Pleurer, elle avait juste envie de pleurer. Elle réalisait à peine tout ce qui s’était passé, était mitigée, traversée par des sentiments aussi divers que contradictoires. Elle était juste censée venir passer des vacances avec son copain et à la place, voilà où ça en était arrivée… C’était de sa faute, de toute façon. Elle ne se comprenait plus, ne se reconnaissait plus. Elle était juste perdue, complètement déboussolée, avait envie d’attraper son téléphone pour tenter de joindre l’un de ses frères et tout lui raconter. Non, mieux, sa meilleure amie à Séville. Comment allait-elle bien pouvoir se sortir de ce pétrin ? Une idiote, voilà tout ce qu’elle était, et encore, c’était pour rester poli.

Elle était sortie de la chambre de Timo et avait vite regagné les couloirs plus fréquentés par les clients. Il ne fallait pas qu’on la remarque. Elle ne savait même pas quoi faire, ne se sentait pas capable d’affronter Javier et de se détester encore plus qu’elle ne le faisait déjà. Mais il le fallait, elle le savait. Comment pourrait-elle seulement le regarder dans les yeux ? Alors lui avouer tout ça, c’était une autre histoire… Il lui avait offert ce séjour sans compter, sans regarder à la dépense, avec toute la gentillesse du monde, et voilà comment elle le remerciait. Elle avait envie de se cogner la tête contre tous les murs du monde.

Poussant un soupir à fendre l’âme, elle rejoignit l’ascenseur. Pas la force de marcher, elle risquait de s’écrouler dans les escaliers. Les portes commençaient à se refermer quand une jeune femme se précipita pour le rattraper. Esquissant un léger sourire, la blondinette s’apprêtait à lui dire bonjour. Mais son sourire se figea en reconnaissant Shea. Merde… La Rivera lui avait déjà prouvé maintes et maintes fois qu’elle ne l’aimait pas, et maintenant il fallait que leurs chemins se recroisent au pire des moments. « Salut » balbutia-t-elle malgré tout, parce qu’il fallait bien être poli, entre personnes civilisées.

Une certaine gêne s’installa, un moment de silence. Kayla avait baissé la tête, point barre. Shea devait certainement travailler ici, elle aussi, ils étaient inséparables. Elle commençait à se dire que l’ascenseur avait bientôt fini sa course quand, dans un grand bruit, il s’arrêta brutalement. Le choc projeta la fille Hernandez au sol et elle jura entre ses dents. Elle tenta aussitôt de se relever, un peu paniquée parce qu’elle n’aimait déjà pas spécialement les ascenseurs, alors… Pourquoi n’avait-elle pas pris les escaliers, hein ? D’un pas mal assuré, elle se rapprocha des boutons qu’elle détailla. « Tu sais comment ça marche ? »

