Les basses commençaient sérieusement à te pulvériser les tympans. Y avait beaucoup trop de monde, t'étais pas fait pour la foule, tu savais pas vraiment ce que tu foutais là, et de toute manière, t'avais plus envie de rester là. Tes Nike quittent le plancher pour fouler le bitume, adieu les autres, adieu ceux que tu hais, adieu les inconnus. Tes yeux mettent du temps à faire la mise au point avec l'obscurité du dehors. Il fait pourtant pas si sombre, y a des lampadaires. Instinctivement, tu sors une cigarette et ton briquet. Tu vas où, maintenant?
Tu marches.
T'as l'impression que ça fait un siècle que t'as pas marché. Parce que tu sais pas trop, y a tes jambes qui suivent pas le rythme. Ton cerveau est pourtant clair, il te dit "une, deux, une, deux". Tu t'étais promis que ce soir, t'abuserais pas avec l'alcool. Ce que t'es moche, ce que t'es lâche, ce que t'es con.
On reprend, calmement, "une, deux, une, deux". Tu peux pas, va falloir que tu t'assoies. Ça tangue trop, t'es pas capable. Alors tu choisis un coin, à côté d'un de ces lampadaires. Tu te passes la main sur le visage. Merde, ce qu'il fait chaud, pourquoi il fait brûlant? T'ouvres les yeux deux secondes, puis t'es pas sûr. Elle lui ressemble beaucoup, quand même. Y en a pas des milliers, des comme ça. C'est elle. C'est elle, avec lui? Mais c'est qui lui? Tu le connais? Il sort d'où? Pourquoi il est avec elle? Pourquoi c'est pas toi à sa place? Pourquoi elle l'aime? Promis, dis, qu'elle ne l'aime pas? C'est toi qu'elle aime, hein, pas les autres, pas ce con?
Ça tangue trois fois trop. Dans ta tête, pour tes jambes, t'as envie de vomir. Tu sais pas si c'est la rage ou l'alcool, mais t'es pas bien. Tu l'appelles, pour qu'elle te sorte de là, qu'elle se sorte de là, de ses bras, de ce con. Hep! Retourne-toi. Retourne-toi putain, m'ignore pas, tu peux pas.
Tu te lèves, t'as trouvé la force. Tu marches vers elle, de l'autre côté du trottoir. T'es tout rouge, brûlant, tu vas l'envoyer sous terre, tu penses. Tu la lâches deux secondes, s'il te plaît? Tu la regardes, furieux comme jamais. Qu'est-ce qu'elle fout dehors celle-là, à cette heure-ci?

Elle est allée danser aujourd'hui, en milieu d'après-midi.
Danser pour oublier la fureur qui l'emprisonne. Qui l'empoissonne. Elle a danser jusqu'à ce que la nuit tombe et achève ses pas sur la musique. Elle a danser et puis a croisé son regard. Un regard bleu azur, attirant, intriguant. Il lui a proposé d'aller boire un coup dans un bar en ville.
Un verre. Deux verres. Trois verres.
La terre elle tangue autour. Rose elle tient pas l'alcool, Rose elle a les joues qui deviennent vite roses quand elle boit trop. Et pourtant, elle se laisse aller, elle se laisse attendrir par ce regard merveilleux et boit. Elle plonge tête baissée, trop naïve de voir ce qu'il désire réellement. Rose est rêveuse. Rose elle pense rarement à ce que les garçons veulent d'elle. De son corps fragile et tout fin. De son corps squelettique et imbibée de coups. Alors Rose boit et elle oublie. Rose entre les bras du garçon, il capture ses lèvres, elle dit rien. Mais Rose, elle pense à Jack. Jack qui l'obsède. Jack qui l'intrigue. Ce Jack même qu'elle aime et qui la frappe sans raison valable. Elle accepte pourtant, dans la défaite, dans la misère. Au nom de l'amour qu'elle lui porte.
Rose se lève, elle vacille, ses jambes flageolent et elle tient à peine debout. Le quatrième verre était de trop. Il la rattrape, l'aide à marcher en la portant à moitié. Ils quittent le bar, marchent longuement dans les allées de la ville de Capri. Il veut l'emmener à l'hôtel, soit-disant la ramener jusqu'à sa chambre. Mais il ment. Elle ne s'en doute pas. Lui tout ce qu'il veut, c'est partager une nuit dans ses bras, qu'elle soit sous ses draps. Et Rose, pauvre enfant naïve qu'elle est, le suit sans hésiter. Ils se tiennent l'un l'autre, bras dessus, bras dessous. Elle a l'air heureuse dans ses bras. Elle rigole, elle sourit. Elle a l'impression de revivre. Mais c'est juste parce qu'elle a trop bu, parce qu'elle est a moitié saoule. Juste un verre avait-elle dit. Mais il lui a forcé la main et elle a cédé à cause de ses beaux yeux. Puis une voix l'interpelle, une voix l'appelle. Non, ce n'est pas possible.
Son cœur accélère, tambourine dans sa poitrine. Jack. Elle se tourne, elle le cherche du regard. Puis elle le trouve. Il est là, lui aussi à demi perdu, à demi imbibé d'alcool. Son regard en dit long sur ce qu'il pense, ses paroles poignardent son cœur. L'homme la lâche, il est même déjà parti quand elle s'écroule sur le sol. Ses deux jambes ne pouvant plus tenir le choc. Jack, c'est pas ce que tu crois d'accord ? Elle commence à pleurer. Rose la poupée défoncée. Rose la poupée abimée. Elle a les larmes qui roulent sur les joues et elle s'en veut. Elle s'en veut parce qu'elle sait parfaitement ce qui l'attend.

Est-ce que t'avais prévu, tout à l'heure, en te parfumant devant ton miroir, que t'allais finir au milieu de la rue à gueuler sur un type que tu connais même pas? Est-ce que ton cerveau de gros con était préparé à la voir là, avec un autre gros con, Jack?
Nuit noire, idées noires, yeux noirs, tout est trop noir, trop sombre, trop flou. Tu tires sur ta cigarette, faut que tu te calmes, faut que tu redescendes, faut pas t'emporter, hein, Jack? Faut pas t'emporter. T'es pas tout seul dans la rue, les gens vont mal vous regarder, les gens vont se dire que t'es fou. T'es fou? Ça se trouve t'es un gros malade qu'on aura mis du temps à interner, ça se trouve t'as rien à faire en liberté, ça se trouve faut te mettre en cage, pas te laisser te gambader, ça se trouve tu peux la tuer.
Puis tu la vois tomber. L'autre est parti, comme un lâche, il pouvait pas plutôt t'en envoyer plein la gueule, faire ça comme il faut? T'effraies tant que ça? Jack, c'est pas ce que tu crois d'accord? Comment elle sait, elle, ce que tu crois, ce qui est vrai, ce que tu crois pas, ce qui est pas vrai? Comment elle peut savoir, à quel point c'est pas bien ce qu'elle vient de faire? Lèves toi. T'as le ton trop agressif, trop mauvais, trop vilain, trop méchant, trop monstrueux. Tu la regardes pas, elle te fait trop de peine. T'as pas envie de la voir comme ça, au fond de toi. Mais tes deux yeux finissent par s'attarder sur son visage. Pauvre Rose. Regarde ses poignets, tu l'as pas foirée la dernière fois. Arrête de chialer putain, tu m'agaces, lèves toi. Tu lui saisis le bras et la force à se remettre sur ses pauvres jambes. Tu la secoues dans tous les sens, comme si ça allait changer un truc, comme si elle allait te donner les moyens de te changer toi. T'étais où? Je peux savoir c'était qui l'autre là, hein? Ça te plaît de rester avec des cons pareils? Tu le fais exprès Rose putain? T'as les mains qui se resserrent trop fort sur son pauvre bras.

Elle est perdue, elle se sent honteuse. Face à lui, y a le sourire qui disparait, les rires qui s'échappent. Y a plus le bonheur qui s'enfonce dans son cœur tout mou. Y a plus tout ça. Seulement les larmes, parfois les cris qui osent percer le silence trop pesant. Elle sait pas pourquoi il est là. Qu'est-ce qu'il fou là surtout ? Il aurait pas pu, pour une fois, éviter de croiser son chemin. Juste la laisser tranquille, vivre sa vie. Ils l'étouffent tous à force de l'entourer, de l'enfermer. C'est pas un animal, elle a pas à être en cage. Et pourtant si, chaque jour ça se referme un peu plus sur son pauvre être qui ne demande jamais rien.
Elle se laisse tomber à terre. Écrouler. Épuiser. Ses jambes refusant de tenir une seconde de plus. Elle a trop bu. L'alcool coule dans ses veines, imprégnant son sang. Elle va pas pouvoir se battre ce soir, elle en a pas envie. Elle en a pas la force. Elle soupire, elle espère qu'il va pas lui en vouloir. Mais elle se doute d'avance de sa réaction. Elle envisage les coups et les blessures. Lèves toi. Il dit, limite en criant. Les larmes coulent davantage, le cœur bat encore plus vite. Parce que lui aussi est effrayé, apeuré, prêt à morfler. Arrête de chialer putain, tu m'agaces, lèves toi. Il la saisit par le bras, elle se laisse faire mais elle a mal. Mal au cœur. Mal aux poignets qu'il sert trop fort. Il la secoue, la bouscule, la maltraite. Comme il a l'habitude de faire. T'étais où? Je peux savoir c'était qui l'autre là, hein? Ça te plaît de rester avec des cons pareils? Tu le fais exprès Rose putain? L'emprise se ressert, fait de plus en plus mal. Rose a déjà les poignets marqués, ils le seront encore plus après ça.
Elle le repousse, défait son emprise d'un geste brusque. Lâche-moi Jack ! Tu me fais mal ! Elle lui crie dessus, elle hurle la rage qui s'est trop vite enfoncée en elle. Et elle va rapidement le regretter, vite retomber dans ses bras. Elle se rapproche de lui, passe sa main sur son visage. Pardonne-moi ! Je suis désolée, je... je voulais pas Jack. Non, elle voulait pas. Et puis qui est-il pour lui dire avec qui elle doit être ou ne pas être ? Après tout, lui aussi c'est un connard. Un pur. Un vrai. Le genre de connard pourtant dont elle est tombée amoureuse. Piégée comme une brebis sans défense dans la gueule du loup. Jack, je... je sais même pas qui est ce type, il m'a juste proposé de boire un verre après m'avoir vu danser. C'est tout. Non c'est pas tout, il voulait son corps, son âme, la briser en mille morceaux. J'avais trop bu et il a juste voulu me raccompagner à l'hôtel. Les larmes reviennent, brûlant les pupilles, brûlant les joues porcelaines de la pauvre poupée. Rose écrasée par le souffle du vent et les perles nacrées. Pourquoi tu es ici, toi hein ? Pourquoi tu fais ça, Jack ? Pourquoi ? Elle a plus la force de crier, plus la force de quoi que ce soit. Alors elle tombe dans ses bras, pleurant à chaudes larmes toute la misère de sa pauvre âme qui se damne en enfer à ses côtés.

