rigoler.

Tu travailles depuis huit heures ce matin, tu pensais pas que ce travail te coûterait autant physiquement. T'en as fait des métiers ingrats mais celui là surpasse les autres. Le service encore, c'est pas grand chose, c'est ton putain de patron qui t'emmerde depuis des semaines, tu ne le supportes plus, tellement que t'en reste crispée alors que t'emmène les assiettes à table. T'as besoin d'une pause ou tu vas devenir folle. Tu fais signe à ta responsable, moins conne que ton patron heureusement. Elle hoche la tête, tant mieux, t'étais à deux doigts d'allumer ta clope dans le restaurant. Tu montes les marches une à une, en pianotant sur ton téléphone. Tu sais exactement quel style de détente t'as besoin pour le moment. T'arrives sur le toit, c'est le seul endroit ici où t'es sûr de ne pas croiser d'inconnus. T'aimes pas les gens dans cet endroit, à quelques exception près. Il y a Louis bien sûr, t'as pas encore réglé ce problème d'ailleurs. L'effet qu'il te fait surpasse tes attentes, tu dois y mettre un terme rapidement avant de t'y perdre c'est une certitude que t'abandonne pas depuis quelques jours. Tu peux plus t'amuser avec lui, c'est inconscient et impossible. T'allumes ta cigarette et tu tires un coup dessus. Tu te sens déjà mieux. Ça fait longtemps que tu dis que tu vas arrêter mais t'y arrives jamais, c'est trop dur, ton addiction à la nicotine est trop importante pour le moment. T'as besoin de parler à quelqu'un de Louis. Ce qu'il t'a dit la dernière fois... T'es pas sûre d'être capable de t'en remettre. T'es presque sûre d'être amoureuse de ce connard et ça te met dans un état... Tu peux pas être amoureuse, c'était interdit, jamais, t'es censé finir ta vie seule et malheureuse, c'est comme ça. La seule façon de ne pas reproduire les erreurs de ton horrible maman.

J’étais en train de sortir de ma douche lorsque j’ai reçu le message de Beli. Me dépêchant de lui répondre que je serai là dans moins de dix minutes, j’ai attaché mes cheveux en un chignon mal fait – à priori, je ne croiserai personne d’autre que Beli sur le toit, ou du moins espérons le – je me suis séchée rapidement, mis mes sous vêtements, une jupe, un t-shirt, mes chaussures, et je me suis dirigée vers le toit. Je me suis dépêchée sans me dépêcher, tout simplement parce que je ne suis pas du genre à courir pour uelqu’un, mais aussi parce que je savais que les pauses de Beli ne duraient pas forcément très longtemps. Lorsque j’arrive, Beli est déjà là, la clope au bec. « Eh bien, on ne m’attend pas ? » je lui demande, sourire aux lèvres, avant de m’installer à côté d’elle. Je ne me gêne pas pour me servir dans son paquet de clope et m’en allumer une. Je lui rendrais, au pire. Mon regard se pose un instant sur l’horizon avant de détailler Beli. Elle n’est pas le genre d’amie que j’ai habituellement. Généralement, mes amies n’ont pas besoin de travailler pour gagner leur vie, hm. « Vas-y, raconte. » je balance finalement, parce que je vois bien quelque chose la tracasse. Je la connais, cette tête. Parce que même si Beli avait besoin de travailler pour vivre, il s’avérait qu’elle était bien meilleure en tant qu’amie que toutes ces pétasses de Milan qui essayaient de devenir mannequin alors qu’elles avaient les fesses de Nicki Minaj. Bref. Beli était bien mieux que toutes ces gosses de riches, moi y compris, et j’en avais bien conscience.