait aimé faire ce matin là, une robe qu’elle avait acheté en suivant les conseils de la vendeuse pour sa TENUE. La jeune femme monta avec l’ascenseur jusqu’au toit où elle respira l’air frais de l’île. Quelques pas parmi les autres invités, et un verre sur un plateau. « Bloody mary » qu’on lui dit, chose inconnue. Elle regarde la serveuse et lui demande, gentiment « Euh, excusez-moi, mais il y a de l’alcool dedans ? » Petite gamine qui ne connaît rien à la vie, perdue dans les événements normaux. Le regard se perd sur la robe de la brune en face d’elle, Cléo qui ne connaît pas très bien les budgets d’autres personnes. « C’est une jolie robe que vous avez là. » Petit sourire de l’agneau perdu.

face à son miroir, lolli boudait. alors que toutes les filles seraient magnifiques ce soir, la jolie brune ne pourrait porter qu'une robe noire. simple. extrêmement simple. un col rond, une coupe cintrée qui s'arrête juste au dessus du genou. lolli fit la grimace et attacha ses cheveux, parce que ça aussi, c'était obligatoire. ce soir, elle ne profitait pas de la fête. ce soir, elle travaillait. lolli se demandait encore pourquoi elle avait accepté de donner un coup de main pour cette soirée. shea, une très jolie brune qu'elle avait déjà croisé une fois ou deux dans l'hôtel, était venue la voir pour lui demander de l'aider ce soir là. ne sachant pas vraiment qu'elle était le genre de soirée, lolli avait accepté. elle le regrettait amèrement maintenant. elle était arrivée avant tout le monde, avait vu la salle se décorer, les tables se présenter et les fontaines de champagne se remplir. qu'on ne vienne pas l'embêter ce soir, ce n'était pas le jour. dans les cuisines, elles préparaient des petits fours quand les premiers invités sont arrivés. une heure après, elle sortait avec des plateaux plein. elle le posa sur le buffet et retrouva shea derrière le bar. la jeune femme était plutôt occupée, lolli l'aida alors, remarquant guiseppe et son air hautain - et son beau costume. c'était peut-être l'occasion de le faire boire un peu. lolli se rapprocha de shea, lorsque ce fut plus calme. j'aurai préféré qu'on soit de l'autre côté ce soir, quand même. lolli haussa les épaules et regarda devant elle, bavant sur les tenues de certaines. dis, tu lui a servi quoi au fils du chef ? curieuse, mais dans son intérêt à la petite.

aujourd'hui, tu as fait un effort. pour la première fois depuis longtemps, tu t'es regardée dans un miroir. pour la première fois depuis longtemps, tu as souligné tes yeux bleus de noir, tu as mis une robe, surement trop transparente pour ce genre de soirée, mais peu importe. tu sais pas vraiment comment il faut s'habiller pour ce genre d'évènement. en vrai tu ne voulais même pas y aller, c'est Poppy qui t'y a encouragé. faut que tu sortes, que tu vois des gens, qu'elle t'a dit. alors t'as céder, parce que t'avais pas envie de lui tenir tête. t'as joué un peu de tes charmes pour que le gorille te laisse entrer, parce que t'as pas de carton d'invitation. puis tu t'es dirigé vers un coin à l'écart du monde, histoire d'observer. les gens sourient, rigolent, ils sont heureux d'être ici. ils ont tous l'air d'être riches, ils ont des gros bijoux qui brillent, les cheveux tirés en arrière. ce n'est pas ton monde tout ça, c'est pas toi. alors tu te retournes, tu poses tes coudes sur la rambarde, et tu regardes la vue qui s'étale devant tes yeux. sauvage, tu préfères ne pas t'approcher des gens, t'aurais trop peur de faire des dégats, de pas savoir te conduire correctement.

