il écrase son mégot. une main se pose sur son épaule. d’un geste brusque lip se retourne. « lip, faut que tu montes au premier, chambre 137, y’a un soucis, une des femmes de ménage à encore voulu se la jouer mac giver. » lip rit et dans sa tête il imagine déjà les dégâts. il attrape sa caisse a outils préférée, celle qui semble sortir tout droit des années cinquante, et quitte le sous-sol pour monter au premier étage. en arrivant devant la chambre il va pour frapper puis se ravise, y’a qu’une femme de ménage, pourquoi il se ferait chier à frapper. lip passe la carte dans la porte pour l’ouvrir et rentre, une odeur de brulé lui saisi les narines et le fait froncer le nez. il suit l’odeur pour se retrouver dans la salle de bain. il découvre serra complètement dépitée comme si elle venait de tuer quelqu’un. lip regarde la machine à laver de la chambre. c’est la première fois que quelqu’un arrive à faire sentir le brulé à une machine à laver, serra est vraiment forte. lip soupire. « tu déconnes, là ? » il se penche pour examiner les dégats. « comment t’as réussi à faire ça ? j’t’ai déjà expliqué milles fois : y’a un soucis, tu m’appelles, tu touches à rien. t’as deux mains gauches, pourquoi tu t’obstines ? » il l’engueule gentiment. serra fait toujours des ravages quand elle essaie de réparer quelque chose par elle-même. lip passe sa main derrière un tuyau et tire dessus. toute l’eau de la machine se répand sur le sol. serra ne bouge pas. « serra ? c’est le moment d’essuyer, là… » il lui ordonne doucement. des fois, il se demande ce qu’il peut bien se passer dans la tête de cette fille. et comment elle s’en sortirait si lip était pas là pour assurer ses arrières. il a beau gueuler, lip serait toujours là pour relever serra.

oups. tu sais pas trop c'que t'as fait pour en arriver là, mais la machine à laver, tu crois que tu viens tout juste de la tuer pour toujours. donc t'as appelé, quand même, histoire d'essayer de sauver la face, parce que t'as pas les moyens de rembourser une machine à l'hôtel. c'est un peu trop pour ton budget très serré, entre ce que tu envoies à ta famille et tes propres frais (qui sont moindres). et c'est dans un coin de la pièce que t'attends, complètement dépitée à l'idée même de devoir rembourser ce genre de machine hors de prix parce que t'as simplement essayé d'aider. ça partait d'une bonne intention, mais tu sais pertinemment que c'est le genre de choses que les gens ne prennent pas en compte. et boum, voilà Lip. tu savais très bien que c'était lui qui allait arriver pour t'aider, et évidemment, sa réaction ne se fait pas attendre. désolée., oui, t'as déconné à mort mais au moins, t'as essayé. sauf que même ça, il te le reproche. j'pensais que c'était rien..., tu lâches. aucune idée de comment j'ai fait. je pourrai même pas le refaire., tu complète ta réponse, mais c'est pas sûr que ce soit en ta faveur. en fait, t'es même sûre et certaine que c'est plutôt en ta défaveur. il touche deux trois trucs, y'a de l'eau qui se répand sur le sol mais t'es trop occupée par tes pensées concernant ton budget. comment faire pour rembourser ça. et le voilà qui râle parce que tu n'essuie pas. ah. euh... oui, désolée., tu cours vers ton chariot prendre la serpillière et son seau pour essuyer pendant qu'il continue d'essayer de rattraper ton massacre. c'est réparable ?, tu demandes, avec appréhension. j'ai super peur de devoir rembourser, maintenant., t'as pas peur de parler de tes doutes avec Lip, il a toujours été là pour toi, il connait ta situation et c'est l'un de tes repères ici, et t'as pas envie qu'il ai de problèmes non plus à cause de cette histoire, pour tout dire.

