Partager des instants avec des humains que nous portons dans notre coeur. Il n'existe rien de plus sincère, et de plus fort que ces instants d'union, de symbiose. Et toi tu es là. A rire, entourés par tes quelques compatriotes. Tes acolytes du moment. Vous êtes étendus sur des serviettes, à la recherche de ce soleil qui habillera votre peau par sa chaleur. Tu es ben. Heureuse. Comment ne pas l'être au sein de cette beauté perdue dans la planète ? Tu ne cesses de rire. C'est simple, soit tu es heureuse, comblée de bonheur. Soit tu hurles ta colère, arraches des cheveux et dévoiles la noirceur de tes dents prêtes à tout dévorer. Tu es probablement sévèrement lunatique. Dangereusement incompréhensible. Et là, en détournant ton visage, tu le remarques. Tu ne peux t'empêcher de te mordre le coin des lèvres. Te rappelant immédiatement de la fougue contenue dans ces baisers, des la dureté de ses mains insistantes et curieuses d'apprendre à apprivoiser ton corps. Tu te souviens de ce désir qu'il a su faire monter en toi, et de cette fièvre naissante. Tu t'assoies. "C'est l'heure de jouer !" murmures-tu à l'intention de ces belles personnes qui t'accompagnent dans tes voyages. Tu te jettes dans l'eau. Traverses la piscine en nageant, doucement. Tu savoures la fraîcheur de cette étendue. Puis tu gagnes le rebord, tout près de lui. Te voilà trempée, les cheveux ébouriffées. Ton maillot de bain dévoile la douceur de ton corps. De cette peau dont tu assumes les traits, les distances et les courbes. Tu n'es probablement pas la description parfaite de ce que la majorité des hommes recherchent pour assouvir leurs besoins vitaux. Mais toi, tu t'en moques. Parce que tu te sens à ta place dans cette peau. Tu passes tout près de ton bel inconnu et des hommes qui l'accompagnent. Lui frôlant volontairement l'épaule pour qu'il élève son regard vers ta silhouette. Puis tu retournes t’asseoir sur le rebord, t'allongeant sur le sol. Putain. Voilà que tu joues la mannequin. Dos cambrée, main dans l'eau. Tu ne sais pas pourquoi, ni comment, mais tu ne te sens pas ridicule. Parce que tu te donnes, comme à ton habitude, à fond. Tes acolytes étant dans l'eau, tu vas pouvoir profiter de leur présence pour attiser le feu endormi résidant dans le corps ta belle proie. Tu le sais, tu y crois, tu peux le rendre fou.

Toujours la même histoire. Toujours les mêmes habitudes. Ton café noir et le journal ouvert sur les pages de la bourse. Ta fiancée assise face à toi sirotant son smoothie. Elle t'embrasse avant de rejoindre sa séance de yoga, massage ou tout autre qui lui fait passé le temps. Le décor a changé, son annulaire n'est plus nu, mais vos habitudes sont ancrés en vous. Donner l'impression d'être amoureux, heureux même, alors que vous vous ennuyez à mourir. Tu pensais vivre, mais la gamine t'a prouvé le contraire. T'es endormi. Tu te contentes de traverser ta vie comme un spectateur. Tu te pensais requin des affaires, prêt à prendre tous les risques, mais tu t'enlises dans une vie déjà toute tracée. Les risques, tu les prends seulement dans ta vie professionnelle. Comme avec ce propriétaire d'une entreprise de technologie de pointes. Impassible, tu lui donnes l'impression de ne pas être intéressé par le contrat sous ses yeux. Tu sirotes ton café en l'écoutant d'une oreille faire son speech. T'es plus intéressé par les jolies filles de la piscine. Tu cherches Babi du regard, prêt à la protéger du monde qui vous entoure, mais ton regard se heurte à la gamine. Dégoulinante d'eau. Belle à souhait. Tu tournes la tête, essaye de te concentrer sur d'autres enjeux. La gamine, elle t'importe peu. T'as goûté à ses lèvres, à la douceur de ta peau, mais elle a pas voulu plus. Et tu t'en moques. Vraiment. Tant pis pour elle. Elle saura pas ce que c'est d'être en ta compagnie. Et toi, tu sauras jamais ce que ça veut vraiment dire d'être vivant. C'est pas plus mal. C'est mieux pour vous. A ce petit jeu, vous vous seriez brûler les ailes. Puis, elle passe à côté de toi. Sa main frôle ton épaule, mouille ta chemise. Vos regards s'entrechoquent. Elle relance la partie. Tu la regardes t'échapper une nouvelle fois, un sourire aux lèvres cette fois. Ton regard glisse sur son corps entier se livrer à toi de la sorte. Concentre-toi, Luca. Détournes le regard. Ne te laisses pas tenter par ses formes avantageuses. Alors tu l'ignores. Tu signes ton contrat et tu tournes la tête pour l'observer une seule fois. Rester impassible en toutes circonstances. Surtout face à elle. La gamine ne gagnera pas.

