Florrie, elle vagabonde dans les couloirs. Premier. Deuxième. Troisième. Quatrième étage. Elle les parcours. Dans un sens, dans l'autre. A l'endroit, à l'envers. Ça fait depuis quelques jours (deux ou trois en fait, c'est juste pour se donner bonne conscience qu'elle exagère) que Florrie s'implique autant dans son travail. Pour penser à autre chose. Beaucoup de chose. Du moins pas qu'à Mae. Parce qu'il l'est bien souvent, Mae, au centre de ses pensées. Le matin, le midi, l'après-midi, le soir et la nuit aussi. Il prend toute la place, sans permission, sans gêne. Mae tout craché. Florrie, ça l'inquiète. L'effraie, aussi. Elle est pas habitué. Les garçons, d'habitude, elle crache dessus. Les insultes, les méprise d'un seul regard. Y a des exceptions à la règle évidemment, comme Lip et Mae par exemple. Mais Mae l'exception commence sérieusement à s'imposer et Florrie à de plus en plus de mal à résister. Il l'aide pas vraiment. Avec tout ses sourires. Toutes ses paroles. Mae lui rend la vie plus belle mais n'efface pas l'autre réalité. La vie de Florrie. Y a Mae partout. Dans sa tête, au creux de sa main, sur ses lèvres mais c'est les richards qui occupent tout son temps. Ceux du troisième, deuxième. Dehors aussi. Florrie a envie de les tuer quand bien même ils lui changent les pensées. Parce qu'il faut pas tout le temps passer à Mae. Le laisser prendre trop de place trop vite. Mae il s'immisce à la vitesse grand V Juste-là et Florrie a du mal à l'arrêter. Ca la fait soupirer un peu alors qu'elle gravit le rez-de-chaussée. Elle est un peu crevée Florrie, direction la chambre à coucher. Elle a les pieds sur terre mais la tête dans les nuages, si bien qu'elle la sent pas tout de suite, la présence derrière elle. Le code, elle le tape machinalement, c'est automatique. La porte menant au couloir du staff s'ouvre et Florrie fronce les sourcils en remarquant une ombre imposante derrière elle. Ils sont pas si rare, les clients qui cherchent à s'immiscer ici. Surtout pour retrouver des serveuses, là-plupart du temps. Ça la réveil, un peu. L'exaspère, beaucoup. "Tu veux de l'aide pour..." Qu'elle commence. C'est assez agressif. Florrie, elle a jamais su trop faire dans la douceur. Sauf un peu avec... "Mae ?" Qu'est-ce qu'il faisait là ? Et si on les voyait ? Florrie, elle s'en fou des regards des autres. De son patron un peu moins. Clients et employés, c'est pas toléré et tout le monde le sait. "Tu peux pas te pointer comme ça, je peux me faire dégager si on nous voyait." Elle est sévère un peu mais elle essaye de parler doucement. Elle jette un regard devant elle. Personne. Derrière eux par contre... "Dépêches-toi !" Qu'elle lui murmure alors qu'elle le tire à l'intérieur du couloir avant de fermer la porte du staff. Elle se jette presque sur la poignée et elle cogne contre Mae qui ait quasiment adossé à la porte. Elle se recule vite. Cette fois, elle peut pas compter sur la nuit pour dissimuler ses deux radiateurs au niveau des pommettes. "Qu'est-ce que tu fais ici ?" Qu'elle demande comme si de rien n'était. Parce que Florrie, elle a toujours autant de mal à avouer. Que ce soit bien dissimulé ou clairement grillé. Florrie elle a toujours joué la comédie et peut-être que jamais ça n'en sera fini.

