florrie n'a jamais connu papa et c'est très bien comme ça. un homme d'affaires et une femme de chambre, ça pue le cliché. sauf qu'ils l'avaient pas prévu, la troisième inconnue. alors il a sorti les jolis billets vert (pas pour la payer, elle) histoire de la faire taire. solution de facilité, hors de question de prendre ses responsabilités. ça vient sûrement de là, son horripilation pour les gens de la "haute", sûrement même. elle crache dans la soupe florrie, c'est pas bien de critiquer ceux qui lui permettre de dormir et manger. ☆ l'une des choses que l'on peut lui reconnaître c'est son langage peu vulgaire en soi, malgré sa personnalité des plus farouches. faute de pouvoir lui offrir tout ce qu'elle désirer matériellement, c'est une très bonne éducation que s'appliqua à lui enseigner sa figure maternelle. peu adepte des insultes, elle préfère utiliser les mots plus durs, plus cassants. du moins, quand elle n'est pas déjà parti au quart de tour. ✮ florrie et les études, ça fait deux. elle n'a jamais eu l'occasion de les apprécier ni même de s'y prêter. des choses plus importantes à faire. il faut dire qu'entre perdre son temps des heures derrière une table et rapporter à manger à la maison, le choix était vite fait. elle la voit bien alors, florrie, la culpabilité dans le regard dans sa mère. mais elle ne lui en veut pas, c'est comme ça. ☆ elle aimerait bien voyager, la brune. partir sans jamais se retourner. naviguer sans fin entre les continents. aussi, elle collectionne les catalogues de voyages. usa, australie, tanzanie... elle aime bien s'y imaginer tandis qu'elle laisse ses doigts effleurer les pages. ✮ s'il y a bien quelque chose qu'elle ne supporte pas, c'est vivre à la botte de quelqu'un. elle veut être indépendante, florrie, à n'importe quel prix. comme celui auquel elle s'offre par exemple. et même si elle a honte parfois (souvent) elle n'y change rien, pourvu qu'elle ne doit rien à quelqu'un. ☆ désinvolte dans l'âme, elle s'échauffe très vite la gamine. un geste maladroit, le mot de trop et elle vous saute à la gorge. elle ne perdra jamais le temps d'user ses cordes vocales, préférant briser ses phalanges. ✮ elle déteste que l'on prenne sa défense, convaincu de pouvoir le faire seule. dépendre de quelqu'un, très peu pour elle, elle préfère garder ses emmerdes. ☆ elle parle pas beaucoup florrie, préférant se taire si ce n'est pour rien dire. elle encaisse, jour après jour. un peu de tout. sa tristesse. son amour. elle ne laisse rien passer, rien s'échapper. et lorsqu'elle s'y perd, laisse échapper des mots un peu très beaux qu'elle craint regretter, elle se recroqueville davantage. elle veut pas qu'on la blesse, quitte à passer pour un bloc de glace. ✮ c'est une vraie boule d'énergie, florrie. elle ressent toujours le besoin de s'occuper, de bidouiller. hyperactive, la gamine. alors elle aide, fait bien souvent plus qu'on lui demande. masseuse, balayeuse, les reconversions professionnelles sont diverses et variées. elle pourrait même se prétendre au domaine musical tant elle chantonne à tue-tête pour se donner un peu de courage. ☆ florrie, elle pense beaucoup trop. surtout à lui, en ce moment. lèvres closes, cerveau en fusion. elle peut songer durant des jours à une futile conversation qui la turlupine. mais aussi à lui, surtout. ça la bouffe. surtout lui. de l'intérieur. alors elle préfère fermer les yeux, solution de facilité. merci papa.

#1. tu connais l'italie ? florrie, elle y née. juste née. de là à dire qu'elle la connaît sous tous les angles, non. loin de là. pas le temps pour la parcourir de part en part. pas l'argent aussi, surtout. elle a jamais vraiment quitté sa petite île et ça lui convient comme ça. #2. et capri, t'en penses quoi ? capri, elle la trouvait jolie. pleins de beaux souvenirs, à leur façon. tant qu'il y avait de l'amour, celui de sa mère, ça lui suffisait. mais elle étouffe, florrie. elle a beau l'aimer, elle veut la quitter. pour tout recommencer. c'est beau de rêver. la seule chose qu'on ne pourra jamais lui enlever. #3. la villa médicis, t'y es pour quelle raison ? l'argent. y a que ça de vrai, la seule chose qui permet de subsister désormais. alors elle redouble d'efforts, parce qu'elle n'a que ça (et ouvrir ses cuisses aussi) qu'elle s'est faire. #4. tu penses y rester ? tant qu'elle peut y récolter quelques liasses, oui. et peut-être qu'un jour elle décidera enfin de se barrer. tout quitter. sa vie. sa mère. pas demain la veille, quoi. #5. quels sont tes plans dans les jours à venir ? travailler, jour et nuit. surtout la nuit, en fait. et comprendre c'est quoi son problème, à cette touffe brune qui n'arrête pas de l'harceler.

