I got my whole damn life
Caught up in moments entirely of yours
But I'm finding it harder to reason in order to grow
And finding it hard is a feeling that all of you know

Une buée de chlore lui brûle les yeux et elle laisse sa fumée prisonnière fuir ses lèvres, le regard brouillé par la chaleur, les remontées chimiques et ses larmes. Le lieu est désert, une certaine mélodie trahissant une soirée clandestine trouve son chemin jusqu'à ses oreilles; prenant possession de son corps et de ses pensées, sa tête se laisse guider par le son, ses yeux fermés, ses pieds jouant avec les vagues créées par leur propre mouvement. Échapper de la folie Biaggi le temps d'une nuit. Elle pourrait y échapper pour la vie, prendre un aller simple pour Paris et acheter un téléphone jetable. Mais une idée saugrenue avait murie dans son esprit, cet espoir bidon que la réponse à toutes ses questions se trouvait dans ce hôtel. Sa délivrance. Son épine dans l'pied oui. Les portes battantes retentissent, des pas lourds se frayent un chemin jusqu'aux gradins derrière elle. Le silence résonne. Que chaleur humaine l'enveloppe si cela lui chante. Elle ne bronche pas, ne réagit pas, ne respire pas. Elle était là avant merde. Une quinte de toux. Masculine. Elle tire une nouvelle fois sur sa cigarette et dirige sa fumée recrachée vers la droite. Vers l'inconnu. Qu'il vire.

lip était clairement dans la merde. il allait falloir qu’il règle tout ça, avant que ça lui attirer des ennuis. gaia, lolli. il fallait qu’il redevienne juste lip. c’était la seule solution à tous ses problèmes. il finit son verre de vodka. «  eh lip, tu m’offres un verre ? » dit une blonde, qu’il ne connaît pas. il secoue la tête de gauche à droite, sans la regarder et sans en dire plus. si avec ça il était pas assez clair. il fallait qu’il trouve serra, elle était sage et réfléchie, elle allait forcément lui trouver une solution qui éviterait le maximum de dégâts. il attrape son paquet de cigarette posé à coté de son verre vide sur le comptoir et quitte cette soirée qui de toute évidence semble tout ce qu’il y a de plus illégale. il décide de couper par la piscine intérieure, pour rejoindre la partie du staff. une odeur de chlore mélangée à de la cigarette froide lui titille les narines. il découvre une blonde au bord de la piscine une cigarette à la main, dans la pénombre. il s’approche, tousse pour se faire remarquer et elle tourne la tête vers lui. « t’es consciente que t’as pas le droit de fumer ici ? » il lui lance. elle a l’air de pleurer, ou un truc dans le genre. il se dit que la bonne chose à faire ce serait de partir, ça allait encore lui attirer des ennuis de rester là. « et si tu vas pas bien ou quoi, j’préférerai que tu traines ailleurs qu’au bord de la piscine… » il ajoute. j’ai pas tellement envie de te repêcher demain matin parce que ton corps bouche le filtre de la piscine. mais ça il le dit pas, parce qu’il a encore assez de tact pour ça.

t'es quoi, la police de la piscine? rétorque-t-elle en se tournant finalement vers lui. eh merde. les problèmes. de tous les connards de vacanciers de la villa, fallait qu'elle tombe sur lui. ou qu'il tombe sur elle. il a pas un terrain de tennis à ratisser ce con. et si tu vas pas bien ou quoi, j’préférerai que tu traines ailleurs qu’au bord de la piscine… elle tire une nouvelle fois sur sa cigarette et redirige son regard vers le bassin. respire, j'ai pas l'intention de me laisser crever dans ce dépotoire à urine. un rire mesquin s'empare d'elle. voila que monsieur avait des états d'âme maintenant. et elle était ou sa dite-consciente pendant ces quinze dernières années. le chlore me brûle les yeux sherlock. elle se sent obligée de le préciser. plus pour elle que pour lui. plus pour faire du bruit. c'est qu'elle se sentirait presque... gênée. et ebe n'est jamais mal à l'aise. tu comptes rester là, t'as pas l'impression que la place est déjà prise peut-être. alors elle aboie. parce que c'est ce qu'elle sait faire de mieux ebe, attaquer la première. elle scrute les lieux à la recherche d'un cendrier en prenant soin de ne pas croiser son regard. ses yeux l'électrisent. c'est comme se regarder dans le miroir. maudite piscine non-fumeur. l'idée d'aller écraser sa cigarette dehors lui effleure l'esprit mais elle n'est pas prête à rejoindre sa chambre. puis elle était là en premier. elle en a assez de faire des concessions pour ce gosse dont elle ignore tout mais qu'elle méprise déjà. file-moi ton paquet. elle ordonne. s'il voulait jouer les tue-l'ambiance, autant qu'il se rende utile.