Sa journée était terminée. Enfin. Elle n'avait qu'une envie, c'était de retrouver la chaleur de sa chambre pour ne plus la quitter pour les prochaines 24 heures minimum. Capri était censé être une bonne idée. Plus les jours passaient, plus elle se disait que c'était la pire des idées qu'elle ait jamais eu. Tout lui semblait étranger ici. Séville lui manquait. Ses habitudes lui manquaient. Timo lui manquait. Pourtant, Shea, elle savait qu'il était juste à côté, qu'il lui suffisait d'ouvrir la porte de sa chambre pour retrouver son jumeau et une partie d'elle-même. Mais elle en était incapable. Elle l'évitait au maximum, ces derniers temps, prétextant des sorties avec des amis ou des rendez vous auquel il ne pouvait pas assister. C'était égoïste de sa part, mais elle savait, Shea, qu'il lui suffirait d'un regard pour qu'il comprenne qu'elle lui cachait quelque chose, qu'il comprenne pour Kayla et pour Javier. Un regard et elle lui dirait tout. Elle lui parlerait de sa nuit avec Javier, de son envie de recommencer, de s'oublier dans ses bras et surtout d'oublier l'existence de Kayla. Elle lui dirait que pour la première fois de sa vie, elle aimerait plus, mais qu'il y a l'ancien amour de sa vie qui gâche tout, qui s'est immiscée une nouvelle fois pour lui pourrir la vie. Et ça, elle le refusait. Elle ne parlerait pas de Kayla à Timo. Elle avait été là quand leur histoire s'était terminé. Elle se souvient encore de la tristesse dans ses prunelles chocolats. Elle se souvient encore de la culpabilité qui s'était installée au creux de son estomac pour ne plus jamais la quitter. Pas réellement. Elle la camouflait et lui prétendait que Kayla ne comptait pas. Ils se mentaient tous les deux. Elle avait compté Kayla et si elle était partie, c'était de sa faute à elle. Parce qu'elle n'avait pas donné son absolution. Parce qu'elle n'avait pas admis qu'une autre femme puisse prendre autant de place dans la vie de son frère jumeau. Sa main se porte sur la poignée de porte, puis elle se tourne, n'ouvrant pas cette dernière. Elle l'éviterait encore et trimballerait sa tristesse dans l'hôtel, au bar, probablement. En rêvant à une vie où Kayla ne pourrissait pas la sienne. Mais la vie est une connasse. Elle entre dans l'ascenseur, son pire cauchemar se matérialise. La pimbêche. « Salut. » Shea se contente de lui adresser un regard noir. Elle n'avait aucunement l'intention de lui adresser la parole. Surtout parce qu'elle était effrayée à l'idée de dire j'ai couché avec ton petit-ami, je savais pas que tu existais, je m'en veux, un peu, mais après je me souviens que t'as fait souffrir mon frère et je me dis que j'aimerais bien recommencer. Alors Shea s'installe dans l'ascenseur, ses doigts tapotant le rythme sur la paroi, geste pour lutter contre son stress, qui ne fait qu'augmenter quand l'ascenseur s'arrête brutalement. Non, non, non, ce n'était pas possible. Elle est projetée en avant. Non. Non. Non. « Tu sais comment ça marche ? » Elle te rend pas la tâche facile, la pimbêche. Tu roules des yeux avant de la pousser doucement pour pouvoir accéder aux boutons. « C'est quand même pas compliqué d'appuyer sur le gros bouton rouge. T'es blonde, mais pas idiote à ce point. » Quoi que. Parce que pour laisser partir Timo, faut être véritablement idiote. Ca grésille dans l’ascenseur. « On est coincées. Venez nous secourir et vite si vous voulez pas vous retrouver avec un homicide sur les bras. » que tu dis dans une italien approximatif, mais l'idée générale est là : si tu sors pas très vite, l'une de vous va mourir.

Pas de réponse. Pire, un regard noir… Bon, d’accord ! Les choses commençaient bien. Kayla s’efforça d’ignorer le sentiment désagréable qui menaçait de l’envahir toute entière, mais c’était difficile. Rester enfermée dans un endroit avec Shea, c’était juste l’une des dernières choses qu’elle désirait. Mais alors là, quand l’ascenseur tomba en panne, ce fut vraiment le bouquet… Pourquoi, pourquoi, POURQUOI ? Pourquoi fallait-il que ça lui arrive, à elle ? Qu’avait-elle fait pour mériter ça ? Bientôt, Kayla allait se mettre à croire à la même chose que Timo, à une histoire de destin ou quelque chose dans le goût. Non parce que là, ça devenait juste impossible.

Elle eut le malheur de s’adresser à nouveau à sa compatriote, qui lui balança une réponse bien placée. Très bien. Kayla : O. Shea : 1. Et puis d’abord, qu’est-ce qu’ils avaient, les gens, avec la couleur de ses cheveux ? Parce qu’elle était blonde, voilà, elle avait eu droit à des stéréotypes toute sa petite vie… Mais pourtant, elle s’était battue contre et à l’école, elle avait bien prouvé que c’était hyper-faux. Mais bon… Ses actions des dernières vingt-quatre heures ne montraient pas forcément qu’elle était dotée d’un bon sens hors du commun. Bon, mieux valait ne rien répondre. C’était toujours ce qu’elle faisait, elle. Ne rien dire. Elle ne trouvait jamais rien d’intéressant à répondre, n’avait jamais eu de répondant. Ses frères lui avaient dit, qu’il fallait qu’elle apprenne à se défendre, à dire des trucs du tac au tac mais elle, elle n’y arrivait juste pas. Elle ne les croyait pas vraiment quand ils disaient que c’était important, que sinon, elle allait se faire marcher sur les pieds, mais elle avait réalisé au final qu’ils avaient raison.

