babi se réveilla dans un brouhaha ambiant. elle fronce les sourcils comment la chambre des bianchi pouvait être aussi bruyante dès le matin ? c’était impossible. elle enfouie sa tête sous son oreiller blanc immaculé. elle refuse de se lever, quelque puisse être l’heure qu’il était. doucement mais surment elle sentit son cerveau se calmer, babi était une nouvelle fois en train de s’endormir. elle se sentait bien. ces moments à demi-sommeil étaient les moments préférés de babi, c’était ceux où elle oubliait tout et ou elle était complètement détendue. un sursaut la parcouru, synchrone avec le bruit qu’elle entendit dans la pièce d’à coté. elle se leva d’un bond. « bordel ! » hurla-t-elle. elle enfila un short et un débardeur. sans regarder qui de luca ou vitani avait eu l’idée de déclencher une guerre mondiale dans la suite, babi quitta la chambre, pied nus, les yeux froncés derrière ses ray-ban. elle se dirigea vers le restaurant pour aller prendre un petit-déjeuner, seule solution pour oublier ce réveil abominable. dans un coin, elle repéra mae. en vérifiant qu’aucun autre bianchi était dans les parages, babi se laissa tomber en face de lui. sans rien dire. babi ne parlait pas souvent. et maé semblait s’en accommoder la plupart du temps.

noa avait encore fait la conne hier soir, et s'était sûrement déchaînée dans les bras d'un italien fougueux avant d'atterrir ivre morte sur le canapé. tu te réveillais difficilement, cette scène  s'apparentant presque à une apocalypse, des milliers de t-shirt et de pièces de lingerie fine gisant sur le sol froid, l'odeur de cimetière régnant dans la chambre. tu roulais des yeux, soufflais un bon coup avant d'enfiler rapidement un haut propre, un jean décent à mettre, et tes lunettes de soleil pour te diriger vers le restaurant. t'étais épuisé, de tout, de ta soirée, de florrie et cette foutue manie qu'elle avait d'avoir toujours un regard bien éveillé, comme ancré dans la réalité, comme si la violence du monde ne l'avait encore jamais frappée. (et pourtant, elle en a vu des choses cette gamine, ça te tue) ça faisait bien dix minutes que t'étais là, à déchiqueter à coups de fourchette comme un sauvage ton pancake, définitivement dans les vapes, jusqu'à ce qu'une ombre plus que familière vienne se poser à tes côtés. tu relèves la tête, tes lunettes voilant ton champ de vision à moitié sombre à moitié clair avant de reconnaître babi. elle tirait la même gueule de mort que toi, elle avait sûrement passé une horrible soirée aussi. vu la gueule que tu tires, j'dirais que le duo infernal t'as fait passer une horrible soirée, ou t'as juste mal dormi cette nuit. duo infernal, luca et vitani. les bianchi étaient tous des enflures, mais ces deux là surpassaient toute la fratrie dans le domaine du possible.

mae c’était un peu son radeau de sauvetage. c’était comme ça qu’elle le voyait. elle aurait du le détester. elle avait essayé pour faire plaisir à luca et vitani. c’était même ce qu’elle clamait haut et fort quand elle était avec eux. mais au contraire, mae était le seul autre bianchi avec qui babi se sentait bien. c’était comme ça. un lien entre eux était né dès qu’ils s’étaient connu. et peut importe qu’ils aient presque le même âge et pas la même mère. aux yeux de babi c’était le seul autre bianchi qui méritait de la considération.
en se laissant tomber face à lui, elle fut un peu rassurer de découvrir sur le visage de son demi-frère le même désespoir matinal. il n’y avait pas qu’elle qui avait passé une mauvaise nuit. « vu la gueule que tu tires, j'dirais que le duo infernal t'as fait passer une horrible soirée, ou t'as juste mal dormi cette nuit. » babi eu un petit sourire coupable. elle retourna la tasse de café devant elle, pour la remplir de marron, et la noyer de sucre. « arrête de les appeler comme ça. » elle se contenta de répondre, sans lever les yeux vers mae. elle but une longue gorgée de café et soupira. elle percha ses lunettes sur sa tête et se frotta les yeux. quel calvaire cette nuit. « dis moi que chez vous aussi, c’est l’enfer, je supporterai pas de me dire que des bianchi arrivent à passer une bonne nuit. surtout si c’est pas moi. » lâcha-t-elle. elle n’avait aucune compassion pour les autres bianchi. elle essayait de les éviter le plus possible, le repas dominical avec le père bianchi et toute sa tribu était assez douloureux, sans avoir besoin d’en rajouter.

