t'entres dans ta chambre, épuisé. c'est peut-être à cause de la soirée d'hier, de ton manque de sommeil, et du trop plein de sport que tu viens de faire. t'aurais pu prendre une journée sabbatique (comme tous les autres jours de ta vie). et puis tu tombes sur serra di cesare qui est en train de faire le ménage, en te tournant le dos. tu regardes pendant quelques secondes ses fesses qui bougent au rythme de son corps. y a pas à dire, elle est jolie, serra. surtout ses fesses. mais le reste de son corps aussi. tu te racles soudain la gorge parce que quand même, t'abuses à la mater de dos pendant qu'elle se bouge à récurer ta chambre constamment en bordel. tu passes ta serviette autour de ton cou, tires sur ton tee-shirt pour t'aérer (et aussi pour lui faire un peu d'effet), et hausses un sourcil provocateur. j'ai mis l'étiquette sur la porte pour dire de ne pas passer faire le ménage aujourd'hui, tu sais pas lire di cesare ?  t'appelles rarement les gens par leur nom de famille, ça leur donne trop de pouvoir. surtout quand ils ont des noms nobles comme celui de serra. mais avec elle, c'est différent, c'est déstabilisant. elle te rend un peu moins confiant. tu comprends pas, tu cherches des réponses auprès d'elfie, mais ça t'aide pas mieux à cerner la situation. du coup, t'es encore plus détestable avec serra, qui est obligée de subir ton courroux courageusement, dignement. et ça, ça le rend plus belle, et ça te rend plus laid. ah non en fait, je l'ai pas mise. t'ajoutes en regardant l'étiquette DO NOT DISTURB posée sur la table vernie, négligemment oubliée quand t'es parti à la salle de sport. tu l'as accusée pour rien, mais c'est pas comme si t'allais t'excuser. t'es pas en condition pour. t'es trempé, à bout de souffle, tes doigts glissent dans tes cheveux et tu regardes autour de toi, un peu mal à l'aise. bon, mais maintenant que t'es là, tu viens prendre une douche avec moi ? tu lances avec un sourire moqueur, en croisant tes bras sur ton torse. t'as peu d'espoir qu'elle accepte, serra, c'est pas une fille comme ça. pas le genre de fille à se traîner à tes pieds parce que t'es le fils du pdg. serra, si elle était pas pauvre, elle serait à toi.

ton regard se pose sur toutes les fringues par terre lorsque t'entre dans la chambre. tu les soulèves pour les mettre dans le bac de linge sale pour pouvoir les envoyer au pressing après, et tu finis par tomber sur un string rose. aucun doute, ça ne fait pas partie des affaires de Guiseppe en temps normal. tu soupires malgré toi, et continue ton rangement après avoir posé le string sur son lit, parce que tu ne sais pas trop ce que tu dois en faire, en fait. ça fait un an que tu travailles ici, mais t'avais encore jamais eu à faire à ce genre de situation et encore moins dans la chambre du fils du pdg, que tu nettoie un jour sur deux. ton regard se pose sur le reste de la chambre, tu sais même plus par quel bout le prendre, tout ça. et puis finalement, une fois tous les habits déposés dans la caisse à linge à l'exception du fameux string, tu passes l'aspirateur avant de t'attaquer à la poussière sur les meubles. et c'est précisément lorsque tu es entrain de faire la poussière sur l'étagère au dessus du lit que tu entends quelqu'un se racler la gorge et tu te retournes, hésitante. et le voilà qui commence à râler sans même t'avoir salué au préalable. tu sais pas quoi dire, tu restes bouche-bée et le voilà qui te dit que finalement, non, ce n'est pas de ta faute. tu soupires, un soupir de soulagement. désolée., c'est ce que tu lâches tout de même, avant de continuer par une légère pique, toujours prononcée avec le respect que tu lui dois. je ne peux pas lire dans vos pensées., c'est vrai, après tout. c'est pas de ta faute. et puis le voilà qui te propose de prendre une douche avec lui, et tu fais machinalement un pas en arrière, avant de te cogner contre l'étagère que tu viens de nettoyer. aïe., tu lâches malgré toi. mais c'était pas la question, faut que tu lui dises non. même si c'est le truc le plus difficile à faire pour toi. ça ne serait pas professionnel., c'est tout ce que tu trouves à dire, c'est pas possible. tu t'en veux déjà d'avoir dit ça. et puis tu tiens trop à ton job et à ta proximité avec lui pour pouvoir y renoncer comme ça, et puis surtout pas pour une histoire d'une heure dans une douche. je finis le ménage, ou ?, puisqu'il ne voulait pas que tu le fasses, tu sais pas trop ce que tu dois faire maintenant.