Est-ce qu'elle sait que c'est elle qui te rend comme ça? Est-ce qu'elle sait que, indirectement, elle a le contrôle sur toi? T'aimerais bien aussi lui expliquer que t'y peux rien, t'as été fait comme ça, par un con, que du coup, t'es un con, que tu voulais pas faire tant de mal.
Elle se débat, t'échappe. Non, reviens, t'en vas pas toute seule au fond de la nuit, t'as besoin de moi, t'as besoin que je sois là, pas vrai?
Puis elle pose sa main sur ton visage. Elle a touché qu'un dixième de ton corps, et pourtant tu frissonnes de partout. T'aimerais vivre cette sensation à chaque minute de ta vie, à chaque instant, t'aimerai pouvoir vivre de ça. Attends, tu t'entends là, mon grand? Jack, je... je sais même pas qui est ce type, il m'a juste proposé de boire un verre après m'avoir vu danser. C'est tout. Oh, vraiment, c'est ça qu'elle pensait? Rose c'est pas ça qu'on veut faire avec elle. Rose on veut lui offrir des comètes, des bouquets d'étoiles, des millions de roses, mais pas juste un verre, pas juste ça. Puis surtout, Rose, on veut la détruire. Et ça tu peux pas. Tu cautionnes pas que ce soit les autres qui s'en chargent à ta place. J'avais trop bu et il a juste voulu me raccompagner à l'hôtel. Mais tu réfléchis, Rose? Tu le sais l'effet que tu fais aux gens? Si seulement tu pouvais lui expliquer, clairement. C'est ça tu crois, qu'il voulait faire? Mais il voulait te baiser oui, c'est tout! Tu peux pas imaginer ça, c'est trop sale, trop impur, pas Rose. On ne salit pas Rose. On ne chiffonne pas Rose. T'as fait exprès, hein? Tu voulais que je devienne dingue? (de toi, de Rose). Elle a pas le droit. Écoutes bien, y a ton cœur qui loupe des tas de pulsations, ça commence à s'agiter vers la gauche, t'es à bout de souffle. Pourquoi tu es ici, toi hein ? Pourquoi tu fais ça, Jack ? Pourquoi ? Depuis quand, c'est elle, qui te pose des questions? Depuis quand elle a le droit de te demander des trucs auxquels tu sauras jamais répondre? Mais nom de Dieu, elle se prend pour qui? Elle peut pas! Elle peut pas te rendre comme ça. Elle peut pas se glisser dans mes bras, comme si je lui avais pas fait de mal, elle peut pas rester là, avec moi, elle aurait dû se tirer, elle aurait dû me gifler et se tirer. Pourquoi elle l'a pas fait?
Tu la repousses violemment. T'as peur. Elle te fait un peu flipper. Comment elle peut être aussi faible et aussi forte à la fois? Faire quoi, hm? Tu veux la pousser à bout, lui faire autant de mal qu'elle ne t'en fais

Tout va trop vite, tout devient flou. Elle a la tête qui cogne Rose. La tête qui est prête à exploser d'une minute à l'autre. Elle a besoin de lui, d'être auprès de lui. Sentir sa chaleur, sentir son odeur, être dans ses bras. Rose elle devient folle quand elle sait pas où il est. Quand Jack est loin d'elle. Et même s'il la brise chaque fois qui la touche, elle a besoin de ce contact pour (sur)vivre. Il est son oxygène, sa bouée de sauvetage, son pilier, son tout. Elle le sait, elle le sent au plus profond de son être. Mais elle a du mal à l'admettre, comme lui il a du mal à rendre compte qu'elle le rend fou, complètement dingue.
Elle bafouille, elle bredouille. Elle veut pas croire à ce qu'il dit, elle veut juste se dire que c'était un gentil garçon qui voulait la ramener à l'hôtel indemne. Elle veut pas écouter les mots que Jack lui balance en pleine gueule. Elle veut pas, non. C'est ça tu crois, qu'il voulait faire? Mais il voulait te baiser oui, c'est tout! Elle recommence à pleurer. Elle va finir par plus y arriver. Par plus pouvoir respirer, par plus pouvoir vivre. C'est un tissus de mensonges. Il ment tout simplement comme il respire. Elle veut y croire, elle veut penser que c'est lui le méchant de l'histoire en vérité. Tu mens Jack ! Tu mens ! Elle le crie, pour le rendre plus vrai, pour y croire un peu plus. Parce que même elle, elle sait très bien ce qu'il voulait réellement. Même elle, elle arrive pas à se croire dans ses paroles.
Elle se noie. Elle coule. Et lui seul peut la rattraper. Lui seul peut la faire remonter à la surface. Aide-moi. En fait, c'est juste un putain d'appel au secours, un putain d'appel à l'aide qu'il arrive pas à entendre. T'as fait exprès, hein? Tu voulais que je devienne dingue? Elle prend sa tête entre ses mains, elle essaye d'effacer tout ça. Toute cette rage, cette colère qui lui rejette dessus. Mais Jack il est comme ça. Impulsif et sauvage. Face à une Rose fragile et fanée. J'ai jamais voulu ça Jack. J'te le jure. J'ai pas envie de te faire du mal. J'veux pas, c'est pas moi ça. Elle continue à pleurer, parce que oui c'est pas elle. Elle boit pas en principe, c'est même une chose qu'elle refuse de faire de son plein grès ne tenant pas un verre d'alcool. Mais elle sait laissé avoir, elle a été faible ce soir. Parce que Jack lui manquait et qu'elle avait besoin de quelqu'un pour la soutenir.
Elle lui pose une question, lui demande pourquoi il est là, pourquoi il fait ça. Elle se blottit contre lui, recherche sa chaleur, son humanité. Mais Jack il a perdu son humanité depuis bien trop longtemps. Rose espère pouvoir lui redonner, mais elle a faux sur toute la ligne. Il la repousse, violemment, sauvagement. Elle sursaute, se surprend à presque tomber à nouveau au sol mais se retient. Les larmes ne veulent cesser, elle peut plus les retenir et c'est épuisant. Elle est fatiguée de tout ça. De cette guerre qu'ils mènent constamment. Faire quoi, hm? Il lui fait peur. Pourtant Rose n'a jamais peur de Jack. Parce que quand on aime quelqu'un, on le prend tel qu'il est, non ? Mais Rose suffoque, Rose sanglote. Puis elle puise le peu de force qui lui reste Mais ça Jack ! Tout ça ! Elle lui montre ses poignets, ses bras, la trace rouge encore présente au creux de ses lèvres. Tout ce qui lui fait, pourquoi le fait-il ? Hein, pourquoi tu me fais du mal comme ça Jack ? Oui, pourquoi ? Elle t'aime Rose, Jack tu sais ? Rose elle aime d'un amour qui l'étouffe plus qu'il ne la porte. Et elle a besoin de toi pour pouvoir respirer. De l'oxygène. L'oxygène de Jack. Voilà ce que Rose a besoin. Elle s'avance vers lui une nouvelle fois, il ne peut la repousser indéfiniment. Elle s'approche davantage, peut-être un peu trop près. Ses lèvres frôlent celles de Jack, son souffle se percute contre sa bouche. Jack... C'est un simple murmure, un simple souffle qui s'échappe. Tel un nouvel appel à l'aide qu'elle lui envoie. Sauve-moi ! C'est ce qu'elle veut qu'il entende, mais il est sourd, aveugle. Il joue les connards pour se cacher la vérité. Celle que Rose lui inflige tous les jour. Je t'aime Jack, n'en doute jamais. Oh non, jamais.

J'ai jamais voulu ça Jack. J'te le jure. J'ai pas envie de te faire du mal. J'veux pas, c'est pas moi ça. Te faire du mal. Elle voulait pas t'empêcher de rejoindre Morphée tous les soirs, elle voulait pas que tu te déglingues le cerveau et le foie dès qu'elle est pas là, elle voulait pas non plus que tu la secoues comme ça, que tu lui fasses mal comme ça. Elle voulait pas que tu parsèmes de-ci de-là ces bleus couleur galaxie. Tu peux pas lui en vouloir d'exister, c'est trop salaud.
L'océan de ses yeux déborde, elle pleure, et ça résonne dans ta tête. Tu l'entends pas bien, t'entends juste des "Jack" plein de honte, plein de pardon, plein de trucs que tu connais pas vraiment. Elle te dit Jack comme personne te l'a dit, comme si lorsque ton nom venait d'elle, c'était moins moche, moins harassant, moins pénible. Comme si t'étais pas vraiment un monstre, comme si t'étais pardonnable, pas juste une erreur parmi les autres 7,125 milliards. (...)
Elle te montre toutes ses traces, ses bleus, ses planètes. T'as pas pu lui offrir des comètes ou des étoiles, t'as juste pu lui foutre ces nuages violets partout. Hein, pourquoi tu me fais du mal comme ça Jack ? T'as pas de réponses. Toi aussi t'aimerai pouvoir lui répondre. Mais c'est inexplicable, t'as pas de raisonnement logique face à ça. Tu murmures un Merde parce que tu t'étais pas rendu compte de tout ça. T'as peur, t'as envie de détaler en courant, de quitter la planète Terre, d'aller demander pardon au grand monsieur là-haut auquel tu parles parfois la nuit, t'as envie de dire au monde entier qu'il faut surtout pas t'approcher: t'es dangereux.
Pourtant elle est là. Elle continue d'être là. Toujours. Est-ce que toujours c'est grand? Parce que t'as jamais vraiment dû affronter le "toujours". Ta mère et ton papa-le-faux ont pas "toujours" été là pour toi. Pareil pour ton papa-le-vrai. T'as jamais eu personne pour toi et surtout pour toujours. Sauf elle. T'as pas tout compris, t'écoutais rien, mais elle était là, ses prunelles juste en face des tiennes, tu sentais son souffle tout près de toi, trop près de toi. Tu la sens trembler. Faut plus que tu fasses ça, Jack, faut plus que tu fasses de mal à personne. Je t'aime Jack, n'en doute jamais. Tu paniques. Qu'est-ce qu'il faut répondre face à ça, tiens? Qu'est-ce que tu dois dire, hein? "Moi aussi, je t'aime? Je t'aime tellement que je préfère te frapper plutôt que de te le dire?"
T'en as besoin de ses je t'aime. Tu peux pas nier. Tu vas pas lui rendre son je t'aime avec tes poings. Dans ta tête ça bourdonne, tu sais plus, t'es perdu. T'as le cœur qui s'est ramassé depuis longtemps déjà. T'essaye de lui répondre avec les yeux, tu la regardes, longtemps ça tu sais pas, mais tu la regardes. Ta main se glisse dans ses cheveux, puis tu murmures (parce qu'autrement tu sais rien faire d'autre que de gueuler) Faut pas m'aimer, Rosie jolie.