babi préfére ne pas relever la remarque mae. cette conversation à propos de luca et vitani (et de tous les autres bianchi en règle générale), babi prenait soin de l’éviter. elle ne voulait pas parer de ça. oui, c’était vrai. babi n’assumait pas face à son frère et sa sœur, la complicité qui s’était installée entre elle et mae. c’était tellement plus simple de faire semblant. elle savait que c’était impossible, mais au fond, elle souhaitait que les choses restent ainsi le plus longtemps possible. même si bb se doutait au fond que mae saturait de cette situation. « j'suis sûr que tu t'entendrais bien avec elle en plus, tu sais c'est un amour malgré tout. » babi arqua un sourcil genre « tu rêves ou quoi ? » (et qui exprimait donc la potentielle réponse de babi) mae, c’était arrivé presque part hasard qu’ils s’entendent. mais elle refusait quoi que ce soit avec les autres. c’était bien assez difficile comme ça. elle rêvait secrètement d’un père normal qui n’aurait eu qu’une femme et que trois enfants, luca, vitani et elle. « et toi, il s'est passé quoi hier du coup, pour avoir dormi aussi mal ? » babi haussa les épaules. elle attrapa un pain au chocolat, qu’elle déchira en deux sur la longueur, au milieu pour que chaque barre de chocolat se trouve sur une moitié. elle commença à macher. « rien, je crois. rien de particulier en tout cas. » elle remonta ses lunettes de soleil. « j’ai fait un cauchemar et j’ai été réveillée par des bruits. je sais même pas si c’est luca ou vitani, en fait. mais je m’en fous. je voudrais juste dor-mir, pour une fois. passer une vraie bonne nuit de sommeil. ça fait des semaines que c’est pas arrivé… » elle termina son pain au chocolat. « tu fais quoi aujourd’hui ? »

babi ne réagit pas au pique que tu lui as lancé. à force, ça ne t'étonnes plus, t'as beau t'obstiner, espérer qu'un jour, elle arrive à faire un choix, ou du moins assumer, mais apparemment, c'est trop lui demander. parfois, tu te demandais comment vous aviez pu en arriver là. pourquoi, pourquoi, pourquoi. vous étiez des bianchi après tout. toute la fratrie portant plus ou moins fièrement ce patronyme était touchée par la malédiction de la haine. alors pourquoi babi était-elle l'une des seules exceptions se dérobant à la règle ? ça te tuait à force, mais t'avais pas envie de te poser toutes ces questions. pas aujourd'hui, ni demain, ni jamais. tu peux venir dans notre suite quand tu veux, à part si tu peux vraaaaiment pas t'encadrer noa, m'enfin. ça ne t'étonnerait même pas, en vue de la façon dont elle a arqué le sourcil lorsque tu lui as parlé de ta jumelle quelques minutes auparavant. t'aimerais vraiment qu'elles apprennent à s'entendre, mais tu comprenais un peu babi dans le fond. le jour où tu ne cracheras plus ton venin en croisant luca ou même vitani dans la villa n'est pas près d'arriver. hmm, j'ai rien prévu de spécial. t'hésitais à appeler florrie pour passer l'après-midi avec elle, mais elle travaillait sûrement. tu bois une gorgée de café avant de t'ébouriffer les cheveux du bout des doigts. ça serait cool qu'on sorte tous les deux, ça fait longtemps. tu portes ton muffin à la bouche, posant simultanément la tasse sur la table. et même si t'as un truc de prévu, j'm'en fous t'annules, tu peux pas refuser une après-midi avec moi de toute façon. tu lâches un rire sarcastique, toujours un sourire de gosse de quatre ans esquissé sur le bout de tes lèvres.

aussi loin qu’elle se souvienne, babi n’avait jamais adressé la parole à noa. ou alors vraiment pas plus de deux mots. peut-être qu’une fois, elle lui avait demandé le sucre pendant le brunch-bianchi. mae était en somme le seul bianchi (qui ne partageait pas totalement son sang, s’entend) avec qui babi échangeait de vraies conversations. elle n’en parlait jamais à luca ou vitani par peur et par gêne. babi attrapa un pancake et elle le tartina généreusement de pâte à tartiner avant de l’engouffrer, écoutant d’une oreille ce que mae lui disait. ce qu’elle faisait aujourd’hui ? passer l’après-midi au bord de la piscine lui semblait être un programme suffisant. babi haussa les épaules en guise de réponse. « ça serait cool qu'on sorte tous les deux, ça fait longtemps. et même si t'as un truc de prévu, j'm'en fous t'annules, tu peux pas refuser une après-midi avec moi de toute façon. » babi pensa à gianluca le temps d’une seconde. puis elle sourit à son demi-frère. « on pourrait aller à la plage. » s’ils devaient passer la journée ensemble, ça ne pouvait pas être à la villa médicis (et mae le savait bien, au fond). « on s’en va pour la journée et on va manger dans un restaurant au bord de la mer, ça te va ? et après, on s’étalera sur la plage, jusqu’à devenir complètement rouge. » souffla babi, comme une enfant de dix ans à qui on proposait un séjour à disneyland. tout mais pas rester ici. elle étouffait de plus en plus dans cet hôtel.