tu ouvres les yeux péniblement. aussitôt, la lumière qui filtre à travers tes rideaux mal refermés t’agresse et tu les refermes fissa. ton crâne te fait un mal de chien, tu as la bouche pâteuse et une nausée terrible ; voilà bien longtemps que tu n’avais pas été dans cet état. tu ne te souviens même pas avoir eu une telle gueule de bois. tu gémis et te relèves péniblement dans ton lit en passant tes mains sur ton visage fatigué. c’est alors qu’on bouge à côté de toi, et que ton regard se pose sur la créature blonde allongée sur le ventre dont tu n’arrives à déterminer l’identité dans la pénombre. tu penses un instant qu’il s’agit de serra, mais ses cheveux sont trop longs pour ce que ce soit elle. ta main se pose sur son épaule. hé ? tu lances en la secouant sans ménagement. elle se retourne et ton cœur rate un battement. aurora ? tu craches, comme si c’était anormal d’avoir sa future femme dans son lit. pour toi ça l’est : tu n’as aucune envie de l’épouser, et encore moins de coucher avec elle. par fierté, par principe. elle n’est pas moche aurora, tu aurais pu plus mal tomber. tu soulèves les couvertures pour constater qu’effectivement, vous ne portez pas grand-chose (pour ne pas dire presque rien, voire rien). tu déglutis, te lèves et titubes jusqu’à l’armoire d’un pas incertain pour enfiler un caleçon, un jean et un tee-shirt. passablement épuisé par l’effort, tu te relaisses tomber sur le lit, à ta place, mais par-dessus les couvertures. tu n’as pas envie de parler, mais des explications s’imposent. tu n’as aucun souvenir de la veille, zéro, nada, rien. le néant le plus total. il s’est passé quoi, hier soir ? tu tournes la tête pour  regarder aurora. si elle tente de prendre la fuite, tu seras là pour la retenir et lui extorquer des informations. qu’est-ce que tu fais là, dans mon lit ? tu demandes d’une voix tremblante, un peu paniquée. ça peut paraître un peu abrupte, pas très gentil pour aurora, mais … non, tu ne peux décidément pas faire le plaisir à vos pères respectifs de fraterniser avec elle. n’est-ce pas ? non. parce qu’il y a serra. et parce que ce mariage fait mal à celle dont tu es amoureux (maintenant que tu as pu mettre le mot « amour » sur ce que tu ressens pour elle, tu prends un malin plaisir à te le répéter), tu ne peux pas passer de temps avec aurora, commencer à t’intéresser à elle, à t’y attacher de quelque manière que ce soit. quand tu l’épouseras, ce sera fini avec serra. rien que pour ça, tu n’aimeras jamais aurora. je ne me souviens de rien. et j’ai mal à la tête, putain. tu veux un cachet ? tu lances en te relevant pour te diriger vers la salle de bain, toujours si peu assuré sur tes deux pieds qui menacent de te lâcher au moindre mouvement un peu trop brusque.