Au fond, elle sait pas ce qu'elle fou ici Rose. Elle sait pas pourquoi elle s'est retrouvée auprès de Jack alors que cinq minutes en arrière elle était bien. Elle était enfin heureuse, souriante. Elle avait retrouvé cette flamme au fond des yeux qui venait à nouveau de s'effacer. Rose elle en a marre de pleurer tous les jours, tous les soirs. Rose elle en a marre d'attendre un je t'aime de Jack. Mais Rose attend, Rose continue de pleurer. Et elle dit rien, jamais rien. Sauf là, elle parle enfin, elle ouvre enfin sa bouche pour faire sortir les mots douloureux. Elle ose enfin montrer ses bras, ses mains, toutes les marques sur son corps blessés. Et au fond, elle se demande pourquoi. Pourquoi ça ? Pourquoi elle ? Pourquoi lui ? C'est une histoire indéfinissable, qui mène nul part, qui ne ressemble à rien. Le bourreau et la victime. Jack et Rose. En fait c'est ça, c'est eux. Parce qu'elle est rien sans lui. Rose peut pas vivre sans Jack.
Rose elle ose dire les je t'aime cachés, les je t'aime qui animent son cœur. Rose elle le dit parce qu'elle l'attend en retour. Mais Jack il dit jamais rien. Peut-être parce qu'il a peur, parce qu'il sait pas. Il ignore peut-être tout de l'amour. Elle sait pas trop Rose, elle a du mal parfois à comprendre Jack. Jack qu'elle tente de protéger comme elle peut. Jack qu'elle veut garder auprès d'elle pour qu'il aille mieux. Mais Rose c'est pas une sorcière, elle a pas de pouvoir magique et elle peut pas sauver tout le monde. Elle veut bien faire Rose, mais il arrive parfois qu'elle échoue. Même souvent au final. Mais Rose continue, Rose s'acharne. Elle s'impatiente parfois, mais elle attend, sagement comme toujours.
Rose plonge ses yeux dans ceux de Jack. Elle le regarde longuement, tendrement. Elle tente de chercher quelque chose à travers ce regard qu'il lui rend. Mais elle voit rien, parce qu'il doit être aveugle probablement. Aveugle des sentiments. Aveugle de l'amour. Elle arrive pas à le percer. La carapace est trop épaisse. Il glisse sa main dans ses cheveux, Rose garde ce contact, l'appuie même. Faut pas m'aimer, Rosie jolie. Elle relève la tête, rompt le contact cette fois et s'éloigne. Elle baisse les yeux, regarde le sol, cherchant un point d'ancrage. Mais elle a besoin de lui pour avancer, pour respirer, pour savoir qu'elle va bien. Pourtant elle est heureuse Rose. Elle a une famille qui l'aime et deux frères qui prennent soin d'elle. Mais elle est tombée sur Jack. Et Rose a commencé à avoir besoin de lui sans s'en rendre compte.
Elle pousse un long soupir. Elle aimerait partir, lui dire adieu, mais elle ne peut s'y résoudre. Arrête Jack. Arrête de dire ce que je dois faire, ne pas faire. Elle a envie de le frapper, de le cogner, de lui montrer toute la rage qui bouillonne en elle par sa faute. La faute de Jack. Jack, écoute je... je peux pas faire comme si je ne t'avais jamais rencontré. Tu fais parti de ma vie maintenant, c'est plus fort que moi. Elle dit vrai, Rose elle s'attache trop vite, Rose elle aime trop rapidement les gens, le monde. Et Jack elle l'a aimé dès le premier regard qu'elle a posé sur lui. Il est peut-être pas parfait, mais son côté ténébreux mystérieux l'a séduit. Rose en est tombée amoureuse, en un claquement de doigts, en un battement de cils. T'as pas le droit de me repousser comme ça Jack. T'as compris, t'as pas le droit ! Non, parce qu'elle est rien sans toi Rose. Elle est perdue sans son Jack, la pauvre petite Rose.

T'imagines qu'un jour elle et toi vous serez heureux. Surtout elle, parce que t'aimes trop ses sourires, ses pommettes, ses yeux brillants, ses joues toutes roses. Rose-heureuse et bien plus belle que Rose-avec-Jack. Le truc c'est que toi, tu peux pas rendre Rose heureuse. Tu peux pas lui rendre ses sourires, et ses prunelles qui scintillent. Parce que y a un truc que les autres appellent "amour" (tiens, ça, faudrait que tu le ranges du côté "mauvais mot" parce que ça fait pas du bien) qui te lie à elle.
Rose quand tu la vois tout est brouillon. T'as envie de l'aimer pour l'éternité, de les lui rendre, ses "je t'aime". Mais tu sais pas pourquoi, tu la détestes de te rendre malade. Alors quand elle te dit Arrête Jack. Arrête de dire ce que je dois faire, ne pas faire. l'horloge qui était dans ta tête a déconné. Le temps s'est arrêté l'espace de, tu sais pas trop, un millième de seconde. C'est pas beaucoup, mais ça t'as fait un truc. T'as senti de la haine dans sa phrase, de la rancœur. Tu voulais pas enclencher ça. Tu l'avais cherché, mais t'étais pas vraiment sûr de vouloir trouver ça.
Tu réponds pas. Pas assez de mots. Pas assez de neurones. Pas assez de cran. Jack, écoute je... je peux pas faire comme si je ne t'avais jamais rencontré. Tu fais parti de ma vie maintenant, c'est plus fort que moi. Pas ça, pas encore. Pourquoi elle t'inflige tous ces trucs, tous ces sentiments? T'es pas prêt, tu peux pas être aussi honnête qu'elle, t'as pas été réglé pour ça. Je t'assure que tu peux te passer de moi. Tu te le répètes un bon millier de fois pour te persuader. Tu te le répètes tellement que tu sais plus ce que ça veut dire. T'as pas le droit de me repousser comme ça Jack. T'as compris, t'as pas le droit ! T'as tous les droits du monde. T'es Jack. C'est Rose. Elle par contre, elle a pas le droit de te dire ça. Tu t'emportes, c'est la phrase de trop, tu fais ce que tu veux, merde. Sans avoir le temps de te contrôler, ton poing s'écrase sur sa joue. T'avises plus de me parler comme ça. Elle l'avait cherché, pas vrai? C'était pas entièrement de ta faute, non? Après tout, c'était elle qui avait débarqué, avec ce gars, c'est pas toi! C'est elle qui a débarqué à l'improviste dans ta vie, c'est elle qui t'as gribouillé ta case "sentiments". Tu t'en veux. A mort. Tu t'étais dit que ce soir t'allais pas déconné, et regarde ce que t'as fait. Tu veux pas qu'elle pleure. Excuse-moi, pardon, Rose ça va? Pardon Rose je m'en veux, regarde-moi, ça va? Tu relèves sa tête, t'as pas envie de lui faire peur, t'as pas envie qu'elle finisse mal.

Rose rêve du prince charmant. Rose dans son monde de bisounours. Rose au pays arc-en-ciel avec les jolies licornes et les petites fées. Mais Rose elle rêve de trop. Rose elle part trop loin dans ses voyages imaginaires. Au fond, Rose est juste prisonnière sans le savoir. Rose pense avoir trouver son prince charmant. Jack. Mais Jack c'est plutôt le vilain pirate. Le grand méchant loup. Jack il a pas la carrure du beau prince qui vient sauver sa princesse. Non, Jack c'est tout l'inverse. Jack c'est le méchant de l'histoire. Mais Rose, elle l'accepte, le prend comme il est. Avec ses défauts. Avec son impulsivité, sa violence. Rose demande juste un peu d'amour en échange.
Sauf que Rose en a marre de capituler à chaque fois. De voir tous les soirs, des perles nacrées rouler le long de ses joues porcelaines. Rose veut plus de tout ça. Non, Rose elle veut de l'amour, des papillons, de l'extase. Rose veut Jack, sans qui la repousse, sans qui la rejette à chaque moment. Je t'assure que tu peux te passer de moi. Non elle peut pas. Parce que Rose, elle s'accroche trop facilement aux gens. Et Jack, il en fait les frais de cet attachement trop subtile, trop rapide. Rose a besoin de Jack pour respirer. C'est ce qu'elle arrête pas de se dire. Il est son oxygène, oui. Mais on a pas besoin d'amour pour respirer, non. Ce qu'il nous faut, c'est de l'air. Et l'air, y en a partout sur Terre. Mais Rose, son air c'est Jack.
Puis Rose s'agace, Rose s'acharne. Elle aurait pas du. Non, elle aurait pas du lui dire ces mots-là. Parce que Jack s'énerve, Jack part au quart de tour. Jack redevient le loup sauvage. Et Rose redevient la pauvre brebis paumée. T'avises plus de me parler comme ça. Le poing s'abat, le coup part. Et Rose s'effondre au sol, le nez en sang, la joue qui commence à gonfler, le bleu qui sort peu à peu. Rose a de nouveau les larmes qui s'extirpent des yeux. Les larmes qui brûlent la rétine, qui brûlent la peau. Elle renifle, elle respire fort. Même si au fond, sa respiration est brisée, détruite. Elle a du mal à inspirer et expirer l'air. Elle étouffe. Son cœur explose. Sa cage thoracique est en train de partir en cendres. De l'intérieur, elle a mal, extrêmement mal. Elle souffre plus que n'importe qui. Elle est à terre, déboussolée par le coup reçu.
Excuse-moi, pardon, Rose ça va? Pardon Rose je m'en veux, regarde-moi, ça va? Elle bouge plus, tétanisée, pétrifiée. Pauvre âme violentée. Acharnée. Saccagée. Il soulève son visage, mais elle retire sa tête de sa main. Non, elle veut pas qu'il la voit ainsi. Faible. Détruite. Bousillée. Pas par la vie. Mais par lui. Elle se recule, elle tente de s'éloigner, mais elle a pas la force, pas la foi. Elle s'écroule au sol, la tête dans ses bras, les aiguilles qui dégoulinent sur son cœur en larmes. Elle a mal oui. Tellement mal.
Elle tente de respirer, de calmer ses larmes qui ne cessent de s'enfuir. Elle se relève peu à peu, tente de se remettre sur pieds. Mais elle garde ses distances avec Jack. Elle reste loin du monstre. Loin du diable. Mais c'est trop tard. Elle est tombée. Elle a signé le pacte et peut plus revenir en arrière. Son cœur en cage. Son âme enchainée. Jack. Jack. Jack. Y a plus que ce mot sur la langue, plus que ce mot qui tourne en rond dans sa tête. T'avais pas le droit... T'avais pas le droit... Elle murmure, elle soupire. C'est juste un souffle que le vent brise, détruit en mille poussières. Puis Rose relève la tête, bombe le torse. Elle se montre forte, elle ne l'est pas. T'avais pas le droit ! Elle se met à hurler, à courir vers lui et à taper du poing sur son torse. Elle se fait plus mal à elle que ce qu'elle ne lui fait de mal. Mais elle a besoin qu'il souffre, lui aussi il doit souffrir.