A l'instant même où il pose son sombre regard sur ton corps, tu sais que tu peux gagner. Tu sais que tu peux réussir à le convaincre, l'attirer dans tes filets. Tu restes allongée, un peu. Tu attends que l'un de tes acolytes viennent t'offrir de l'aide pour éveiller la jalousie de ton bel inconnu. Tu espères que cela puisse fonctionner. Vraiment. Son but étant d'éveiller les papillons possédant son ventre, de faire palpiter son sang d'énervement. Tu as envie qu'il te désire, qu'il veule faire de toi ta possession. Parce que tu as envie qu'il comprenne, qu'il souffre par la suite de ton rejet. Tu es dingue. Tu n'as jamais autant réfléchi, préméditée tes gestes. Tu n'es pas entièrement naturelle et tu t'en moques. Toi, tu veux qu'il cède. Qu'il se pli. Qu'il abdique pour être tien. Ton esclave. Une main glisse sur ton ventre, tu souris. C'est Noah. Ton pote. Rien de grave. Tu t'assois, le laissant prendre possession de l'intérieur de tes cuisses. Tu enroules tes jambes autour de lui. Et tu le rejoins dans l'eau. Tes mains dans ses cheveux, enfoncés. Les siennes contre ta peau, sur tes jambes, pour te maintenir contre lui. Tu sais qu'avec lui, tu peux tout faire, tout risquer. Vous vous en foutez. L'amour, ensemble, vous le connaissez déjà. Vous n'avez pas peur. Il se tourne, offrant comme unique vision de son corps, son dos, à ton bel inconnu. Tu le laisses capturer ta peau, ton cou. Malsaine comme tu es, pendant que tu sembles savourer les baisers qu'il t'offre, tu dévisages cet homme prétentieux, coincé. Tu lui souris, presque. Le provoque, volontairement. Alors chéri, montres où sont tes couilles. Lèves-toi. Rejoins cette eau. Vis putain. Vis. Énerves-toi. Pour accélérer le processus, tu attrapes les lèvres de ton compatriote. Tu lui mords. La suce. L'embrasse. Tu lui donnes tout ce qui pourrait réveiller les souvenirs de ton homme d'affaire. Parce que tu t'arranges pour qu'il être spectateur de ce baiser doux, passionnel, que tu échanges avec ton ami. Ton bel ami. Qui te comprends. Allez, chéri. Réveilles-toi.

Elle est belle, la gamine. Ce serait plus facile si elle n'hantait pas toutes tes pensées depuis que ton regard s'était porté sur son corps. Les choses n'avaient fait que s'empirer depuis que tes doigts impurs avaient caressés sa peau de porcelaine. Sa main frôle ton corps, ton esprit s'évade. T'essayes, pourtant. Tu te concentres. Sur les chiffres. Sur les termes juridiques. Mais y a plus qu'elle. Elle et ses lèvres sur les tiennes. Elle contre ce mur. Putain, Luca. Reprend-toi. Tu vas pas laissé une pauvre gamine te gâcher la vie. Ton regard se glisse sur elle. Malgré toi. Malgré ta tête qui essaye de rationaliser tout ça par un simple manque, par un ennui mortel au lit. Tu la regardes. Ses bras autour d'un mec à peine passable, un mec qui ne t'arrive pas à la cheville. Un mec qui ne lui arrive pas à la cheville crie une voix dans ta tête que tu t'empresses de faire taire. Elle est quelconque, la gamine. Belle mais sans plus. Belle mais agaçante. Agaçante avec sa confiance en elle. Agaçante avec les lèvres de ce mec dans son cou. Putain, Luca, t'as passé l'âge d'être jaloux d'un gamin pré pubère qui l'a fera jamais vibrer comme toi. Ton regard s'assombrit. Tes points se serrent. Puis ton regard s'accroche au sien. C'est un jeu pour elle. La continuité de l'autre soir. Un sourire se dessine sur tes lèvres. Un sourire moqueur. Un sourire moqueur. Tu lèves ton verre à son attention. Signe que tu l'as bien vu, que t'as bien compris son jeu, mais qu'il en faudra plus pour que tu perdes ton calme. Mais elle est douée, la gamine, pour te faire perdre son calme. Ses lèvres dont tu ressens encore l'emprunte sur les tiennes se posent sur celles d'un autre. « Ce sera tout pour aujourd'hui. » T'aimerais le lui dire à elle, mais c'est à ton interlocuteur que tu t'adresses. Tu n'as plus la tête à remporter ce contrat. Il n'y a plus qu'une autre partie qui t'intéresse. D'une autre envergure. L'enjeu est autre. Tu serres la main de ton interlocuteur avant de t'éloigner de lui. Une serveuse vient te demander si tu veux boire autre chose. T'en profites. Tu flirtes. Tu ries. Faussement. Sa main glisse sur ton bras, son numéro de téléphone inscrit à la va vite trouve le chemin vers la poche de ton pantalon. Toi aussi, tu peux jouer. Tu peux même gagner. Ta chemise tombe. Ton jean trouve le chemin du sol. Tu plonges, l'éclaboussant elle par la même occasion. Regarde-moi, gamine. Délaisse cet idiot. Fais-moi vivre.