t'arrêtais pas de penser à la nuit que t'avais passé, avec florrie, main dans la main, comme des adolescents sous le soleil des étoiles tremblantes. t'as l'impression que tu pourras jamais te la sortir de ta tête, qu'elle va te bouffer, de la tête à l'âme, des lèvres au coeur (si seulement) telle une lionne enragée pour ne laisser sur le sol froid que des fragments de toi par-ci par-là. juste des morceaux d'âme déchiquetés par un amour impossible. un rictus se fond sur le coin de tes lèvres, tandis que tu vagabondes le long des couloirs pour rejoindre l'accueil, sweat gris et des adidas enfilées à l'arrache. (dieu sait combien les bianchi détestaient te voir avec des baskets souillées par la terre, par les voyages et les aventures) y'a toutes ces images qui défilent, toi et florrie dans cette voiture, vous échangeant parfois des regards un peu épris, un peu timide, toi et florrie foulant le bitume d'un pas rapide, avec vos bonbons et chips volés pleins les bras, et surtout toi et florrie, et sa respiration légèrement haletante sur ta peau brunée. (merde quoi, ta gueule mon coeur, on t'entendrait presque battre de l'autre côté du couloir) puis tout faire pour sortir toutes ces idées noires de ta tête, y'a rien qui se casse quand tu soupires, y'a rien qui veut s'en aller à chaque fois que tu dégueules la fumée de ta cigarette, ça sert à quoi ces foutues cancéreuses alors sérieux. et là, tu te tournes la tête vers le couloir menant aux chambres du staff (comme si t'avais fait ça toute ta vie, bizarrement) et t'aperçois florrie. tes idées font qu'un tour dans ta tête d'écervelé, tu t'élances, sans bruit, jusqu'à te faufiler derrière elle. merde, t'allais dire quoi, t'as aucune idée, ça fait carrément psychopathe de dire que tu veux entrer dans sa chambre pour... pour rien quoi. tandis qu'elle tape le code, ses doigts se retire, avant de laisser son corps se retourner vers toi. sa voix se veut agressive, froide, elle soupire aussi fort que toi (mais sûrement pas pour les mêmes raisons) puis d'un coup, t'oses imaginer une étincelle dans ses yeux lorsqu'elle te remarque enfin. tu lâches un salut l'air de rien dès qu'elle souffle ton prénom, puis y'a tout qui se met à défiler comme dans un manège à sensations, elle attrape ta main, parle un peu en même temps, te donne des ordres. tu finis adossé contre la porte, qu'elle s'est empressée de fermer juste avant. "qu'est-ce que tu fais ici ?" ouais. bonne question, qu'est-ce-que tu fous ici, t'es tellement con parfois. durant ces secondes s'étant écoulées comme la plus belle des éternité dans ta tête, t'avais pas l'temps de penser à une excuse, vite. faut que tu trouves. heu bah... tu frottes tes cheveux d'une main nerveuse, un léger sourire gêné aux lèvres. (ça change pas de d'habitude en fait) on... j'me fais poursuivre par noa, 'fin on fait une sorte de cache-cache dans la villa, du coup, j'me suis dit qu'ici ça serait une bonne cachette ? crédibilité, au top, bravo wow. t'essayes d'éviter son regard azur. t'as pas envie de le croiser en fait, celui du fauve en cage, les yeux remplis de dégoût envers ta personne. parce qu'avouons-le, ce genre de situation arrivait plutôt souvent à florrie t'imaginais. et normalement, l'homme qui se faufilait entre les portes n'espérait pas seulement une visite guidée des lieux. tu scrutes l'horizon, et les murs épais qui vous entourent, vous encerclent, vous traquent. c'est la première fois que j'viens ici, c'est super cool dit donc. t'as l'air d'un gros gamin, la tête en l'air, et tournant sur toi-même afin de ne louper aucune parcelle de papier peint ou des lumières artificielles ensoleillant le couloir. désolé de débarquer à l'improviste comme ça, j'devrais pas être là alors si tu veux que j'm'en aille...