Un jour t'as entendu dire: dans la vie y a ceux qui mangent et ceux qui se font manger. Et tu t'es souvent demandé, est-ce que ça nous rend incompatibles? Est-ce que ton voisin est plutôt du genre à manger ou à se faire bouffer? Est-ce que toi, tu bouffes, ou tu crèves? Parce que là, c'était dur de coexister avec Rose. Tu la dévores. Tu prends trop de place. Et elle est là, elle se fait toute petite. T'en profites beaucoup, tu sais? Pourtant Rose, elle le mérite pas. Rose c'est qu'une tout petite chose, toute fragile, trop fragile. Et Rose, tu l'aimes au fond de toi.
Et elle bouge pas. T'as peur d'avoir déconné. Tu paniques. Elle se dégage de tes mains. T'as trop peur de la casser encore plus. Tu voudrais la réparer, la rafistoler à coup de baguette magique, sauf que toi on t'as pas donné des doigts de fée, on t'a donné des griffes. Quand elle est tombée, elle a attrapée ton cœur et il est tombé avec. Tu la voies sangloter silencieusement. Elle respire pas bien. Qu'est-ce qui t'as pris? T'avais pas le droit... T'avais pas le droit... Nan c'est vrai t'avais pas le droit. Personne n'a le droit de faire autant de mal, c'est inhumain. Tu peux pas la laisser comme ça, en plus. Je t'ai dit que je m'en voulais Rose, je te demande pardon, c'est parti tout seul je t'assure, pardon, je recommencerai pas. "je recommencerai pas", souviens-toi bien de cette phrase, Jack le gros con.
Elle se relève. T'avais peur qu'elle ne le fasse jamais. Puis elle te balance des coups sur ton torse. Ses pauvres petits poings t'effleurent à peine. Pourtant t'as mal un peu, vers la gauche. C'est la première fois que tu regrettes vraiment de la voir comme ça. D'habitude tu la laisses se morfondre, toute seule, tu la laisses se débrouiller. Mais là c'est pas possible.
Rose est trop jolie, quand elle s'énerve.
Rose est trop jolie, avec ses petits poings.
Rose est trop jolie, quand elle te fait payer.
Rose est trop jolie, quand elle te hait.
Alors tu te laisses faire. Tu lui dis pas d'arrêter, parce que tu le mérites, parce que tous ces petits coups ça paiera jamais vraiment ce que tu lui fais endurer. T'entoures sa taille de tes bras, trop grands : Je m'excuse Rose. Je suis désolée de te faire autant de mal, tu m'entends? Je ne fais pas exprès. Tu passes une main dans ses cheveux, t'espères qu'elle va finir par te pardonner (comme toujours), qu'elle va se calmer. Faut les dire, faut les dire les mots magiques, faut que tu les sortes parce que sinon ça va jamais s'arranger. Il suffit simplement de lui dire. Ne m'en veux pas comme ça, Rose. Je le referai plus, je fais pas exprès, je sais pas ce qui m'a pris. T'y es pour rien. Mais comme t'es pas foutu de lui dire, tu lui dis pas. Tu sens ton cœur s'agiter comme un dingue. T'as les joues brûlantes. T'aimes bien être près d'elle, ça te rend heureux, au fond. Tes lèvres frôlent les siennes. T'en crèves d'envie. T'en crèves tout court. Alors tu lui déposes un baiser au coin de ses lèvres, t'espères que ça suffira, parce que tu le lui diras pas, pas ce soir.

Rose brisée, fanée, aplatie. Elle est détruite l'enfant joyeuse, l'enfant heureuse. Son sourire est taché, imprégné par le sang. Rose a mal au cœur, mal à l'âme. Elle a le mal de mer, envie de vomir, envie de pleurer. Elle a les poumons en feu, le cœur qui s'excite avant de ralentir la cadence. Poupée massacrée. Pauvre enfant qu'elle est. Rose se sent perdue, Rose se sent moche. Rose elle est défigurée, amochée et elle reste telle que. Comme si le coup qui est parti la rendait intact. La poupée porcelaine est tombée au sol et s'est cassé en mille morceaux. Bloquée au sol, incapable de bouger, de penser, de parler. Elle écoute les paroles de Jack, les boit sans raison, sans vouloir comprendre. Je t'ai dit que je m'en voulais Rose, je te demande pardon, c'est parti tout seul je t'assure, pardon, je recommencerai pas. Elle répond pas, non, elle veut pas lui parler, elle veut plus.
Mais elle se relève, elle s'agite et court, s'énerve et frappe. Mais elle peut pas lui faire mal, il est dur comme du fer. Par contre, elle se fait mal. Après la joue explosée, ce sera les mains en sang. Elle s'en moque de toute façon, une marque de plus ou de moins, pour ce que cela change. Elle continue de frapper, frapper jusqu'à l'épuisement, jusqu'à voir que c'est inutile. Jusqu'à ce que Jack ose la toucher, l'entourer de ses bras. Rose se laisse faire, laissant ses bras le long de son corps endolorit. Elle se blottit contre lui. Elle a besoin de lui, maintenant plus que jamais au final. Je m'excuse Rose. Je suis désolée de te faire autant de mal, tu m'entends? Je ne fais pas exprès. Elle écoute, elle apprend, elle retient. Il ne recommencera plus dit-il. Il ne l'a pas fait exprès dit-il. Mensonge sur mensonge. Connerie sur connerie. Mais Rose croit à tout, Rose elle gobe tout. Rose elle marche plus, elle court. Parce que l'amour rend aveugle, l'amour fait faire tout et n'importe quoi. Et c'est ce que Rose fait.
Ne m'en veux pas comme ça, Rose. Je le referai plus, je fais pas exprès, je sais pas ce qui m'a pris. T'y es pour rien. Les yeux de Rose rencontrent les yeux de Jack. Les lèvres de Jack frôlent les lèvres de Rose. Jack dépose un baiser de ci, de là. Rose se laisse faire, Rose cède, succombe. Elle tombe une nouvelle fois amoureuse, une nouvelle fois dans les filets du diable. Elle pose sa tête contre l'épaule de Jack. Elle la blottit au creux de son cou. Son odeur l’enivre, l'emprisonne, l'empoisonne. Mais elle aime ça Rose, et elle en redemande. Toujours, encore et un peu plus.
Elle relève la tête, juste pour voir ses yeux, juste pour capter son attention, son amour imaginaire. Tu promets Jack ? C'est vrai ? Bien sur que non, mais elle est trop naïve pour croire le contraire. Trop naïve pour voir qu'il ne la rend pas heureuse comme elle le mérite. Cette fois, c'est elle qui détient ses lèvres, qui les capturent légèrement, lentement. Avec douceur et juste le temps d'une milliseconde. Elle remet sa tête dans son cou, ressert l'étreinte contre Jack. Il est là contre elle, elle est là contre lui. C'est tout ce qu'elle a besoin. Son âme l'électrise, son cœur repart au quart de tour. Bat la chamade. Bat trop vite. Trop fort. Peut-il l'entendre ? Est-ce que Jack entend le cœur de Rose qui bat si fort qu'il est prêt à s'extirper de sa poitrine ? Probablement pas. J'veux pas te perdre Jack, je refuse de te perdre. Parce qu'elle l'aime oui. Et même si elle saigne, c'est seulement pour lui.

Jack le menteur, Jack la disquette, Jack le (moche)beau-parleur. T'aimes bien voir ses yeux remplis d'amour et d'espoir. Tu sais pas si les tiens ont la place pour ça. Y a déjà trop d'égoïsme, de violence et de haine. Mais t'aimerai bien lui montrer un jour que tu peux aimer, toi aussi. Aimer sans mentir, aimer sans être lâche, aimer sans haïr.
Puis elle s'accroche à tes lèvres. T'as l'impression de revivre, de naître une deuxième fois, sauf que cette fois, t'es pas une erreur. T'as l'impression d'avoir ta place ici, de jouer un rôle pour quelqu'un. Tu l'aimes pour ça, ta Rose. Elle dépose sa tête contre ton épaule, tu sens ses cheveux frôler ton cou. C'est ta Rose, pas n'importe quelle Rose. C'est son cœur que tu sens contre le tien. Ce qu'elle est frêle, dans le fond. Ta main peut faire le tour de son poignet, et puis t'as l'impression qu'en un coup de vent elle disparaîtrait. Non, surtout pas, Rose, disparais pas.
Tu peux plus t'en passer, t'espères qu'elle ira nul part sans toi, jamais. T'espères qu'elle restera toujours derrière toi. Pourtant tu sais, des filles comme ça, ça dure pas longtemps, Jack. J'veux pas te perdre Jack, je refuse de te perdre. Heureusement. Toi non plus, tu veux pas. Mais t'as trop de fierté pour te l'avouer. Un jour tu lui diras. Quand t'auras bu plus encore, mais que tu seras trop faible pour sortir les dents, quand elle sera plus là pour t'écouter. Tu lui diras "je t'aime Rose, et je veux que tu sois heureuse avec moi".
Tu lui essuies le visage, parce qu'elle a des larmes et du sang séché ici et là, et que ça salit trop sa peau de porcelaine. Faut rentrer maintenant, t'es fatiguée.