T'aurais préféré faire partie de la foule, de ces gens impatients qui s'accoudent à ton bar, de ces personnes qui ne savent pas ce que le mot travailler veut dire. Mais t'es pas née avec une cuillère d'argent dans la bouche. Alors tu souris aux pimbêches, tu flirtes avec les hommes de l'âge de ton père, tout ça pour avoir un meilleur pourboire et tu les maudis. Tous. Mais en silence. « Sers moi un gin tonic, Shea. » Un sourire amusé se dessine sur ton visage. T'as l'habitude maintenant de son besoin de montrer qu'il reste le patron. Tu t'en amuses, même. « Il manque le mot magique, t'auras que le tonic. » Tu hausses les épaules, faussement contrite avant de lui faire son cocktail, gin compris, malgré le manque de politesse. Au fond, tu l'aimes bien Guiseppe. Il a peut-être tous les défauts du monde, mais il est honnête. Les faux semblants n'existent pas chez lui, comme chez toi. Et c'est ça qui te plaît. Tu lui glisses son cocktail sur le bar. « Sympa, ta robe. »  Tu fais la moue. « Je préférais être sans. » Tu t'es habituée à être en maillot de bain toute la journée ou à porter le strict minimum. Ton regard glisse vers sa personne. Il est élégant ce soir, à des années lumières du mec qui a trop bu que t'as l'habitude de cotoyer. « Je comprends mieux l’attrait pour le fils du patron. » Tu lui fais un clin d’œil avant de retourner à tes commandes. « Tu pourrais presque passer pour quelqu'un de respectable dans cette foule. » Ton sourire est moqueur, parce que s'il rend bien, tu sais parfaitement qu'il n'a rien de respectable. Un autre homme insistant te fait une commande. Tu roules des yeux avant de t'éloigner de Guiseppe pour faire la commande. Lolli s'immisce à tes côtés. « j'aurai préféré qu'on soit de l'autre côté ce soir, quand même. » T'attrapais un verre sur une étagère, ton regard se portant sur la foule. « Moi aussi. » que tu répliques, lasse. « Plus que deux heures à tirer, on laisse la vaisselle aux autres et on s'immisce. D'ici là, ils auront oublié qu'on fait partie du bas peuple et on pourra leur montrer ce que c'est de vraiment faire la fête. » Et toi, tu n'avais aucun problème à t'immiscer parmi les soirées, même si tu n'appartenais pas au milieu social. Cette soirée manquait d'ambiance. Les riches, avec leurs conventions, avaient clairement oublié comment on s'amusait. « dis, tu lui a servi quoi au fils du chef ? » Suspicieuse, tu te tournes vers elle. Un sourire s'étire sur ton visage. Une de plus. Tu pourrais faire une liste. « Un gin tonic. Je lui glisse ton numéro la prochaine fois ? »

La soirée est déjà bien entamée quand Luca se décide, enfin, à quitter sa chambre. C'est pas qu'il aime se faire désirer – ça reste discutable – mais, ce soir, il n'a pas envie de participer aux jeux futiles des apparences. Il aurait préféré retourner au bar de l'hôtel, peut-être y croiser, la tempête blonde de l'autre soir. Il l'imagine mal à la soirée sur le toit. Elle ferait tâche contrairement à sa fiancée, à sa parfaite fiancée. Pourquoi tu penses encore à elle Luca alors que ta fiancée t'attend ? . Natalia est déjà partie depuis longtemps. Il était encore sous la douche quand il lui avait dit de partir sans lui. Il avait besoin de mettre des distances. Depuis qu'ils sont arrivés ici, depuis que les fiançailles sont officielles, elle s'immisce dans chaque espace de sa vie et ça l'emmerde, Luca. Au plus haut point. Elle l'emmerde. Mais quand ils sont ensembles, ils semblent avoir le monde à leur pied. Alors, il reste, Luca et joue le jeu. Il la repère vite, cette fiancée qui l'encombre. Elle est belle, il doit l'admettre. Sa robe tombe à la perfection sur les courbes qui lui ont fait tourner la tête la première fois qu'il l'a vu. Il avait fallu qu'elle gâche tout en ouvrant la bouche. Son attraction physique avait duré un mois, peut être deux, mais il avait fini par se lasser. Comme toujours. Il s'immisce derrière elle, glisse sa main dans son dos et dépose ses lèvres sur sa joue. Les apparences, avant tout. « Désolé du retard. » Il salue le couple avec qui elle discutait. « T'es magnifique. » Encore heureux, c'est tout seul boulot après tout semble dire son regard moqueur. « Même si ta robe te boudine. » qu'il lui glisse à l'oreille, donnant l'impression, au reste du monde, d'être un homme transis d'amour.