Tu ne le quittes pas des yeux, ton inconnu. Ton sombre inconnu. Parce qu'il t'attire, te tourne autour. Tu essayes de modifier son quotidien, tu essayes de briser cette fierté qu'il possède. Tu as envie qu'il cède à la folie, qu'il cède à ton corps qui l'appelle. Tu tentes. Tu n'as pas peur d'échouer. Tu es persuadée que tu vas réussir à l'attirer dans tes filets. Tu es plutôt maligne, habituée à ce genre de jeu. Dangereux. Mais excitant. Il se lève. Tu te pinces le coin des lèvres. Viens. Approches-toi. Sa chemise s'envole. Tes yeux explosent. Putain. Ce corps. Quel enfoiré. Son jean disparaît à son tour. Toi, tu le dévores sans gêne. Calée dans les bras de ton beau compagnon éphémère. Il sait que tu es en train de t'éloigner, de lui échapper. Tu n'as plus besoin de lui pour conquérir ta montagne. Tu n'as plus besoin de l'utiliser. Il plonge. T'éclabousse. Te rafraîchit. Un soupire t'échappe. Ton regard se glisse dans celui de ton ami. Il comprend. Se détache de ton corps. Et s'éloigne. Toi. Maintenant. Tu es seule. Perdue dans cette étendue. Et tu dévisages cet homme d'affaires. Trop propre. Trop sobre. Trop coincé. Tu veux retrouver ce sauvage, celui qui t'a plaqué contre un mur, qui a coincé ses lèvres contre les tiennes. Tu t'approches de lui, ne gardant que ton visage à la surface de l'eau. Tu te rapproches mais tu ne dis rien. Tu te contentes de le dévisager. En silence. Puis de lui tourner autour. Tu t'amuses. Tu le bouffes du regard. Tu as envie de l'énerver. De perturber sa tranquillité. Tu tournes. Tournes. Ne lui faisant jamais dos. Tu ne lui parleras pas. Oh non. C'est à lui d’élever la main en premier.

T'essayes de faire abstraction de la gamine. Tu prétends que l'autre nuit n'a jamais existé. Pourtant, elle est encore là, cette nuit, ancré en toi. C'est pire que de la frustration, pire qu'un besoin non assouvi de découvrir son corps. C'est quelque chose de plus profond. La gamine est entrée dans ta vie, défonçant au passage toutes tes convictions. Elle a insufflé ce besoin de te sentir vivant. Elle a réveillé ton palpitant que tu avais anesthésié à coup de principes dérisoires, de contrats ennuyeux et d'idéaux surfaits. Toi qui n'aurais jamais délaissé un contrat pour te prélasser dans la piscine, te voilà à te dévétir. Tu sens son regard sur toi. T'aurais la préférer elle sur toi mais t'apprends à t'en contenter. Un sourire victorieux se dessine sur ton visage quand tu vois son inconnu s'éloigner d'elle. Elle est bien mieux comme ça : seule, son attention dévouée entièrement à ta personne. Elle te tourne autour. T'empêches d'avancer. Ca t'amuse. Ca te plaît même de savoir que t'es sa prochaine victime. Crétin. Tu te laisses couler. Ton corps entier disparaît sous l'eau. T'en profites pour admirer le corps de la gamine. Putain, elle aurait pu être un laideron, histoire de te faciliter la tâche, mais il avait fallu que ce soit une déesse, de celle pour lesquelles les saint se damnent. Tu passes à côté d'elle, t'en profites pour tirer sur sa jambe. Qu'elle te rejoigne. Qu'elle se noie. Accélérer l'inévitable, la seule issue de ce petit jeu. Vos regards se croisent. Tu pourrais l'embrasser là, lui insuffler un peu d'air. Personne n'en saurait rien. Le monde est à la surface. Il n'y a que vous. Mais tu remontes. Tu retrouves la réalité, pas cette illusion de solitude crée par le chlore. « C'est ce qui arrive quand les gamines jouent avec les limites, elles se noient. » que tu lui lances, une lueur de défi dans le regard. Je suis la limite, gamine, me pousse pas.