Spoiler:

Elle est bien là, auprès de lui. Même si sa joue lui fait terriblement mal. Même si le goût du sang s'imprègne sur le bout de la langue. Rose elle veut rester au côté de Jack, pour toujours et à jamais. Elle refuse de le perdre, oui. Elle veut juste avoir l'odeur de sa peau qui chatouille son nez tout fin. Elle veut juste avoir ses lèvres sucrées papillonnant sur les siennes. Rose elle veut Jack plus que tout au monde. Il essuie les larmes, les traces de sang. Il tente tant bien que mal de réparer son erreur, racheter sa faute. Et Rose comme toujours, elle lui pardonne. Elle lui en veut pas, au nom de l'amour.
Faut rentrer maintenant, t'es fatiguée. Mais Rose elle veut pas rentrer, même si il a raison. Elle est épuisée, exténuée, assommée par tout ce qui s'est passé en si peu de temps. Sauf qu'elle veut profiter de la nuit fraiche, étoilée et brillante, de la nuit qui s'étend jusqu'à demain. J'veux pas Jack, j'veux qu'on reste là. Juste toi et moi. Non, elle veut pas briser ce moment à demi magique, à moitié surprenant et effrayant. Parce qu'elle est abimée la poupée porcelaine, mais que se passera-t-il une fois rentrée à l'hôtel ? Elle partira de son côté, rejoindra ses parents, ses frères. Qui le lendemain poseront une nouvelle fois des questions. Et lui, il ira dans sa chambre, et le lendemain il disparaitra probablement toute la journée pour ne réapparaitre qu'à la nuit tombée.
Rose veut pas de ça. Rose veut plus de ça. Elle veut être avec lui, maintenant et demain. Tu sais, on pourrait aller marcher le long de la plage. Regarder la lune se refléter dans l'eau. Parce que Rose aime la nuit, aime la lune et ses étoiles. Elle en est amoureuse, fascinée, éblouie par tant de beauté. Sinon, on peut aller ailleurs. Mais s'il te plait, n'importe où autre que l'hôtel. Loin des parents Van Hoorn, loin des grands frères surprotecteurs. Loin des questions perturbantes, déstabilisantes. Loin des mensonges qu'elle va encore devoir créer, raconter, inventer. Je veux rester avec toi Jack, au moins cette nuit. Au moins toute la vie.

Spoiler:

Elle veut pas rentrer. Elle veut rester -rester? avec toi? pour toujours? à jamais?- encore, dehors, à s'enfoncer dans la nuit sombre. C'est vrai que vous êtes bien, là, ensemble, tous les deux. On dirait presque deux êtres heureux l'un avec l'autre. Tu pourrais rester des heures là, à ne rien faire d'autre que de lui servir de forteresse. Pas de coups, pas de cris, pas de supplication. Juste elle contre toi. Elle te propose d'aller se promener au bord de la plage. Tu sais, c'est ce que font les gens qui s'aiment sans se taper gueuler dessus. Elle te parle de lune qui se reflète dans l'eau. T'as jamais vraiment eu le temps, la patience, le regard pour aller voir ce genre de choses. Peut-être bien que Rose, elle, elle a des yeux différents, des yeux plus malins, plus beaux, plus curieux. C'est pas une grosse bête comme toi.
En tout cas Rose, elle veut pas aller à l'hôtel, elle veut pas y retourner. Tu sais pas, mais y a un truc là-bas qui la gêne, qui la dérange (ouf, c'est pas toi, pour une fois). Elle te supplie, presque de rester. Toi t'acceptes, parce que maintenant que t'en es là, tu peux pas la lâcher comme ça. Je veux rester avec toi Jack, au moins cette nuit Est-ce que tu vas y survivre à cette nuit, toi? Tu fonctionnes pas comme les loups-garous? Tu vas pas ressortir tes griffes en plein milieu? T'es pas sûr de tenir, t'es pas sûr de vouloir parce que tu sais déjà comment ça va se terminer. Mais tu lui dis Je te suis., c'est la seule qui connait vraiment Capri. Et c'est la seule que t'as envie de suivre ce soir. Rose, demain, tu fais quoi? J'aimerai bien qu'on se voit, tu sais, je sais pas, on pourrait aller manger ensemble, un truc du genre. T'aimerai bien voir son visage de jour, passer un après-midi avec elle, t'en as vraiment envie. Le truc c'est que le jour, y a du monde, y a les gars qui la regardent, y a tous ces éléments extérieurs qui te plaisent pas, qui t'énervent. Mais t'as envie d'essayer, tu sais, parce que Rose tu l'aimes, vraiment. Rose, apprend-moi à vivre, s'il te plaît.
Tu lui prends la main. La main toute froide, toute écorchée, toute blanche. Tu fais de ton mieux pour pas trop serrer, t'as pas l'habitude.

Ce soir, le ciel est dégagé, il laisse scintiller les étoiles et la lune. Ce soir, Rose veut profiter de la plage et de la beauté du paysage. Ce soir, elle veut passer sa nuit avec Jack. Sans s'enfermer dans sa chambre à l'hôtel, sans devoir cacher les nouvelles cicatrices. Ce soir, elle veut se sentir libre et heureuse. Elle veut avoir les yeux qui brillent, les yeux remplient d'amour pour lui, pour eux. Elle veut pouvoir goûter à nouveau ses lèvres, sentir son odeur emplir son cœur. Elle veut ses bras autour de son corps frêle, ses mains glissant dans ses cheveux. Elle le veut lui, pour toute la nuit, pour toute la vie. Rose n'a jamais aimé, mais elle est sure qu'il est le prince charmant tant attendu.
Je te suis. Elle retrouve le sourire, retrouve cette flamme perdue au creux de ses yeux. Rose, demain, tu fais quoi? J'aimerai bien qu'on se voit, tu sais, je sais pas, on pourrait aller manger ensemble, un truc du genre. Et son cœur repart à un rythme affolant. Il se précipite au bord du précipice, prêt à exploser, prêt à s'échapper pour de bon. Rose se sent toute chose quand Jack lui saisit la main. Pour une fois il essaye d'être doux, de pas trop serrer. Rose apprécie le geste, l'effort qu'il fait. Elle se cale contre son bras, se blottit une nouvelle fois contre Jack. Ils commencent à marcher, partant tout deux en direction de la plage, main dans la main. Demain ? Elle fait mine de réfléchir, mine d'avoir un emploi du temps chargé. Au final, elle sait qu'elle est libre. Et puis même si c'est pas le cas, elle trouvera une excuse auprès de ses parents. Je suis toute à toi.
Elle sourit encore plus, penchant la tête sur le côté, remettant sa mèche en place. Elle ressemble à une gamine de dix ans qui vient de tomber amoureuse pour la première fois de sa vie. Mais en fait, c'est ce qu'il se passe. Rose n'a jamais aimé auparavant. Jack est le premier, le seul et surement l'unique. Ce serait sympa oui d'aller manger un bout, juste tous les deux. Elle tourne le regard vers lui, cherche ses yeux, cherche ce regard ténébreux qui l'a fait tombée la première fois. Et ce qui serait vraiment génial, c'est de trouver un coin tranquille, sans personne autour. Non, parce que Rose veut Jack juste pour elle. Et puis, Rose veut éviter coups et blessures, jalousie et bagarre. Rose veut pas les regards des autres garçons sur son corps de danseuse étoile. Rose elle veut seulement celui de Jack. Jack qui la dévore, Jack qui l'emprisonne de ses grands bras. Oui c'est tout ce qu'elle veut.
Ils arrivent sur la plage. Rose émerveillée lâche la main de Jack et se met à courir, à tourbillonner. Sa jupe se soulève au vent, tournoie avec le corps de la danseuse. Rose heureuse. Rose amoureuse. Elle regarde Jack au loin, elle retourne vers lui, s'élance à son cou. Elle plonge son regard bleu hypnotisant dans celui du garçon. Elle effleure ses lèvres, effleure sa peau. Le souffle léger, court. Le cœur qui palpite, qui ralentit, accélère, ralentit, accélère. Elle hésite. Elle veut capturer ses lèvres qui sont à un millimètre des siennes. Mais Rose attend. C'est Jack qui fera le premier pas. Tout comme elle l'a fait avec les je t'aime.

Rose, demain, tu fais quoi? J'aimerai bien qu'on se voit, tu sais, je sais pas, on pourrait aller manger ensemble, un truc du genre. Elle réfléchit. Pourquoi, tu dois aller quelque part? Avec quelqu'un? Quelqu'un d'autre? Un mec? Pourquoi? Qu'est-ce que tu lui as fait? Je suis toute à toi. Tu veux l'entendre dire ça toute ta vie, pour toujours. Rose elle est à toi, pas aux autres, rien qu'à toi. C'est un peu triste.
Elle accepte. Elle a compris que t'aimais pas les autres, ça la dérange pas, c'est pas que t'as honte, c'est juste que tu pourrais pas le supporter, le monde extérieur. Et ce qui serait vraiment génial, c'est de trouver un coin tranquille, sans personne autour. T'y réfléchiras (toute la nuit), t'observeras depuis ta fenêtre, tu trouveras un coin, où personne n'aura posé ses pieds, et tu l'emmèneras. Puis Rose elle te regarde. Ses yeux tous bleus, tu sais pas si c'est plutôt bleu ciel ou bleu océan. Mais tu restes dedans, quitte à ne plus jamais en sortir. Tu regardes pas les débuts de coquard qui se dessinent autour de ses yeux, juste ses yeux. Elle a l'air heureuse, peut-être que tu la rends heureuse, Jack, ce serait beau, non? Sauf que t'arriveras jamais à la rendre heureuse pour toujours.
Elle court devant, vous y êtes. Elle tourne. On dirait qu'elle danse. Rose elle sait bien danser. Elle donne un peu le vertige, avec ses sauts, ses tours, ses grandes jambes. Là-haut tu captures cette image dans ta propre carte-mémoire. Tu t'en souviendras plus tard, quand t'auras quitté l'Italie, quand tu l'auras quitté elle, et puis tu te diras "j'ai rendu Rosie heureuse." Puis elle te rejoint. T'es pas sûr, mais il y a des lèvres qui se contractent. (Souviens-toi, souviens-toi : sourire, n.m, joli mot léger relèvement des commissures des lèvres vers le haut) Puis elle s'approche, un peu plus, jusqu'à ce ses lèvres frôlent les tiennes. On dirait un adolescent, le cœur battant, le sourire au bord des lèvres (maintenant que t'en es sûr), et les mains moites comme jamais. T'as un peu mal à la tête aussi, mais ça c'est pas elle, c'est l'alcool. D'ailleurs, ça se trouve, t'empestes l'alcool, et la cigarette. Tant pis. T'as plus vraiment envie de réfléchir, de te triturer les méninges. Tu te poses plus de questions. Et puis, y a ton cœur qui crie DIS-LUI. Alors tu l'embrasses, doucement, sûrement longtemps, tu sais pas trop. Puis tu lui murmures (trop peur de la brusquer) Tu me rends amoureux.