dans sa tête, lip remplaçait souvent les gens part des animaux ou des objets ou, par n’importe quoi qui semblait correspondre à la personne. serra, il avait eu du mal à trouver, il avait cherché longtemps à quoi la comparer. il avait fini par choisir des blancs en neige. le genre de truc que tu galères à faire et une fois que c’est fait, faut plus y toucher sinon ça retombe. serra, il avait eu du mal à l’approvoiser, et maintenant il avait peur de la casser en la touchant, alors il essayait autant que possible de la chouchouter pour pas qu’elle retombe. il savait bien que serra avait parfois besoin de quelqu’un pour lui tenir la main et éventuellement pour lui dire qu’elle déconnait. sans trop en parler, sans y réfléchir, lip avait pris peu à peu ce rôle. c’était pas son truc généralement de s’occuper des autres, mais serra n’en demandait pas beaucoup, ça suffisait à lip. « c'est réparable ? » elle demande. lip continuait d’essayer de masquer la fuite avec sa main, son visage était trempé. « j'ai super peur de devoir rembourser, maintenant. » d’un geste, lip réussi à couper l’eau. il s’essuya le visage dans son tshirt. « tu vas rien rembourser du tout, personne saura que c’était toi. et j’vais réparer ça. continue d’essuyer. » il dit d’un ton convaincant. lip retrouva un trou dans un tuyau. « j’pourrais pas la réparer aujourd’hui, j’ai pas ce qu’il faut. je le ferai demain. » il explique. « tu peux finir d’essuyer toute seule – sans toucher à la machine ? » il demande en attrapant une serviette pour finir de s’essuyer. « eh serra, t'en parles pas à ce con de guiseppe, il va te balancer lui. » il ajoute.

la machine se vide de son eau devant tes yeux. et devant ceux de Lip, surtout, qui se protège comme il le peut, avec les moyens du bord : sa main. c'est presque drôle. enfin, ça le serait si t'étais pas si angoissée par les possibles conséquences que ça risque d'impliquer. mais il finit par couper l'eau, et t'es soulagée pour vous deux. tu vas pouvoir enfin voir le bout de cette flaque qui ne cesse de s'élargir, et il va pouvoir la réparer. en tous cas, c'est ce que tu espères. en attendant, il fait des phrases courtes, semble concentré et te dit de ne pas t'inquiéter, comme si c'était si facile. tu continues d'essuyer, comme il te l'ordonne. mais avec Lip, c'est différent, t'as pas l'impression d'être une exclave contrairement à d'autres personnes. parce que c'est Lip, certainement. parce que tu sais qu'il ne t'en veux pas, même s'il est un petit peu (un tout petit peu) agacé, parce que t'aurais pas dû y toucher, à cette machine. et la sentence tombe, il ne pourra pas la réparer aujourd'hui, et tu ouvres la bouche pour contester mais il ne te laisse pas le temps d'en placer une. plus le droit de toucher à la machine. ou-, tu te coupes avant de rajouter le son final, ah non., tu conclus finalement. y'a de l'eau dessous., c'est vrai, je vais être obligée d'y toucher., pour la pousser, pour éviter qu'elle ne prenne encore plus un coup, en fait. et le voilà qui te dit que Guiseppe te dénoncerai s'il savait. tu restes bouche-bée une seconde, en réfléchissant à ce qu'il pourrait faire, dans ton esprit. et finalement, tu secoues la tête. non... il ne ferait pas ça., non, c'est impossible. il me défend, toujours., et ça fait déjà deux fois, qu'il te sauve la mise alors que t'étais presque fichue. et ce, en seulement deux jours. mais maintenant, tu sais également pour toi. mais c'est peut-être de la naïveté, mais t'y crois, dur comme fer. il est pas comme ça., tu le défends. tu l'aimes trop pour laisser Lip l'insulter comme ça non plus. et pourtant, tu l'aimes aussi, Lip. mais pas autant. pas de la même façon.

