MAE & SAM

il est dix heures du matin. j'ai encore passé une nuit à penser, à réfléchir. sur des trucs débiles aux trucs plus sérieux. j'me sens nostalgique, je manque de tout. les fenêtres sont ouvertes, ça laisse passer le léger vent du matin, qui vient doucement me caresser les cheveux, et bercer ce silence pesant. assise sur mon lit, à songer pour trouver une occupation plus divertissante, j'attends. je sais pas trop pour quoi, mais j'reste là, à rien foutre. dans ces moments-là, c'est comme si le temps s'arrêtait. comme si le monde cessait de tourner, et qu'il restait que moi sur cette foutue planète. ça semble m'arriver de plus en plus souvent, ces phases de solitudes. j'suis lassée de passer mes jours dans cet hôtel dont j'ai déjà bien assez fait le tour. je m'envolerai, un jour. soudainement, comme un oiseau. comme ça, je verrais le reste de la beauté du monde.
un son lourd vient rompre mes pensées. on toque à la porte. j'ouvre. c'est mae, dans toute sa splendeur. il m'avait manqué. j'me demandais bien combien de temps ça lui mettrai pour venir me trouver. il me lâche un d'ces sourires bien à lui, celui qui illumine ma journée jusqu'ici peu géniale. mae, il rend tout beau, tout joyeux. c'est comme ça que j'le vois, un des seul type qui arrive à me faire changer d'humeur en un mouvement. j'adopte une posture digne d'une fille sûre d'elle, heureuse, et je lui fait signe d'entrer. tout en le regardant fixement, je l'emmène vers le balcon, toujours sans dire un mot. on s'allume une clope, comme on a l'habitude de faire, et on s'adosse aux barreaux, explorant la vue. "c'est ici que je préfère être. on y voit tout, ou presque. t'y vois le monde en petit, et ce qui l'entoure. c'est joli. enfin, c'est ce que j'aime me dire." à ça, l'ami ne me répond qu'à une p'tite mimique en coin et tire sur sa cigarette, comme si j'm'étais loupée quelque part. j'ai fait une gaffe. ok, merde. fais quelque chose. je passe mon bras autour de mae, et j'lui fait une tête avec de grands yeux, qui se plongent dans les siens, tout en me rapprochant un peu. il se laisse faire, c'est déjà bon signe. mais y'a toujours ce vide, j'arrive pas à l'identifier, mais j'le comprends, mae, je sais qu'il est préoccupé. "pas très bavard aujourd'hui, t'es sûr que t'es bien ?" j'sais pas, mais j'm'inquiète pas. c'est bien un des seuls gars en qui j'ai confiance, j'suppose qu'il doit penser pareil pour moi. il est soucieux. j'continue de le regarder, de fumer, d'attendre une réponse. peu importe ce qu'il me dira, on est sam et mae, un duo inséparable. pas si unis que ça pour l'instant, mais j'y travaille.