Elle aime laisser planer le doute, se rendre mystérieuse alors qu'elle sait que c'est un livre ouvert. De toute façon, son sourire la trahit, sa joie se déverse de partout. Elle valse, elle voltige, elle virevolte. Elle se sent éblouie par la nuit, émerveillée par le regard de Jack. T'es heureuse d'être sur la plage, face à la mer, face à la lune. Puis le cœur palpitant, le cœur au bord de l'explosion. Les lèvres de Rose s'approchent de celles de Jack. Mais elle attend. Jack s'élance, Jack saute dans le vide. Ils s'embrassent, ils sont unis l'un à l'autre. Rose se sent soulager, enfin elle a eu son Jack. Elle oublie le temps qui s'écoule, le paysage qui défile autour d'eux. Elle veut juste ses lèvres, prolonger le baiser qui est si intense. Comme si c'était la première fois qu'elle prenait goût à ses lèvres. Puis leurs lèvres se retirent, elle a l'impression qu'il est loin d'elle tout d'un coup. Mais son murmure la rassure, et un sourire refait surface sur ses lèvres. Tu me rends amoureux.
Y a un truc qui grandit en Rose, quelque chose qui la pousse à faire tomber Jack au sol tout en l'entrainant dans sa chute. Elle rigole, y a ce son mélodieux qui s'échappe d'entre ses lèvres. Les cheveux de Rose tombent sur le visage de Jack, mais elle les retirent vite pour pouvoir le regarder. Leurs regards se croisent, électricité statique, électricité dans l'air. Mais c'est magique, Rose est aux anges. Jack aime Rose alors ? Elle pose la question, toute souriante, à demi joueuse, à demi comblée. Elle cale sa tête dans son cou, respire son odeur intensément. Puis elle se redresse, capture ses lèvres juste le temps d'un court instant pour avoir leur goût sur sa bouche.
Elle se laisse tomber sur le côté, sur le sable fin. Elle reste blottit contre Jack, ne le lâchant plus. Par peur qu'il lui échappe, qu'il s'échappe. Elle veut pas le perdre. Elle pourrait pas survivre sans lui. Maintenant, tu peux observer les étoiles et voir à quel point le ciel est un endroit magique. Elle lève les yeux au ciel, le regarde. C'est son paradis, son univers, son monde où elle aime voyager. Et là, elle emmène Jack avec elle, dans sa bulle à elle. Elle se retourne vers lui, la tête sur son épaule. Elle lui dépose un bisous sur la joue, elle veut pas aller trop vite, trop loin parce qu'elle est encore effrayée. Pas par lui. Mais par les sentiments. Je peux rester avec toi cette nuit Jack ? Quitte à ce qu'ils retournent à l'hôtel à la fin. Mais elle veut aller avec lui, pas repartir seule de son côté.

De tous les mots que t'as plaqué sur tes carnets, amoureux c'était un des seuls que tu t'étais refusé à prononcer. (l'amour désigne un sentiment d'affection et d'attachement envers un être). Mais t'appartient à la race humaine, t'évolues, tu t'adaptes.
Il fait un peu frais. Le vent frotte tes oreilles, tu grelottes à peine. Ce que tu viens de lui dire, ça te fout les jetons. Tu te croyais pas capable de dire ça. Elle te change, tu crois? Jack, amoureux. T'es pas sûr. Tu préfères pas. T'as dit ça pour lui faire plaisir, hein, Jack? Juste pour lui faire plaisir.
Puis Rose elle te fait tomber. Vous êtes là, comme deux gamins, affalés sur le sable (le sable, c'est doux, c'est agréable, pas comme le macadam sur lequel t'as l'habitude de tomber.) Tu l'entends rigoler. T'as presque oublié ses larmes de tout à l'heure. Dieu t'as écouté. Rose si tu savais ce que tu me fais (sur)vivre. Et vos yeux se rencontrent, comme si tu la voyais pour la première fois. T'as l'impression de revoir Rose-sans-cicatrices, la Rose à qui t'as souri parce qu'elle te semblait inoffensive. Maintenant c'est tellement différent. Jack aime Rose alors? Tu sais pas, tu réponds pas. Tu préfères laisser cette question sans réponses, ce sera beaucoup mieux. T'as pas envie de la faire autant espérer, ce serait trop dur après de s'en détacher. T'as pas envie non plus de la briser avec tes mots.
Puis elle t'offre un baiser. Encore. Tu ne t'en lasseras jamais. Elle, peut-être, un jour. T'espères pas, mais c'est toujours possible. Rose-inlassable-que-tu-aimes. Puis elle te dit de regarder le ciel.
Ça y est tu les voies Jack. Les étoiles dont tu rêvais à Paris. Elles ressemblent un peu à celles que tu vois dans les cheveux de Rose. Rose et ses éclats d'étoiles parsemés de ci de là. Un jour tu l'emmènera voir un monde qu'elle a encore jamais vu, parce que tu sais qu'elle voyage beaucoup Rose (surtout loin de toi). Peut-être l'Afrique. C'est beau l'Afrique, on y voit des tas d'étoiles, aussi, apparemment. Puis tu sens ses lèvres se plaquer sur ta joue. Comme une enfant. Une petite fille à qui on vient de donner la poupée dont elle rêvait. "Rose dis-moi, c'est moi ta poupée?" Je peux rester avec toi cette nuit Jack ? Oui. Non. Pourquoi? Toute la nuit? Jusqu'au matin? Elle a pas peur? Tu l'effraies pas? Pas comme les autres? Tu sais pas. Tu sais jamais, de toute manière. Ouais, tu peux. Il y avait toujours de la place dans ta chambre, de toute manière. Ton père était jamais dans la chambre, il était toujours avec quelqu'un, autre part ("je suis occupé Jack, mais on se voit demain?"). Dis, pourquoi tu veux absolument éviter ta chambre Rose? Puis pourquoi elle veut rester avec toi, surtout, pourquoi TOI. Elle a une famille, elle, au moins, pourquoi elle veut pas rester avec eux. Parce que toi, c'est sûr, t'en vaux pas la peine.

Elle a les yeux qui brillent, Rose. Sous le ciel étoilé, elle se sent (re)vivre.
Elle est heureuse dans son univers. Sur cette plage avec lui. Le vent se lève, le vent léger souffle. Mais elle s'en moque. Elle sent pas les frissons qui parcoure sa peau. Elle a juste le souffle de Jack au creux de ses lèvres, au bord de son âme.
Elle veut rester à ses côtés, toute la nuit. Sans devoir rentrer à l'hôtel dans sa maudite chambre. Elle aime ses parents, sa famille c'est toute sa vie. Elle a besoin d'eux, parce qu'elle serait pas qui elle est s'ils n'étaient pas là. Mais les questions, ça la gêne, ça la dérange. Elle peut plus les supporter. Puis elle a du mal à les regarder droit dans les yeux lorsqu'elle leur ment. Rose la princesse. Rose la poupée. Rose la nouvelle menteuse.
Alors elle demande à Jack si elle peut rester avec lui. Au moins ce soir, juste pour une nuit. Le temps que le bleu s'estompe un peu. Le temps que la plaie cicatrice. Que la blessure guérisse. Mais elle sait Rose, elle sait que la marque partira pas aussi facilement. Après tout, les traces sur ses poignées sont là depuis quelques jours, peut-être semaines même. Alors elle tente le coup, Jack est sa dernière option, sa seule issue. Quand bien même, demain elle devrait retourner dans sa chambre. Mais elle pourra s'évader le temps d'une journée avec son tendre et cher.
Ouais, tu peux. Jack répond positivement. Rose est soulagée. Rose est apaisée. Rose aime Jack et c'est un peu tout ce qui compte pour elle. Et même si Jack n'a pas répondu à sa question précédente, il a accepté qu'elle reste à ses côtés. Dis, pourquoi tu veux absolument éviter ta chambre Rose? Rose soupir, Rose tente de respirer calmement. Elle peut pas, elle panique, elle se bousille.
Rose pleure pas. Faut pas pleurer, pas pour ça. Rose sèche ses larmes, tant bien que mal. Mais elles sont là, de retour. Coulant sur les joues porcelaines, cachant le sourire, gâchant le sourire. Rose peut pas mentir à Jack. Non, elle l'accepterait pas. Pas avec lui, pas de cette manière. Elle le regarde, elle a les yeux qui scintillent à cause des nouvelles perles nacrées. Parce qu'ils posent des questions. Mais des questions à propos de quoi. De qui. Rose elle doute, Rose elle hésite. Mais il faut qu'elle le lui dise. Elle a plus trop le choix maintenant. Tu sais, sur ça... Elle ose pas pointer du doigt ses marques, elle les suggère de manière indirecte, discrète. Elle veut pas qu'il se sente coupable, responsable de tout ça. Non elle le refuse. J'ai pas envie de leur mentir encore une fois, tu sais Jack. Parce qu'elle le protège Jack. Rose fait de son mieux pour qu'il soit pas un problème, pour qu'il ai pas de problème. Mes frères sont trop... impulsifs ? Rose trouve pas le mot, Rose sait pas comment les décrire. Mais ils seraient prêt à tuer s'ils apprenaient qu'on ose toucher à la Rose précieuse.
Qu'importe, ça n'a pas d'importance. Je veux juste passer plus de temps avec toi. J'ai pas envie de rentrer seule, m'allonger dans un lit froid où y aura personne à mes côtés. Je veux être avec toi cette nuit. T'avoir près de moi, tu vois ? Parce que Rose doute pas de Jack, mais d'elle-même. Elle a peur qu'au petit matin, Jack il soit parti. Main dans la main avec une autre plus jolie qu'elle. Rose elle voit pas à quel point elle peut être belle. Parce que Rose est naïve. Même sur sa propre beauté.