Sauvage. Deux prédateurs. Tu veux qu'il soit le premier à mordre, tu veux être une victime. Sa victime. Putain. Tu veux que tes veines frappent ta peau, explosent de désir. Tu coinces ta lèvre entre tes dents. Et tu te laisses couler. Sans essayer de te défendre. Sans crier. Sans refuser son approche. Non. Tu l'apprécies. Tu restes calme. Docile. Le jeu commence. Votre destruction débute. Vos mondes vont s'écrouler. Tu n'en as toujours pas pris conscience. Tu es trop ailleurs. Loin de tout. Loin de ta réalité. Tu ne comprends pas qu'il est diffèrent de ceux que tu tentes d'apprivoiser d'ordinaire. Lui. C'est plus fort. Plus dangereux. Tu es naïve. Tu penses que tu vas t'en sortir de la même manière que d'habitude. Ce ne sont que des conneries. "C'est ce qui arrive quand les gamines jouent avec les limites, elles se noient." Tu ris en te rapprochant de lui, les paumes de tes mains sur la surface de l'eau. "Je n'ai rien fait, moi." Tu lui rappelles, en souriant. Toi, tu n'as rien fait. Tu t'es laissé touchée, approchée. Tu n'es pas innocente. Mais tu n'es pas non plus coupable. Tu t'en amuses. Tu continues de te rapprocher de lui. Le bout de tes doigts s'accrochant à son torse dénudé. Putain. Quel corps. Tu vas perdre la raison. Un soupire s'échappe de tes lèvres qui crèveraient pour obtenir les siennes. Tu tournes de nouveau autour de son corps. Tu colles ta poitrine à son dos. Et tu laisses tes mains prendre entièrement le contrôle de son torse que tu caresses désormais sans te soucier de ce qu'il pourrait en penser. Le monde autour de vous se moque bien de votre rapprochement. "Ce sont les limites dont tu parles ?" Son bas ventre, ton terrain de chasse. Tu es une vicieuse. Perverse. Mais si douce. Tu te fais rire toute seule. Il te cherche, te trouve.

Un jeu s'installe entre vous. Un jeu nocif, malsain,à la limite de la perversité. Il n'y aura pas de vainqueurs. Ou peut-être aucun perdant. Ca finira mal, dans tous les cas. L'issue est moche, c'est la seule évidence. Pourtant, tu t'entêtes. Tu tentes le diable et ses formes avantageuses. Tu lui tournes autour. Tu la laisses te tourner autour. « Je n'ai rien fait, moi. » Un rire t'échappe. Non, elle n'a rien fait. Elle s'est contenté de se prélasser au bord de la piscine, de t’appâter avec ses formes mise en évidence par un semblant de maillot de bain. Elle n'a rien fait, elle s'est contentée d'être la tentation à l'état pur. « Ton petit jeu ne m'était pas destiné peut-être ? » Ton regard s'accroche au sien. Tu la défies de dire non, de te dire que tu t'es fait des films. Mais tes pensées s'évaporent. Ton sourire s'efface. Ta répartie se fait la malle. Simplement à cause de la proximité de son corps près du tien, de ses doigts contre ton torse. Un simple contact. Un contact qui en appelle un autre. Tu dois te faire force pour ne pas la plaquer contre la paroi de la piscine et la prendre violemment. Ce ne serait pas correct, mais surtout, ça voudrait dire que tu perds et il n'en est pas question. Tu sens sa poitrine contre ton corps et à cet instant, tu te moques bien de la décence. Le monde cesse d'exister. Il n'y a qu'elle, elle et son corps, elle et ce besoin que tu as de te sentir vivant. « Ce sont les limites dont tu parles ? » Ton souffle se coince dans ta gorge. Ton corps entier se tends. La diablesse remporte ce round.  « Ne commence pas un jeu que tu pourras pas finir, gamine. » Ta voix paraît désinvolte, moqueuse presque. On pourrait y croire  si tu n'étais pas incapable de bouger, de peur de ne plus sentir ses mains sur ton corps. 

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