Elle leva les yeux au ciel quand Shea évoqua un éventuel homicide. L’italien n’était peut-être pas sa langue maternelle, mais elle avait quelques notions. Elle ne jugea même pas nécessaire de préciser à la brunette que si elle s’en prenait à une cliente de l’hôtel, elle aurait certainement des soucis avec son patron ; à quoi bon ? Et puis, elle ne se sentait déjà pas très bien. C’était plus que la présence de Shea, c’était sans doute quelque chose que l’autre Espagnole ignorait… Mais Kayla ne supportait pas très bien les ascenseurs. En règle générale, quand elle le pouvait, elle prenait les escaliers. Là, elle avait juste eu envie d’être hors de vue le plus vite possible, pour ne pas pleurer devant tout le monde. Pour le coup… La demoiselle s’appuya contre la paroi, se laissa glisser pour s’asseoir sur le sol. « Je… J’aime pas trop les ascenseurs… » Elle devait ressembler à une petite fille, comme ça et elle détestait se sentir en position de faiblesse vis-à-vis de celle qui ne l’aimait pas, mais elle ne pouvait pas, elle se sentait déjà mal.

Quelles étaient les probabilités qu'elle se retrouve coincée dans un ascenseur avec la personne qu'elle appréciait le moins au monde ? Probablement aussi importante que la retrouver à des milliers de kilomètres de chez elles. Il y avait quelqu'un, quelque part, qui devait bien la maudire pour lui infliger ça. Shea n'était pas réellement sûre de croire en une puissance supérieure, comme sa mère pouvait y croire, mais si cette puissance existait, la jolie brune avait des mots à lui dire, des mots colorés et pas très catholique. Elle n'était qu'un pion dans un jeu dont elle ne connaissait pas les règles. Elle était convaincue de perdre. C'était la seule explication pour se retrouver au purgatoire qu'était cet ascenseur avec Pimbêche qui était incapable d'appuyer sur un bouton. Elle ne comprenait pas ce que Timo avait pu lui trouver. Elle était belle, certes, mais ses qualités s'arrêtaient là. Son jumeau semblait apprécier les choses insipides. C'était peut-être leur unique différence. Là où Shea avait besoin de bouger pour exister, lui pouvait se contenter de peu de choses. Elle l'enviait parfois. Puis, elle se souvenait de Pimbêche et préférait amplement les écorchures au cœur causés par tous ces hommes trop passionnés. « Je... Je n'aime pas trop les ascenseurs... » Elle se tourne, Shea, et reste attérée face à la vision de Pimbêche recroquevillée sur le sol. « Quoi ? Reprends-toi ! » Pourquoi ? Pourquoi sur tous les clients de l'hôtel il avait fallu qu'elle se retrouve coincée avec elle ? Elle pouvait penser à dix personnes avec qui elle aurait pu apprécier ce moment hors du temps. « Dépêchez vous de me sortir de là. » qu'elle hurle à qui veut bien l'entendre, lançant un regard noir à la caméra pour qu'on sache qu'elle ne plaisante pas. Ca va mal finir cette histoire. Elle imagine déjà les gros titres, le scandale dans l'hôtel : la jumelle qui tue l'ex petite-amie. Timo ne s'en remettrait pas. Pire que la prison, Shea devra vivre avec la colère de Timo. Et elle s'en sait incapable. Alors, elle laisse son agacement retomber et s'approche doucement de Kayla. Elle pose doucement sa main sur son épaule et la lui tapote. « Ca va aller. » qu'elle murmure, légèrement incertaine. BA de l'année, faite. « Y a bien quelqu'un qui va faire redémarrer ce truc. » La vie n'est pas du même avis, parce que l'interrupteur se remet à grésiller et une voix leur annonce qu'elles en ont bien pour une heure dans leur enfer personnel. « Non, mais vous êtes dingues ! Je reste pas une heure coincée ici avec elle. » Elle se relève d'un bout et s'empresse d'essayer d'ouvrir les portes avec ses frêles mains. Elle a déjà vu ça dans un film, mais ça paraissait plus facile. Un ongle casse, mais les portes ne bougent pas. « Timoooo ! Timo ! » C'est le moment ou jamais de voir si la télépathie jumeaux fonctionne. Il allait bien sentir qu'elle était en danger de mort et venir la sauver. Mais alors il verrait Kayla. Nope. Impossible. Elle se laisse glisser le long du mur. « On va mourir. » Shea, maître d'elle-même en toutes situations ? Apparemment pas coincée dans un ascenseur. « Si t'as un testament à faire, des dernières volontés que tu veux exprimer, c'est le moment ou jamais. »