lip n’avait rien contre guiseppe. c’était le fils du patron, ça suffisait pour pas avoir totalement confiance en lui. il le connaissait pas plus que ça, mais il préférait que les choses restent ainsi. il faisait sa vie sans se préoccuper de ce mec, c’était très bien comme ça. l’ennui, c’était que pas mal de filles faisait leurs vies en se préoccupant de lui. bien trop. serra en faisait partie, lip le savait. et rien que ça, ça suffisait pour l’inquiéter. il était pas pessimiste. mais guiseppe gagnait (du moins son père) des millions et serra était à deux doigts de pleurer à l’idée de rembourser une machine à laver. ils étaient très loin d’être égaux. lip voulait juste protéger serra d’un mec qui pourrait se jouer d’elle. « il est pas comme ça. » lip haussa les épaules. il ne voulait pas entamer une nouvelle guerre contre serra à propos de guiseppe. il n’aurait même pas du en parler. « lui dis rien, c’est tout. » il conclu. lip pris son courage à deux mains et souleva de moitié la machine à laver. « passe la serpillère en dessous pendant que je soulève. pas deux heures hein, ça pèse quatre tonnes ce truc. » pendant que serra s’occupait d’éponger, lip essayait d’oublier le poids de la machine en rêvassant. une fois qu’elle eu fini, le brun lâcha la machine qui retomba en faisant un bruit sourd. elle était plus à une panne près. lip s’essuya le front. « allez, mets la chambre en travaux, je reviendrai demain. » dit-il. il attrapa sa caisse à outils et entraina serra avec lui. « viens on redescend, je te paye un coup à boire. » dit-il.

il conclut simplement de ne pas lui en parler. alors tu te contentes d'hocher la tête. d'accord., tu lâches avant qu'il ne soulève la machine pour que t'y passe la serpillère. il t'ordonne de te presser et tu t'exécutes, aussi vite que tu peux. je suis pas un robot, quand même., tu réponds avec un sourire. et puis finalement, t'as réussi à tout éponger et t'es contente. la très fine couche d'eau séchera toute seule. tu ranges tout ça et t'entends la machine faire un bruit sourd contre le carrelage et tu ne peux t'empêcher de grimacer. t'es sûr que le carrelage a apprécié ?, tu demandes avant de regarder la machine avec une nouvelle grimace. non parce que t'as pas non plus envie de payer le sol de la salle de bain. tu le suis vers l'extérieur derrière ton chariot puis met un écriteau sur la porte pour annoncer les fameux "travaux". tu le suis, abandonne ton chariot dans le local prévu à cet effet et descend à sa suite. une fois dans l'ascenseur, tu lances j'suis vraiment désolée, je sais que j'aurai pas dû toucher., parce que vraiment, t'es gênée là. ça t'emmerde de le foutre dans la merde. et puis finalement, une fois arrivés à bon port, tu demandes simplement : j'ai des trucs à te raconter., genre la soirée avec Guiseppe. tu sais que Lip va pas aimer, va le démonter et toi avec, mais t'as besoin de lui en parler. mais d'abord, toi, quoi de neuf ?, tu ornes ton visage d'un sourire. t'es à l'aise avec Lip, vraiment à l'aise.

lip décica qu’il valait mieux qu’ils sortent de la chambre. surtout serra, si elle ne voulait pas avoir des problèmes, il ne valait mieux pas qu’on la voit trop trainer ici. il l’entraina avec lui au rez-de-chaussé dans la partie réservée au staff. ils avaient un petit bar personnel, où chacun se servait. lip rêvait d’une boisson bien fraiche. le temps à capri commençait à devenir lourd, annonçant la belle saison. le brun passa derrière le bar et ouvrit le frigo. il attrapa une canette de coca pour lui. « j'ai des trucs à te raconter. » il se tourna vers elle, un regard interrogateur. « mais d'abord, toi, quoi de neuf ? » lip hausse les épaules. il acceptait d’écouter les autres, ça lui déplaisait pas d’aider et d’arranger les histoires de tout le monde, mais en ce qui concernait ses histoires à lui, de toute évidence c’était une autre paire de manches. « tu veux boire quoi ? » demanda-t-il, détournant vaguement le sujet. entre lolli, gaia, les autres femmes de l’hôtel, son boulot et sa mère qui le harcelait de lettre (le téléphone portable n’avait jamais trouvé sa place dans sa vie), il préférait s’épargner le moment de mettre ses histoires sur la table. lip ouvrit sa canette d’un pshit. il but une longue gorgée qu’il ressentit comme un salut, après cette interminable journée. « alors, vas y raconte moi ce que t’as à me dire… » dit-il, en s’appuyant contre le comptoir pour écoute serra.

