je suis là, à cogner à sa porte, à cogner à notre porte. j'sais seulement que j'ai pas le droit aujourd'hui de rentrer en trombe, de foutre mon sac sur le sol, d'aller me prendre un truc à boire et de me laisser tomber sur le canapé. non, ça aujourd'hui, j'ai pas le droit. j'sais même plus si j'ai envie de rentrer, j'sais même plus si j'ai envie de repartir sur l'autre italie et de revenir que quelques jours plus tard. c'est pas comme si j'allais tant lui manquer, de toute manière, je la vois amoureuse, je la vois heureuse avec un gars mieux foutu que moi niveau gueule et tout le reste. j'vois pas ce que je fais encore ici. ouais, je le sais ce que je fais encore ici. ses yeux et son sourire. je veux toujours les voir, j'en rêve. je peux pas toucher, je peux seulement regarder. j'ai presque envie de rire tellement que je trouve ça pathétique. foutu sentiments à la con, ils peuvent bien aller crever au fond d'une poubelle que je serais même pas triste pour eux. sauf que le problème, c'est que la vie, c'est pas trop ça. je tourne la poignée et j'rentre à l'intérieur. l'appart est de la même couleur, les mêmes meubles, j'vois encore mes trucs sur la table. au moins, je suis certain qu'elle m'a pas déjà remplacé.

- serra, j'suis là.

pas besoin de lui dire que c'est maui. qui rentrerait comme ça en lui disant salut ? ah ouais, probablement son gars millionnaire. je ferme les yeux deux secondes et je les ouvre. elle est là, devant moi.

- salut.

ça va ? non, elle a une tête pire que ma mère quand je rentrais le soir avec un truc en sang. je dépose mon sac sur le sol et j'reste planté là, à regarder la plante qui est en train de mourir dans le coin du salon. elle doit manquer d'amour. peut-être que j'devrais lui proposer de venir passer une nuit dans mon lit, question qu'on soit en manque d'amour à deux. j'ai oublié, j'lui fais un petit salut de la main, timide.

t'es rentrée de ta soirée avec Guiseppe, t'es encore sous le choc de tout c'qui s'est passé. t'as dormi, aussi, entre temps. et tu te demandes, en te réveillant parce qu'à la porte, y'a quelqu'un qui frappe. t'as la terre dans le brouillard, tes yeux qui s'ouvrent et se ferment trop vite pour que tu puisses voir quoi que ce soit. mais tu sautes quand même du lit, prise d'un élan d'excitation dû au manque que t'as ressenti toute la nuit. il est pas là, Maui, et il t'a jamais tant manqué. et puis la porte s'ouvre avant que tu puisses faire quoi que ce soit, t'es encore assise dans ton lit. tu regardes l'heure, il es sept heures, ou tu rêves ? tu rêves pas. et lui, il avance dans la chambre. il est là. tu te lèves, tu te fous en face de lui avec ce regard inquiet et en colère, avant de finalement te radoucir. t'étais où ? tu m'as trop manqué., tu lâches avant de passer tes bras autour de son tronc et de coller ta tête contre la naissance de son cou. ça va ? qu'est-ce qui s'est passé ?, tu demandes, inquiète. j'pensais que tu rentrais hier soir, j't'ai attendu super tard, mais tu venais pas., tu te recules légèrement, le regarde dans les yeux. tu t'en fiches de son apparence physique, toi, tu l'trouve beau. tu l'trouve parfait, tu sais exactement qui il est, et il est génial.