Elle est complètement paniquée, Florrie. Mae lui a laissé le temps de rien. De se préparer. A la confrontation. D'ériger ses défenses, d'enfiler son masque. Florrie joue l'indifférence mais y a tout son corps qui hurle le contraire. Mais la brune persiste, baisse le regard, la tête. Pour pas le laisser constater tout l'effet qu'il lui faisait. Ce serait presque signer son arrêt de mort. Parce que Florrie a peur, encore. Florrie réfléchit trop, toujours. Elle arrive pas à se laisser aller. A s'extasier qu lieu de le réprimander. Elle aimerait bien pourtant. Qu'il y ait que des sourires et des carresses comme la nuit passée. Mais y a que des mots pas très beaux et des pas à reculons. Florrie, elle sait pas trop comment agir avec lui. Mae le mystère. Point d'interrogation. Elle ose pas trop croiser son regard. Mae l'hypnotiseur. Alors elle hoche bêtement la tête à son explication. Elle écoute qu'un mot sur deux avant de hausser un sourcil interragteur. Sérieusement ? La tension est électrique mais Florrie rit un peu. Ça fait complètement bizarre. Même elle est pas habituée. Mutin sourire au coin des lèvres, elle tâche de ne pas trop paraître moqueuse. "Je te laisserai plus de temps la prochaine fois pour imaginer une bonne excuse." Florrie ou la reine des sous-entendus. Ou comment lui faire comprendre son peu de crédibilité ou encore lui laisser espérer une autre fois. Parce que Florrie, c'est la première à le fuir mais aussi à le rattraper. Elle arrive pas à se décider. Tâche de ne pas trop foirer. Tant qu'il est encore là, tant qu'il ne l'abandonne pas. Parce que ça finit toujours comme ça. Hein papa ? Florrie, elle relève la tête. Mae observe les alentour. Florrie observe Mae. C'est un véritable cirque ambulant leur histoire. "Ouais, c'est... cool." Elle reprend ses mots, hoche un peu la tête. Parce que Florrie, c'est pas tellement le genre à cracher dans la soupe qui la nourrit. "Puis les chambres sont sympas" Elle commence a partir en vrille Florrie, faut dire qu'elle a pas honte de l'avouer, avec les dix mètres carrés dont elle était avant habitué avec maman. Puis elle se rend compte un peu de la gaffe. Y a sa main qui fonce se perdre dans sa crinière avant qu'elle ne se presse de formuler un "Enfin c'est super cool oui." pas vraiment naturel entre deux mots butés. Elle espère presque que Mae joue les idiots à pas comprendre lorsqu'elle relève un peu trop vite la tête. Réponds un peu trop vite aussi. "Oh non, restes ! Tu..." Y a les mots qui s'entrechoquent dans sa bouche. Sa langue qui s'emmêle et des sons qui se perdent. "Enfin tu peux rester." Ça bat très vite partout. Dans ses tempes, dans son cerveau, au niveau de son coeur, un petit peu très beaucoup vite, aussi. "Comme tu veux." Chut. "Enfin je sais pas..." Taits-toi. "Peut-être que Noa te cherches." Florrie raconte n'importe quoi. Ça l'énerve, de se vendre comme ça. Elle passe de tombe à moulin à parole à la lueur de ses joues un peu trop rouge. Alors c'est presque comme un réflexe. Sa main qui vient accrocher son bras. Comme la dernière fois. Elle baisse un peu la tête mais resserre ses doigts. C'est presque comme une supplication. Restes-là, m'abandonne pas. Pas tout de suite, pas encore. Florrie s'accroche. Mae la bouée-humaine. "C'est juste là-bas." Chambre 21. Elle pointe a peine la direction du doigt alors qu'elle l'entraîne dans son sillage. Comme si elle avait peur qu'il s'échappe. Qu'il lui échappe. Elle s'occupe même pas des possibles regards indiscrets. Des oreilles indiscrètes et des messes basses. Non. Florrie plonge et avec Mae au bout des doigts. "Désolé, j'avais pas prévu de la visite." Parce que y a pas vraiment foule qui vient ici. Espace privé. Y a que Mae, qui parvient à s'y faufiler. Mae. Mae. Mae. Ça fait des échos dans sa tête alors qu'elle se baisse pour ramasser tout ce qui jonché le sol. Vêtements, livres, papiers et emballages. Tout y passe. C'est un peu le bordel. Tout comme dans sa tête alors qu'elle jette un regard vers lui. "C'est pas toujours comme ça", si en fait, "Enfin, sûrement pas aussi bien que la tienne." Elle sourit un peu. Pour détendre l'atmosphère qui pèse sur leurs épaules. "Enfin, j'aime bien, j'ai pas à me plaindre." Parce qu'elle s'y sent à l'abris. Intouchable. Belle naïve.

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