ça peut s'arranger. tu lâches quand shea te fit qu'elle préfèrerait ne pas porter de robe, sourire provocateur aux lèvres. tu lèves ton verre dans sa direction pour la remercier, et le fais tourner entre tes doigts sur le comptoir. t'es pas vraiment pressé de rejoindre ton père qui est déjà en grande conversation avec ses collègues. pas vraiment pressé de parler de trucs chiants à mourir comme le cours de la bourse, l'économie, la politique. très drôle rivera. je suis tout le temps respectable et désirable, pas seulement ce soir. tu sais que tu plais, qu'on te déteste, qu'on t'envie, et t'en joues beaucoup. parce que shea répond. mais shea a du travail, et tu te tais pour la laisser bosser, quand bien même tu préfères être le centre de l'attention. tu te perds dans tes pensées, jusqu'à l'arrivée de lolli allen, cette drôle de fille qui te tourne parfois autour. elle est jolie, lolli. tu lui souris brièvement lorsque ton regard croise le sien, sombre et délicieux, et tu baisses de nouveau les yeux vers ton verre que tu portes à tes lèvres. tu décides alors de débarrasser le comptoir pour prendre un petit bain de foule; c'est ce qu'on te demande, après tout. et puis t'as hâte de voir si lolli te suivra, ou si tu te fais des idées sur ses intentions.

Qu'est-ce que j'étais sensée faire au juste ? Me rendre à cette réception sur le toit toute seule ? Je crois que c'était exactement ce qu'on attendait de moi. J'essayais de ne pas montrer ma déception, de rester neutre face à la situation. J'étais prête depuis une bonne heure, je m'attendais à ce que Luca se dépêche et m'accompagne, qu'on arrive ensemble comme un vrai couple bien qu'on en était très loin. Apparemment, ce n'était pas dans ses projets. J'avais donc fini par abandonner et étais partie commencé la soirée sans lui comme il me l'avait demandé. J'étais loin de m'imaginer qu'il allait mettre autant de temps. Heureusement pour lui, j'étais de nature sociable et j'arrivais assez facilement à m'intégrer dans ce monde. Il devrait être fier parce que certaines personnes en seraient incapables mais évidemment, c'était trop lui demander. Il finit tout de même par pointer le bout de son nez, passant une main derrière mon dos tout en déposant un baiser sur ma joue suite auquel je souris doucement. Oh t'inquiètes pas, je leur ai expliqué que t'étais en rendez-vous et que tu travaillais beaucoup trop. Excuse de merde pourtant, je lui sauvais les fesses une fois de plus. Après tout, c'est toujours dur pour une femme d'avouer que son fiancé est totalement insensible à son charme, qu'il la voit uniquement comme un objet. Il veut seulement donner une bonne image et moi, j'en demande toujours plus. Ca me rend dingue mais, je me tais. Il me complimente sur ma tenue et je le remercie de suite : Merci beaucoup. avant d'attraper une coupe de champagne sur un plateau pour là lui tendre. Evidemment, il a encore quelque chose à me dire, en privé cette fois-ci. J'aurais pu lui foutre une baffe et partir parce que c'est ce que je voulais mais, il fallait sauver les apparences alors je souris de plus belle en tournant le visage vers le couple qui se tenait face à nous. Quel connard je vous jure ! Je me demande encore pourquoi je reste avec lui... Surement parce que je garde espoir, parce que je l'aime quand même un peu dans le fond et parce que je ne pourrais pas trouver mieux.

Tu surveilles, tournes autour des clients. Lolli est dans ton champ de vision, tu ne peux rien espérer de mieux. Tu les regardes, les observes, les détailles. Tu cherches à comprendre ce qu'ils veulent, la raison de leur présence. Tu essayes d'analyser ce qu'ils désirent, ce qu'ils recherchent en se montrant ainsi, à cette soirée. L'ivresse, la retenue. Ils sont tous différents. Et toi, tu joues l'agent de sécurité. Tes traits sont tirés. Tes sourires peu présents. Tu n'as pas le droit de te montrer aimable, docile. Tant mieux, parce que tu ne l'es pas. Tu ne peux pas l'être, et tu ne le seras jamais. Contrairement à tes soeurs. Tu es diffèrent d'elles. Presque opposé. Où est Poppy ? Comptes-t-elle participer à cette fête organisée pour le plaisir des résidents ? Tu joues avec ta lèvre, n'épargne aucun visage. S'ils savaient. Tu te rapproches du comptoir, tu te rapproches de ta petite soeur, Lolli. Et tu lui adresses un signe de la main, discret, pour qu'elle s'approche. Te parvienne. Tu as besoin d'elle.