Y a des étoiles qui ont bougé. Elles ont quitté le ciel bleu-noir pour aller se glisser dans ton cœur (noir sombre pourri).
Est-ce que t'es en train de vivre ton toujours à toi? Est-ce que être là, avec Rose, c'est vivre une partie d'un grand toujours? Tu flippes à l'idée de te poser des questions pareilles. Pourquoi elle te fait vivre ça. T'as l'impression d'être pris au piège.
Toi et tes questions, tu fais chi(al)er. Rose pleure. Encore. Ses larmes qui te brisent, te noient le cœur. Rose, pourquoi tu pleures? Parce qu'ils posent des questions. Tu sens ton pouls s'accélérer. Des questions sur quoi? Est-ce que tu vas t'en prendre plein la gueule? Est-ce qu'ils savent déjà? Tu sais, sur ça... T'avales difficilement ta salive. Ta gorge qui brûle, tes mains qui tremblent. T'avais jamais pensé que ça se verrait, un jour. Tu bouges à peine tes yeux, t'as un peu peur de regarder, mais t'y peux rien, ils sautent aux yeux, on voit que ça. Du rose, du violet, du bleu, du marron. Rose-arc-en-ciel-galaxie. Pauvre Rose. T'aimerai bien pouvoir arrêter, toi, tu sais? Arrêter de cogner à chaque fois que ton cerveau te demande de faire un effort. Mais t'y peux rien, (pas vrai que t'y peux rien?) t'es fait comme ça. J'ai pas envie de leur mentir encore une fois. Alors tu vas leur dire quoi? Que je suis un connard? Je t'ai pourtant dit, je fais pas exprès. Putain merde c'est pourtant pas compliqué à cacher! Pour toi, ça sonne presque vrai. C'est vrai après tout, il existe des tas de trucs pour cacher ces trucs. Mais cacher la lâcheté Jack, ça y a pas grand chose.
Mes frères sont trop... impulsifs? Qu'ils viennent. Qu'ils t'écrasent, t'enterrent, te fassent goûter le bitume. Peut-être que ça paiera tes fautes, tes coups qui partent trop vite. Si c'est le seul moyen de se racheter, tu veux bien. Tu réponds pas. Tu regardes la mer, là-bas, venir, partir, revenir, repartir, Jack, Rose, Rose, Jack, Rose, Jack, Jack. Qu'ils te crèvent, les Van Hoorn. Qu'ils te pourrissent l'existence. Qu'ils accomplissent le bien en te faisant du mal. Qu'importe, ça n'a pas d'importance. Je veux juste passer plus de temps avec toi. J'ai pas envie de rentrer seule, m'allonger dans un lit froid où y aura personne à mes côtés. Je veux être avec toi cette nuit. T'avoir près de moi, tu vois ? Rose et sa poésie. Rose et sa mélancolie. Elle te veut toi, personne d'autre. T'es rassuré. T'as les joues couleur cramoisie, tant pis. Comme tu veux. Barre-toi Rose. Tire-toi tant que tu le peux encore. Faut pas rester, faut pas m'aimer, faut pas être comme ça Rose.
Tu tournes un peu la tête. Ce qu'elle est petite, Rose. Tu passes ta main dans ses cheveux, tout blonds, tout clairs, tout doux. Tu poses tes lèvres sur son front. T'aimerai que ça suffise pour tout faire cicatriser (et cicatriser ton cœur, aussi?). T'essuies un reste de larme sur sa joue blanche. Et puis tu croises ses yeux, quelques (longues) secondes. T'oublies la mer quelques instants, juste le temps de te noyer dans l'immensité de son océan à elle. Dis, Rose, Je te fais beaucoup de mal, je sais. Alors pourquoi tu veux rester? Je te fais pas peur?. Tu te fais peur à toi-même, alors comment fait-elle? Toi t'es pas aussi courageux qu'elle. Toi tu les regardes pas tous les matins, ces bleus et tous ces yeux (oh mon dieu, qu'est-ce qu'elle s'est fait? la pauvre, encore un pauvre fou qui s'en prend à un petit ange).
Puis tu prends ta décision. Tu lui expliques, t'essaies d'être calme, tu veux qu'elle comprenne, sans que t'aies à t'énerver. Rose je veux plus qu'on se voit. Tu voies bien que je te détruis. Je préfère qu'on s'évite. Quelques temps. Le plus longtemps possible. Tu sais pas trop, mais t'as les yeux humides quand tu dis ça. Ta gorge se serre, t'as un peu de mal à respirer calmement. T'as les mains moites. Y a un truc qui se passe là-haut, dis Jack, est-ce que t'es triste?

Faut pas pleurer Rosie jolie, tu sais. La vie elle est pas si laide qu'elle en a l'air. Au fond, la vie peut être belle des fois. Tu sais, faut pas avoir mal au cœur comme ça. Rose qui souffre. Rose qui pleure. C'est laid tout ça. Tu sais, c'est affreux un cœur qui part en miettes avec le souffle de la tempête.
Rose elle voudrait sécher les larmes qui coulent sur ses joues. Rose elle voudrait réparer son cœur tout cassé. Parce qu'il saigne parfois, souvent, encore et toujours. Un cœur qui saigne, on peut pas vivre comme ça, si ? Rose sait pas, Rose a du mal à penser. Elle veut plus penser en fait. Rose veut juste être bien, aller bien, se sentir bien. C'est tout ce qu'elle demande. Même si Rose rêve de la lune, qu'on la décroche juste pour elle. Parfois.
Rose a mal au cœur, la peur qui se noue au ventre, qui s'entremêle à sa respiration si silencieuse. Rose voulait pas dire ça, faire ça, avouer ça. Rose la méchante. Jack le gentil. Les rôles se retrouvent inversés, changés. Pourquoi t'as fais ça Rose, hein ? Elle se pose la question encore, elle tourne en boucle dans sa tête. Faudrait que ça s'arrête en haut, un peu. Elle a besoin de calme Rose, parce qu'elle peut plus penser après. Et elle dit des bêtises, elle blesse Jack sans le vouloir. Alors tu vas leur dire quoi? Que je suis un connard? Je t'ai pourtant dit, je fais pas exprès. Putain merde c'est pourtant pas compliqué à cacher! Non, non, non. C'est pas ça, bordel ! C'est loin d'être le cas, c'est pas voulu. Mais c'est trop tard, Rose a fait l'erreur. Rose a fauté. Elle s'en veut, s'en mord les doigts. Si elle pouvait appuyer sur le bouton marche arrière, elle le ferait, sans hésiter même. Jack, non ! Justement, je... je veux pas que tu sois la faute de tout ça. Rose qui protège. Rose qui échoue lamentablement, oui. Je... je suis désolée, Jack. Mais pourquoi au juste ? Pour qu'il te frappe ? Pour qu'il dise que c'est jamais voulu, jamais fait exprès ? Merde, Rose. En quoi t'es coupable hein ? Rien. C'est lui le fautif de cette histoire. Mais Rose se sent toujours responsable de tout. C'est sa faute à elle.
Rose balance, débite, parle vite. Trop vite. Puis elle change de sujet. Oui, c'est mieux comme ça. Dis Jack, elle peut rester pour la nuit Rose, hein ? Juste avec toi, juste à tes côtés pour avoir un peu de ton amour le temps d'une nuit. Comme tu veux. Rose respire, enfin. Merci. Qu'elle soupire à peine, comme si elle voulait pas qu'il entende ce son qui résonne comme un don du ciel.
Rose laisse Jack parcourir son visage, ses cheveux avec ses mains douces. Rose elle aime les mains de Jack. Sauf quand elles se transforment en poings. Rose elle prend le baiser qu'il dépose sur son front. Elle voudrait plus, toujours plus la Rose (fanée) mais elle prend ce qu'on lui donne. Je te fais beaucoup de mal, je sais. Alors pourquoi tu veux rester? Je te fais pas peur? Rose elle plonge ses yeux bleus dans ceux de Jack. Apprend à lire au fond de son regard, Jack. Essaye de comprendre Rose. Aimer c'est pas chose simple, aimer c'est pas un miracle de la vie. C'est même pas de la magie. C'est plutôt de la science, une question d'alchimie entre deux êtres. C'est quoi faire mal quand notre cœur se retrouve émietté parce qu'on est loin de l'élu de cet organe qui bat sans cesse dans notre poitrine ? Bah oui, c'est quoi après tout faire du mal ? Rose elle connait la souffrance. Mais pas quand elle reçoit les coups ou les blessures. Non, Rose connait la souffrance que quand son cœur lui crie que Jack lui manque. Atrocement. Difficilement. Douloureusement. Si je reste, c'est parce que sans toi je perds tout sens de réalité. J'ai plus d'oxygène, plus assez d'air pour respirer, pour vivre. Tu m'as jamais fais peur Jack, tu m'intrigues, tu me rends différente à chaque fois que tu es à mes côtés. Mais jamais, jamais tu me feras peur. Même quand Jack il devient agressif, impulsif, énervé, possessif. Amoureux ? Non, Rose a jamais peur de Jack. Elle l'aime trop pour ça. Sinon, Rose aurait fuit depuis longtemps. Mais Rose serait probablement morte depuis longtemps aussi.
Rose je veux plus qu'on se voit. Tu voies bien que je te détruis. Je préfère qu'on s'évite. Quelques temps. Le plus longtemps possible. Elle a la respiration qui s'estompe Rose. Le cœur qui se brise, se fissure. Y a une fêlure qui s'installe, une brèche qui s'ouvre sous sa poitrine. Elle a la terre qui se dérobe sous ses pieds, ses jambes qui flagellent, qui sont prêtent à lâcher. Tiens bon Rose. Inspire. Expire. Calmement, parce que ta bouteille d'oxygène est détruite, bousillée. Putain, merde ! Non Jack, tout mais pas ça. Pas à Rose. Pas cette fois. Pas maintenant. Elle peut pas y croire Rose. Elle peut plus respirer. Ça brûle à l'intérieur, ça brûle tellement que ça fait mal. Rose a pas le choix, elle doit agir, réagir. Elle s'éloigne, d'un coup. Les larmes recommencent à rouler par millier. Non, Rose, pas encore. Arrête Jack ! T'as pas le droit, plus le droit ! Je t'interdis de m'abandonner ! Elle veut hurler Rose, mais les mots ont du mal à sortir, à s'extirper de ses lèvres. Elle sanglote. Elle suffoque. Elle étouffe, Rose. Souviens-toi Rose quand tu lui as dis ce qu'il devait faire ou ne pas faire. Ne recommence pas.
Tu me laisses pas le choix Jack ! Non, tu lui laisses pas le choix. Rose commence à courir, à se précipiter vers l'eau. Elle se jette dans les vagues, dans la mer qui s'agite avec le vent qui s'est levé. Mais Rose, elle a jamais appris à nager. Rose dès qu'elle a plus pieds, elle panique, elle prend peur. Rose se noie, Rose s'étouffe par manque d'oxygène. Si Jack ne veut plus vraiment d'elle, alors il la laisserait couler au fond de l'eau. Rose saute à l'eau, mais Rose elle voit pas la vague arriver. Rose elle voit pas qu'elle va se faire emporter. Adieu Rosie jolie...