« respire, j'ai pas l'intention de me laisser crever dans ce dépotoire à urine. » lip enchaina avec elle un rire. dans le fond, qu’elle veuille en finir, c’était pas tellement son problème à lui. il la connaissait depuis près de deux minutes et tout continuerait pareil pour lui après ça. tout ce qui l’emmerdait c’était qu’on puisse faire le lien entre eux deux. alors qu’ils ne se connaissaient pas. lip avait déjà assez de trucs à gérer comme ça, sans rajouter le suicide d’une désepérée pleine de thune. perdu dans ses pensées, il l’entend parler, sans l’écouter. lip se dit que c’est le moment de se tirer. personne ne saurait qu’il était passé par ici. « tu comptes rester là, t'as pas l'impression que la place est déjà prise peut-être. » il croise ses bras tatoués contre son torse et arque un sourcil. « file-moi ton paquet. » il se rapproche et sort son paquet de sa poche. « qu’est-ce qui a ? ta maman de donne pas d’argent de poche pour t’acheter tes propres clopes ? » il se laisse tomber à coté d’elle. il regrette déjà, cette décision qu’il a pris sans réfléchir. il lui donne une cigarette et en coince une entre ses lèvres à son tour. il l’allume et tend son briquet à la blondinette, tout en ce demandant quel age elle peut avoir. « bon alors, qu’est-ce que tu fous ici, alors qu’il y a une « grosse » soirée de l’autre coté du mur ? » il demande, presque intéressé par la réponse.

qu’est-ce qui a ? ta maman de donne pas d’argent de poche pour t’acheter tes propres clopes ? 'si ton père m'avait filé une pension, je n'aurais jamais eu à me poser la question' lui brûle le fond de la gorge. elle l'étouffe avec une fausse toux. plutôt passer pour une gamine qui crapote plutôt que de foutre ses tripes à nues sur la table. on n'en est pas encore là. sa conscience essaye de la corriger avec un 'notre père' mais elle la chasse violemment. on ne lui a rien demandé à celle là non plus. bon alors, qu’est-ce que tu fous ici, alors qu’il y a une « grosse » soirée de l’autre coté du mur ? sa voix résonne trop près de ses oreilles, avant qu'elle ne le réalise leurs cuisses se frôlent et elle se retient de prendre ses jambes à son cou. dans le fond, c'est qu'une petite gosse qui a toujours rêvé d'avoir un grand-frère sur qui copier les bêtises ebe. et d'se dire que c'est juste ici, à portée de main, ça lui fout la trouille. de. sa. vie. l'idée que je n'y ai pas été invitée te parait trop saugrenue pour le croire ? il lui offre une clope et elle réalise en tendant le bras qu'elle a toujours le cadavre de la précédente au bout des doigts. elle prend son paquet écorché, dépose délicatement les quelques cigarettes qui restent sur le carrelage, au sec, et écrase son filtre d'un coup de poignet nerveux. c'est pour cela que j'avais besoin de ton paquet génie. mais je prendrais quand même cette cigarette. deux pompiers. c'est de famille, ne peut-elle s'empêcher de se demander. elle attrape cette cigarette qu'il lui tend et chasse ses pensées alarmantes. ses deux microbes de frangins fument aussi, peut-être qu'elle le tient simplement de sa mère. coïncidence. c'est ma soirée à vrai dire, le lancement officiel de ma 'semaine d'anniversaire'. souffle-t-elle, relâchant ses épaules. elle insiste sur les deux derniers mots en les habillant de guillemets mimés avec ses doigts. mais j'avais pas très envie d'y rester. elle s'étonne elle-même de lui avouer. mais ebe, elle en a marre des mensonges. c'était sympa ? pas la peine de nier, j'ai mieux à faire que de te balancer. la porte du fond par laquelle il est entré donne uniquement sur le patio privé, lieu du crime. elle connait ces murs comme sa poche. elle sait qu'il en vient, les effluves d'alcool trahissant encore son haleine. son jean retroussé commence peu à peu à prendre l'eau. faut qu'elle arrête de jouer avec ses pieds, mais c'est plus fort qu'elle. ses pieds, elle contrôle. son débit de paroles, un peu moins. il ne me semble pas t'avoir mis sur la liste des invités pourtant. et pour la première fois, elle lui offre son plus beau sourire.