Elle se sent déjà mal, elle n’aurait pas dû prendre l’ascenseur, elle aurait dû le savoir. Mais normalement, c’est pas censé tomber en panne, ces machins-là… Ouais mais bon, c’est le cas alors il va bien falloir s’y faire. Elle essaye de se reprendre, comme dit Shea, peut-être plus pour sauver le peu de dignité qu’il lui reste, qu’autre chose. Mais elle a du mal, il faut déjà qu’elle fasse des efforts pour inspirer profondément, expirer, essayer de se vider l’esprit et de ne pas penser qu’elle se retrouve encore dans une foutue situation. Satanées vacances ! En plus, Shea la stresse, à s’agiter comme ça, à crier comme si le diable la poursuit. Elle ne l’entend même pas s’approcher d’elle, et quand elle sent la main de la brunette sur son épaule, elle sursaute, presque violemment. Elle veut la taper ? Non, apparemment pas. Shea lui murmure que ça va aller et Kayla ouvre des yeux étonnés. Est-ce qu’elle essaye de la réconforter ? Tiens, étrange…

Une heure, une heure à attendre. Comment ça, une heure ? Une heure dans bloquée dans un ascenseur avec Shea ? Elle va jamais pouvoir tenir. Peut-être ni l’une, ni l’autre, d’ailleurs. Elle a presque envie de prier, même si elle n’est pas croyante, c’est tout bonnement ridicule. Shea recommence à bouger, à hurler, à essayer de dégager les portes. Elle lui fait peur, à la blondinette ; et si elle bousillait un truc en s’acharnant comme ça ? Mais elle a pas la force de lui dire d’arrêter, alors elle se contente de fermer à nouveau les yeux et de se prendre la tête entre les mains. Et voilà qu’elle appelait Timo, maintenant. Mourir ? Non. Elle sait plus quoi faire. Y’a rien à faire, en fait. Shea aussi s’est laissée glisser le long du mur, maintenant. Elles doivent avoir l’air aussi désespéré l’une que l’autre.

Des dernières volontés ? Un testament ? Kayla a presque envie de rire, parce que tout lui échappe, absolument tout. « Je crois que j’ai jamais réussi à oublier ton frère. » Ok, définitivement, quelque chose clochait avec elle. Il y avait plusieurs possibilités. Soit elle était vraiment blonde dans tous les sens du terme, soit elle avait des tendances masochistes (ou pire, suicidaires), soit c’est vraiment l’ascenseur qui la met dans tous ses états. Elle réalise déjà ce qu’elle a dit, a envie de mettre sa main sur la bouche. Pas vraiment ce qu’elle a dit, c’était juste sincère, mais plutôt à qui elle l’avait dit - à la personne qui la détestait peut-être le plus au monde, celle qui n’avait jamais approuvé sa relation avec Timo. Elle ouvrit les yeux, sentant déjà la crainte s’insinuer en elle comme du poison, presque prête à affronter le pire.