just tell me
what I have to do,
to keep myself apart from you
all your colors
start to burn
※ ※ ※

we live our lives like we're ready to die //
Yeux fermés. Lèvres closes. Il n'y a plus aucun bruit depuis quelques minutes. Un silence pesant depuis que les respirations ont cessé de s'affoler. Parfois, elle aimerait bien oublier tout ça. Cette vie. Ce corps. Florrie se sent sale mais ne fait rien pour changer les choses. À quoi bon ? Et pourquoi, d'ailleurs ? C'était sa seule façon de (sur)vivre. Alors, elle se redresse, jette un regard à travers la pièce. Jambes tremblantes, gorge nouée, elle quitte les draps sales d'un ébat qu'elle n'aurait jamais consenti sans quelques billets. Florrie a envie de vomir lorsqu'elle se ressasse toute cette belle soirée, comme il aimait si bien la nommer. Un homme d'affaires, pourri, les poches pleines. Comme tout ceux résidant sous le toit de cet hôtel. Comme son père. La pensée de trop. Elle aurait presque envie de pleurer si elle n'avait pas autant envie de gerber. Le sol tangue sous ses pieds, alors qu'elle rassemble ses affaires. Elle profite qu'il soit parti sous la douche pour se rhabiller, rapidement. Pour partir d'ici. Rapidement. Florrie remonte sa jupe, réajuste son débardeur. On pourrait presque la prendre pour une fille comme les autres. Banales. Transparente. Elle ne demandait que ça, la gamine. Tu pars déjà ma jolie ? Elle s'immobilise, un peu. Grimace, beaucoup. Florrie bouillonne de l'intérieur. Pourtant elle ne dit rien, préfère garder le silence. Pour éviter le mot de trop. Pour éviter de déconner et tout faire basculer. C'est qu'ils avaient presque sa vie au creux de leur main, ces salauds. Du moins, l'argent qu'il la faisait manger. Dormir, aussi. Du moins, durant le peu d'heures où elle n'était pas sollicitée. Il s'avance jusqu'à elle, pose ses mains sur elle. Aucune réaction. Pas le moindre frisson. Florrie a arrêté de compter depuis le temps que ce genre de geste ne la fait plus vibrer. Trop habituée. Dégoûtée, aussi. Dommage, on s'amusait bien. Elle soupire, discrètement. Passe une main dans ses cheveux, pour se donner une certaine contenance. Il a déjà le dos tourné, le meilleur moment de la soirée. Celui de faire les comptes. Ouais, mais j'dois y aller là. Elle est trop entière Florrie. Ça pue l'hypocrisie, tous ces mots qui s'échappent de sa bouche. Lorsqu'il revient vers elle, elle tend le bras vers la liasse qu'il s'apprête à lui tendre. Mais c'est la mâchoire de la belle qu'il attrape au vol. Hep, qu'est-ce qu'on dit ? Ce sourire méprisant qu'il a sur les lèvres, elle voudrait tant lui faire bouffer. Mais elle se contente de froncer les sourcils, de le repousser un tant sois peu. Comme elle peut. Un peu maladroitement, elle attrape la liasse. Le mord, sans la moindre douceur, ses lèvres lorsqu'il tente de lui voler un baiser. Il saigne presque. Quelle sauvage... C'est pour ça que je t'aime. Elle allait vraiment finir par le refaire, ce sol. La semaine prochaine, même heure. Ça résonne dans sa tête lorsqu'elle s'enfonce enfin dans le dédale de couloirs de l'hôtel. Elle a la tête qui tourne. Y a son cerveau qui fait bim bim bim dans sa tête. Ça fait mal. Lui donne la nausée. L'heure d'aller de se doucher. Comme si ça pouvait l'épurer. C'est beau de rêver.

can you save my bastard soul? //
Florrie traîne un peu des pieds, marche d'un rythme pas très régulier. Elle sait plus vraiment depuis combien de temps le soleil a pris ses jambes à son cou pour laisser la lune régner. Mais elle s'en fiche, la belle, de traîner aussi tard le soir. C'est que ça fait un moment maintenant qu'elle a plus peur du noir. Puis la soirée n'était pas si terrible que ça, cette nuit-là. Il l'avait presque sauvée, le Mae, lorsque son portable  s'était mis à vibrer. Un rejoins-moi blabla, salaire blabla. Elle était presque soulagée de pouvoir quitter ce bar auquel elle s'était accoudée. Laissant consciemment les fauves la dévorer du regard, laissant les bêtes s'emparer d'elle dans le noir. Ouais, elle s'en tirait plutôt pas mal ce soir. Presque comme un congé quand le Bianchi l'appelait pour qu'ils passent ensemble la soirée. Florrie avait presque accéléré le pas dès qu'elle avait vu son prénom s'afficher. Mais ça, elle le garde pour elle. La Villa Medicis se dessine devant elle et déjà elle cherche sa silhouette du regard. Il ne devrait pas être loin. Il n'est jamais loin, Mae, de toute façon. À quelques mètres, au détour d'un couloir, dans sa tête aussi un peu parfois (mais ça aussi, elle le garde pour elle).Un soupire s'échappe de ses lèvres. Poupée abîmée cherche son chevalier. Hé. Elle sursaute presque, alors qu'elle retient un coup. À peine impulsive et parano la gamine. Salut. Simple. Froid. Florrie, quoi. À croire que ça lui arracherait la gueule de se montrer agréable avec lui. Pour une fois. Juste une seule fois. Elle préfère garder ses distances. Davantage avec lui et ses petites manies. Tiens. Quelques liasses de billets maladroitement tendus, presque timidement et s'est reparti pour leur petite comédie. Se tenir la main, se balader. Il est vraiment taré. Y a quelque chose qui doit pas bien tourner là-haut, qu'elle songe bien souvent. Parce que c'est la seule explication. Plausible. Elle comprend pas autrement pourquoi il s'accrocherait tant. Florrie elle est pas jolie. Le visage tiré par la fatigue, le corps abîmé par toutes ces soirées qu'elle ne passe pas à ses côtés. Aussi bien intérieurement qu'extérieurement. Alors souvent, elle se retourne. Regarde partout autour d'eux. Pas à l'aise, la gosse. Elle cherche toujours où est le problème. L'arnaque. Si y a pas ses potes planqués quelque part dans le noir. Parce qu'elle comprend pas Florrie. Elle comprend toujours pas pourquoi. Ou alors elle ne veut pas comprendre ? Au choix.