qu'est-ce que tu veux boire ? tu réfléchis deux secondes, avant de demander à Lip, la tête presque à l'intérieur du frigo : un coca, s'il te plait., et finalement, le voilà qui te regarde de l'autre côté du comptoir. tu dois lui raconter, maintenant que ton coca est sur le comptoir et que t'as un faux barman devant toi. tu fais tourner ta canette entre tes doigts, et avoue, sans rougir légèrement. c'est... à propos de Guiseppe., tu lâches, avant de regarder autour de toi à la recherche d'une caméra de surveillance. t'aimerais pas compromettre, ni toi, ni Guiseppe dans cette histoire. et finalement, lorsque t'en trouves une, tu chuchotes un peu plus bas, en te rapprochant légèrement du comptoir. tu sais si... elle enregistre le son ?, non, parce que cette idée te terrifie tout bonnement. parce que je peux pas en parler comme ça, non plus., tu tiens à ton job. tu tiens vraiment trop à ton job pour tenter le diable.

lip sort un coca pour serra et lui sort un verre, avant de poser le tout sur le comptoir. il en profite pour se servir une bière et reporte une nouvelle fois son attention sur la poupée en face de lui, attendant la suite. « c'est... à propos de guiseppe. » lip fronce le nez en souriant. evidemment, c’était toujours à propos de lui. lip détestait pas tellement guiseppe, en fait, il avait l’air plutôt cool dans le fond. mais c’était le fils du patron et aux yeux de lip ça suffisait pour ne lui accorder aucune confiance. « tu sais si... elle enregistre le son ? parce que je peux pas en parler comme ça, non plus. » lip suit le regard de serra vers la caméra. il pinça les lèvres. il oubliait trop souvent l’existence de ces foutues caméras. il boit une gorgée de sa bière. « arrête ta parano, j’suis même pas sur qu’elle filme pour de vrai. » il dit. c’était vrai. il connaissait des hôtels, des restaurants, des boutiques, qui mettaient de fausses caméras. parfois, ça suffisait amplement pour calmer les petits cons. « allez, qu’est-ce qu’il a fait encore ton prince charmant ? » dit-il, oubliant les caméras et ce qu’elles avaient pu voir de lui, et ses diverses conquêtes.

il n'est pas sûr. ça laisse une large. t'aurais aimé qu'il soit sûr que non, il n'y a pas de son, que tu peux te confier tranquillement. t'as trop peur de perdre ton travail, et apparemment, il ne croit pas que ce soit si grave. sauf que si, là, tu risques gros. et Guiseppe aussi. et t'as pas très envie qu'il ai des problèmes, et t'as encore moins envie de perdre ton job. ça voudrait dire que tu retournerais chez toi. avec un argent hypothétique que tu n'as pas. ton prince charmant., ça te fait sourire. ça t'amuse. et en même temps, c'est le sourire de la fille amoureuse. tu chuchotes donc, des fois que les caméras ne soient pas factices. avant-hier. il m'a embrassé après une soirée., tu lâches, histoire de prouver que c'est pas rien. mais c'est pas le pire., tu chuchotes de nouveau. mais tu lui laisses le temps d'avaler la première partie, déjà.

venant de serra et surtout venant de serra à propos de guiseppe, lip s’attendait à peu près tout. et puis si elle commençait à s'alarmer pour les caméras, c’était peut-être même qu’elle avait fait une connerie. instinctivement, lip commençait à s’inquiéter pour elle (c’était plus fort que lui) et à chercher des solutions à d’éventuels problèmes qu’elle pourrait avoir. il s’imaginait soudain le pire. mais serra repris la parole. « avant-hier. il m'a embrassé après une soirée. » eh voilà, c’était sur que ça finirait comme ça cette histoire là. lip a un petit sourire (moqueur). serra était du genre à s’emballer pour un baiser. « mais c'est pas le pire. » ah. bon. elle s’emballait peut-être pas juste pour un baiser finalement. lip but une nouvelle gorgée de sa bière. « qu’est-ce qui peut être pire que d’embrasser guiseppe ferrerra ? j’vois pas… » il dit en riant, pour dédramatiser la situation, vu que serra semble complètement effarouchée par cette révélation.