Une heure ? Une heure coincée avec Pimbêche dans un ascenseur de 5m² ? Shea vivait son pire cauchemar. Ce moment regroupait toutes ses peurs les plus intimes : se retrouver coincée dans un endroit clos et devoir adresser la parole à Kayla. Passer une heure au purgatoire devait être une balade de santé à côté de cette épreuve. Ou peut-être que justement, elle y était au purgatoire. Elle était morte en quittant sa chambre et elle se retrouvait coincée aux portes de l'enfer avec la personne qu'elle supportait le moins au monde. Il manquait plus que son père se rajoute à l'équation et c'était le jackpot. En plus, elle n'a pas eu l'occasion de dire au revoir à Timo, de lui dire à quel point elle est désolée pour avoir été une jumelle médiocre. Si elle était croyante, si elle était comme sa mère, elle se mettrait à prier pour une nouvelle chance. Elle promettrait d'être plus aimable avec ses petits-amis, d'être plus aimable avec lui, de faire passer ses besoins avant les siens. Mais elle n'est pas croyante. Ses convictions s'arrêtent à son jumeau. Elle se laisse glisser le long du mur, défaitiste au possible. Il est temps qu'elle fasse part de son testament : sa collection de CD à Timo, toutes ses affaires à Timo. Elle devait trouver un moyen pour qu'il ne fouille jamais dans le tiroir de son chevet, histoire qu'elle reste un minimum pur à ses yeux. Elle pouvait peut-être envoyer un employé de l'hôtel vider sa chambre de toutes les preuves compromettantes sur l'existence de sa vie débridée. « Je crois que j'ai jamais réussi à oublier ton frère ? » Hein ? L'information met du temps à monter à son cerveau. Quelques secondes pendant lesquelles elle fixe Pimbêche avec un air de débile profonde. « Excuse-moi ? » Elle avait du mal entendre, prise par ses propres pensées. Un rire lui échappe. « Voilà que j'ai des hallucinations. » Puis son regard croise celui de Kayla et elle comprend. Ce n'était pas une hallucination. Pimbêche pense encore à Timo. Elle avait tort, Shea, son cauchemar pouvait s'aggraver. « C'est ridicule. T'es ridicule. » qu'elle assèné en se levant. « Bien sûr que tu l'as oublié. T'es là avec ton petit ami. Je l'ai pas inventé le beau mec avec qui t'es venu. » Elle finit par la regarder. « Tu l'as oublié. » C'est sans appel, une évidence même. Elle a oublié Timo. Elle est avec Javier. Point final.

Elle ne sait même pas pourquoi elle a sorti ça, comme ça, sans préambule, sans qu’il n’y ait aucun rapport avec une quelconque conversation. Peut-être qu’elle avait juste besoin de le dire, de soulager un peu ce tourbillon de sentiments qui se déchaînait en elle, de se confesser un peu. Oui, peut-être, sauf qu’elle a surtout choisi la mauvaise personne. Shea la fixe, comme si elle a du mal à comprend - ce qui se conçoit très facilement. Kayla ne soutient pas son regard pendant plus de deux secondes, aussitôt, elle baisse à nouveau les yeux, craignant le pire. Shea commence à parler, Kayla la regarde à nouveau. Non, ce ne sont ni des hallucinations, ni des plaisanteries, ni un quelconque pari, ni quoi que ce soit dans le genre - elle n’aurait jamais osé. Oui, pas besoin de lui rappeler qu’elle est ridicule, elle est au courant. Quoi que, à la place de la brunette, elle aurait sûrement eu envie de dire ça, elle aussi. « Je sais » souffle-t-elle à voix basse. Shea s’est levée. Pourquoi elle s’est levée ? Elle fait peur, là. Kayla a presque envie de se recroqueviller dans un coin. Mais elle ne le fait pas. Pas encore. Les véritables hostilités ne sont pas ouvertes, alors autant en profiter. « Non, tu l’as pas inventé. » Shea a raison, elle est venue avec Javier, son copain, il est beau comme un dieu. La blondinette le sait, il suffit de voir comment les filles le regardent, il a tout d’un mannequin. « Mais… C’est pas pareil… » Elle ne la regarde toujours pas, c’est trop difficile. Elle va se faire traiter de tous les noms, peut-être, Shea aurait bien raison.