Mal de mer. Mal au cœur. Mal partout. Mal à la Rose.
Elle s'excuse. Encore. Alors que c'est toi, qui devrais s'excuser. Mais comme t'es lâche, comme on t'as jamais donné le courage qu'il fallait, tu la reprends pas (pas de non c'est moi, pardon). C'est quoi faire mal quand notre cœur se retrouve émietté parce qu'on est loin de l'élu de cet organe qui bat sans cesse dans notre poitrine ? Elle voit pas Rose que ce que tu lui fais ça devrait pas laisser place à la poésie? Elle voit pas Rose que t'aimer c'est pas suffisant pour être pardonnable?
Tu n'es pas une belle personne. Tu n'es pas quelqu'un sur qui on peut compter. Tu es une immense faute, une erreur impardonnable, un déchet, un truc qu'il faut laisser de côté. Toi tu voulais rester dans ton trou que tu t'étais creusé, mais Rose elle est allée fouiner partout pour venir te chercher. Rose laisse-moi, fous-moi la paix, laisse-moi m'crever. Si je reste, c'est parce que sans toi je perds tout sens de réalité. J'ai plus d'oxygène, plus assez d'air pour respirer, pour vivre. Tu m'as jamais fais peur Jack, tu m'intrigues, tu me rends différente à chaque fois que tu es à mes côtés. Mais jamais, jamais tu me feras peur. Mais si elle reste, elle te l'enlève à toi ton oxygène. Elle te fait tourner la tête avec ses je t'aime, elle te bousille tout l'intérieur quand elle sourit. C'est pas l'amour ça, c'est de la violence. Tu lui fais pas peur. Rose est courageuse, alors que toi, t'as peur du noir.
Rose je veux plus qu'on se voit. Tu voies bien que je te détruis. Je préfère qu'on s'évite. Quelques temps. Le plus longtemps possible. Le plus longtemps possible. Longtemps. Tu voudrais que le longtemps dure le temps d'un toujours. Qu'il soit aussi agréable que votre toujours. Mais tu vas pas te voiler la face, t'as déjà fini ta phrase que tu sens qu'elle est déjà trop loin. Pourtant elle est là, à côté de toi, mais elle te manque. Longtemps. Tu sais Jack, si tu fais ça, elle va te manquer pour toujours. Rose elle peut pas revenir à l'infini, elle va finir par partir pour de bon.
Elle part.
Déjà?
Où ça?
Reviens.
Rose qui pleure, qui court, qui se jette à l'eau. Tu comprends pas tout. Pourquoi elle fait ça? Rose, ça va pas? Tu la regardes, de loin, s'enfoncer petit à petit dans les abysses. Où tu vas comme ça, Rose? Tu peux pas m'échapper, tu peux pas t'enfuir. Alors tu la rejoins. Tu cries un truc qui ressemble à Rose reviens déconne pas.. Mais Rose elle est loin de déconner. Elle te l'a dit qu'elle pouvait pas sans toi. Et toi, tu peux sans elle? Elle est à quelques mètres. Quelques mètres, c'est loin. Tu l'appelles. Puis tu la voies plus. Tu plonges. C'est la nuit, tu verras rien. Tu te concentres, tu tâtonnes sous l'eau pour saisir n'importe quoi, un bras, une jambe, un cœur, tout ce que tu peux. Puis tu sens son petit bras sous ta main. Tu la remontes à la surface, elle était pas allée très profond, mais elle t'a fait peur. Refais pas ça, j'ai eu peur, fallait pas faire ça. Puis tu la serres dans tes bras, pour pas qu'elle t'échappe. Faudrait pas qu'elle retourne dans les abysses, c'est trop loin pour toi.
Ça fait seulement quelques minutes que tu lui as dit que c'était fini, et pourtant t'as l'impression que tout a recommencé.

Spoiler:

Rose elle se noie. Rose elle boit la tasse.
Rosie jolie sait pas nager. Rosie jolie emportée par la vague.
Elle entend plus rien sous l'eau. Elle voit plus rien non plus. Rose elle part à la dérive, elle s'enfuit au loin. Elle se fait avaler par les vagues, manger par l'abysse. Rose sent la fin l'envahir. Elle a le cœur qui ralentit, le souffle qui se fait plus court. Elle a plus d'oxygène sous l'eau Rose. C'est pas une sirène. Rose pense plus. Rose vit plus. Elle a son corps qui part en vrille sous l'eau. Elle touche presque le fond Rose. Pourtant, c'est à peine profond. Elle pourrait être debout, qu'elle toucherait le sol. Mais Rose elle a pas vu la vague. Rose elle a pas vu que la mer était agitée ce soir. Alors la vague l'a submergée et pouf, plus de Rose.
Elle entend pas Jack crier. Jack qui flippe. Jack qui a peur. Peur de perdre sa Rose ? Peut-être. Mais Rose n'en sait rien, Rose peut pas le savoir. Après tout, il lui a dit de partir, non ? Alors Rose est partie. Pourquoi vivre si c'est pour être sans lui ? Elle préfère mourir Rose, qu'une vie sans son Jack. Elle est rien sans lui, et c'est dans des moments comme ça qu'elle le comprend. Rose est malade. Rose amoureuse du bourreau. Du malfaiteur. De celui qui la maltraite. Rose et son syndrome. Syndrome de Stockholm. Rose a plus rien à perdre. Si Jack veut plus d'elle. Alors pourquoi la vie voudrait continuer à l'envahir ? Rose peine à respirer, y a plus de bulles qui s'échappe. Plus d'oxygène qui se dégage.
Puis une main saisit son bras, tout fin, tout mou, presque sans vie. Rose refait surface, Rose prend un souffle, mais il est court. Beaucoup trop court. Elle peine à faire repartir son cœur qui bat si lentement, que c'est à peine si on l'entend. Rose tu peux pas faire ça. Pas à lui. Mais t'attendais que ça en fait. Le prince charmant qui vient à la rescousse de la princesse en danger. T'as gagné Rose. Mais pour combien de temps encore ?
Refais pas ça, j'ai eu peur, fallait pas faire ça. Jack la sert contre lui. Il l'entoure de ses bras. Comme pour pas la perdre, comme pour pas qu'elle s'échappe. Rose reprend son souffle. Ça brûle à l'intérieur de ses poumons. Parce qu'ils sont remplis d'eau, elle a besoin de tout cracher. Rose ressort l'eau qu'elle a bu. Elle prend une grande respiration. Enfin. Rose est en vie. Elle ouvre les yeux. Les yeux rougies par les larmes, par l'eau salée. Pauvre Rose. Si fragile, si petite. Jack ? Elle arrive pas à le voir, mais elle sait que c'est lui. Son odeur, ses bras musclés. Elle le reconnaitrait entre mille après tout. Tu... tu m'as sauvé. Elle a des remords dans la voix, de l'amertume sur le bout de la langue. Il ne la lâche pas, elle refuse d'entourer son cou de ses bras. Pourquoi t'as fais ça Jack ? Oui, pourquoi ? Tu voulais plus d'elle, tu voulais qu'elle parte, qu'elle reste loin de toi. Rose tente de se dégager, tente de défaire cette étreinte. Ça lui fait plus mal qu'autre chose à Rose. Parce qu'elle pensait qu'il voulait plus d'elle. Qu'il voulait qu'elle se tienne éloigner du monstre que soit-disant il est.
Rose elle a les larmes qui brûlent les yeux, les joues, la peau porcelaine. Rose regagne la plage, laissant Jack seul dans l'eau. Elle s'allonge dans le sable, laissant l'eau laper ses pieds. Et Rose, faut pas pleurer pour lui. Apparemment il le mérite pas. Elle se retourne à nouveau vers lui, elle veut savoir. Pourquoi tu m'as sauvé Jack si tu voulais plus de moi ? Et elle s'effondre en larmes. Encore et toujours. Rose t'es trop fragile petit ange.

Et son corps contre ta peau, et ses yeux dans les tiens, et ton cœur qui gueule à tout va en transperçant ta poitrine. Rose a failli te filer entre les doigts, t'aurais dû lui dire adieu pour de vrai. Mais ça, jamais, pas vrai? Plus d'au revoir déchirant, plus de larmes qui coulent le long de ses joues couleur neige. Tu veux plus de tout ça, c'est pour ça que tu lui as dit, finalement le plus longtemps possible. Tu... Tu m'as sauvé. Et pourtant tu la tues un peu plus chaque jour. Peut-être que t'as fait exprès? Peut-être que tu peux vivre qu'en la tuant.
Tu te rends pas compte, mais ça fait un moment que tu l'empêches de bouger (de vivre), avec tes bras autour d'elle. Faut plus qu'elle parte, faut plus qu'elle se tire (trop loin). Pourquoi t'as fait ça Jack? Et elle, pourquoi elle t'as fait ça? Pourquoi elle s'est permise de te brouiller le cerveau, avec ses sentiments, ses trucs à l'eau de rose, ses baisers, sa fragilité, ses bras tous frêles, hein Rose, pourquoi? Pourquoi tu m'as sauvée Jack si tu voulais plus de moi? Parce que t'es pas si inhumain que ça. Tu préfères la faire crever à coup de je t'aime plutôt que la laisser crever au fond de l'océan, pour devenir un petit grain de sable qu'on écrase sans trop faire attention. Arrête tes conneries, ça veut pas dire que j'veux que tu crèves. Arrête tes conneries toi, Jack. C'est toi le con dans l'histoire, pas elle.
Chair de poule, dents qui claquent, t'es gelé, elle aussi un peu. Tu la tires à l'extérieur de l'eau. Il fait trop froid, dehors, il fait trop froid dans ton cœur. Ça marche pas comme ça, Rose. Elle t'aura pas, elle t'aura plus, tu veux pas, t'as jamais voulu (pas vrai?). Tu la lâches enfin. Je regrette que tu l'aies pris comme ça, mais c'est comme ça Rose. Te mets pas dans un état pareil, tu sais, t'es capable de tout sans moi. Je veux pas te poser de problèmes, tes frères tout ça, c'est pas mon truc, je veux pas de soucis. C'est ça Jack, tu fuies, t'es bon qu'à ça. C'est mieux pour toi, tu comprends? Je te jure que ce sera mieux, tu verras. Qu'elle vive sans toi, pitié, qu'elle accepte de se débrouiller sans toi, qu'elle se débatte plus pour rester accrochée à toi, pitié, pitié.