Cette soirée t'ennuyait. Il y avait quelque chose de lassant à jouer l'homme bien sous tout rapport, à prétendre être un homme amoureux quand ta petite amie, ou devrais-tu dire ta fiancée désormais, paraît insipide au possible. Elle est belle, oui. Tous les hommes te l'envient, oui. Mais ton attrait pour elle s'est éteint deux semaines après votre rencontre. Pourtant, tu continues de prétendre. Tu t'enfonces dans cette relation, tu lui donnes un futur alors qu'elle est vouée à l'échec, cette relation. « Oh t'inquiètes pas, je leur ai expliqué que t'étais en rendez-vous et que tu travaillais beaucoup trop. » Brave bête que t'as envie de lui dire, mais tu te contentes de lui sourire, de jouer le jeu de l'homme transit d'amour. « Je sais, je t'avais promis des vacances, mais Madame mérite le mieux et faut travailler pour ça. » que tu précises au couple insipide qui vous tient compagnie. Prétendre. Oublier que tout ça n'est qu'un leurre. Oublier que bientôt elle portera ton nom, que bientôt ta vie sera liée à la sienne. Ca ne veut rien dire pour toi. Ta vie n'a pas changé à cause de vos fiançailles. Tu n'oublies pas le reste de ta vie parce que tu te meurs d'amour pour elle. Au contraire. « Merci beaucoup. » Tu lui offres un sourire, ton sourire charmeur. T'entends même l'épouse lancer un aw ridicule et déplacé. Si elle savait. T'attrapes une coupe de champagne sur le plateau d'un serveur. Natalia en fait de même. « Ne bois pas trop chérie. » On voudrait pas que tu sois ivre et que tu veuilles laver notre linge sale en public. « Elle est incapable de garder ses mains pour elle quand elle a un peu bu. » Un rire t'échappe, un rire qui sonne affreusement froid. Où est ton oscar pour cette comédie ?  

moi aussi. lolli boudait un peu, rangeant les coupes de champagne d'un côté, les petits fours de l'autre. Plus que deux heures à tirer, on laisse la vaisselle aux autres et on s'immisce. D'ici là, ils auront oublié qu'on fait partie du bas peuple et on pourra leur montrer ce que c'est de vraiment faire la fête. shea n'avait pas tord. vu la façon dont ils enfilaient les verres, d'ici une heure, il n'était plus question qu'ils se souviennent de quoi que ce soit. la jeune femme n'aimait pas trop cette idée mais en même temps, c'était la meilleure solution pour tirer des informations. Un gin tonic. Je lui glisse ton numéro la prochaine fois ? lolli sourit à shea. elle avait vu juste la jeune femme. histoire de ne rien laisser au hasard et de garder le contrôle de la situation, lolli prit un plateau pour s'eclipser. non, t'en fais pas. j'vais le manger pour le dessert. lolli avait lancé ça naturellement, avec un grand sourire et un clin d'oeil vers sa nouvelle amie. elle attrapa un plateau pour se plonger dans la foule et rejoindre le beau brun qu'elle avait presque déjà perdu de vue. tournant la tête à droite, à gauche, elle tomba sur remi. ah. son frère. lolli décupla son sourire et abandonna directement la chasse à l'homme pour se diriger vers son frère. arrivé à sa hauteur, elle l'embrassa sur la joue. salut toi. je ne savais pas que tu voulais passer par ici. lolli ne s'attendait pas à trouver son frère mais elle n'en était pas moins ravie.

Voilà une bonne occasion pour rencontrer du beau monde... pour repérer vers qui il se dirigerait, à l’affut de nouveaux contrats à signer. József ne pouvait s’empêcher de penser à l’argent – à son travail. Son désir de trouver de nouveaux partenaires commerciaux était tout ce qui le muait, car ce soir-là, József ne se sentait pas très bien. Il avait, avant de descendre, mesuré sa température : 39 degrés. Le hongrois avait de la fièvre. Et, avec cela, des sueurs et des nausées.

Mais il cachait bien son état, sous son beau costume à la coupe classique, et ses cheveux coiffés en arrière. József avait l’air frais et pimpant – mieux encore, la fièvre donnait de la couleur à ses joues, ce qui faisait ressortir le bleu de ses yeux, rendus humides par sa souffrance. Cela lui donnait une mine rêveuse, le rendant plus séduisant qu’il ne l’était au quotidien, avec son teint cireux et son regard brillant, comme des lames bien aiguisées.

Et il regardait, autour de lui, ces visages tourbillonnants, allant et venant sur la terrasse de l’hôtel. Il cherchait une serveuse, dont le plateau soutiendrait le Graal : un verre d’eau. Mais, hélas, il semblait n’y avoir, en cette soirée, que des boissons alcoolisées... alors il se saisit d’un Bloody Mary qui passait près de lui et ses mains, tremblantes, lui en firent renverser quelques gouttes, sur le sol et ses doigts. « Uh. »

A présent, il lui fallait une serviette...