ça t'amuses toujours que serra te vouvoie, alors qu'elle te tutoie quand elle a trop bu. tu n'es même pas sûr qu'elle s'en rende compte; toi oui. tu trouves ça trop mignon. ta proposition la déstabilise ostensiblement, elle se cogne et tu culpabilises quelques secondes. juste quelques secondes. les mains que tu as levées en guise de prévention retombent le long de ton corps. après tout, c'est pas ton problème si elle est maladroite. et puis c'est ton tour d'être déstabilisé. pas professionnel ? ses collègues ne feraient pas tant de chichis, si tu leur proposais. mais ça la rend unique, amusante, frustrante, et c'est pour ça que tu te permets de lui faire des propositions aussi déplacées et pas à quelqu'un d'autre. c'est la seule raison qui te pousse à refuser ? parce que ce n'est pas professionnel ?  tu ignores sa question suivante, tandis que ton regard est attiré par un string fuchsia posé sur ton lit. un sourire amusé se dessine sur tes lèvres, et tu soulèves le bout de tissu que tu inspectes avant de t'approcher d'un pas lent de prédateur vers serra. tu ne sais pas si c'est à elle ou non, mais tu t'en fous. c'est même presque impossible que ce soit à elle : malgré la couleur assez désagréable, il a l'air d'une qualité bien trop supérieure aux revenus de la jeune femme de ménage. tu vois juste une nouvelle opportunité de la taquiner, de lui tourner autour, de voir se dessiner sur ses joues rondes des teintes rosées adorables qui lui vont à merveille. qu'est-ce que c'est, ça ? une proposition ? tu t'arrêtes devant elle, plonges ton regard dans le sien. tu pourrais te perdre dans ses yeux pour l'éternité, tellement ils sont beaux. c'est marrant, je t'imaginais porter … je ne sais pas, des petites culottes en coton grises ou blanches, très sages. c'est un choix plutôt audacieux. ton regard quitte le sien pour caresser ses courbes fines, délicates, presque enfantines. tu ne portes rien là-dessous, c'est ça ? tu demandes encore sans lui laisser le temps de répondre à tes questions précédentes, pour lui mettre un coup de pression. tu sais que ce n'est pas cool d'user de ton statut pour jouer avec elle mais t'y peux rien, t'es comme ça. et ça te permet de passer du temps avec serra, même s'il ne s'agit que de quelques minutes fugaces et qu'elle te déteste ensuite.

il t'intimide, c'est affreux. et en même temps, t'es totalement obnubilée par lui. mais lui, il est inaccessible, totalement inaccessible. c'est le fils du boss, t'es une des centaines de femmes de ménage, t'as rien d'unique et à part te martyriser et t'inviter à ses fêtes, Guiseppe, il fait pas grand chose. il te pose une question, qui te met bien entendu mal à l'aise. parce que tu lui avais donné cette réponse pour que la discussion coupe court, mais il fallait t'y attendre, ça n'a pas marché. je... non., c'est n'importe quoi, tu perds tous tes moyens, t'es impuissante face à lui et à tous les moyens qu'il a pour te faire plier. mais tu trouves quand même quoi dire. mais c'est l'une des raisons., pas vraiment convainquant. tu baisses les yeux, incapable de les relever avant qu'il ne te pose une autre question. tu lèves les yeux et il a le string à la main, et voilà qu'il te demande si c'est une proposition. t'as pas le temps de nier qu'il est déjà entrain de te parler de sa théorie par rapport à tes petites culottes et tu dois bien avouer que c'est le genre de chose qui te dépasse totalement. et le pire, c'est qu'il voit juste, tu portes des petites culottes, achetées par packs de 3, souvent blanches et sans particularités. les strings, c'est vraiment pas pour toi et ça te ressemble même pas. et tu le vois s'approcher de plus en plus de toi, fendre la pièce du regard pour venir vers toi et t'es comme une biche prise dans les phares d'une voiture. tu peux rien faire, t'es piégée. et la dernière question tombe. tu ouvres légèrement la bouche, mais tu sais absolument pas quoi dire. non. je... c'est à vous. c'était par terre., voilà, c'est dit, la stricte vérité. tu peux pas reculer au risque de te prendre l'étagère de nouveau et tu peux pas non plus t'en aller, tu sais pas quoi faire. alors tu te contentes de le regarder dans les yeux, et de ne pas bouger. je voulais simplement savoir si je devais le mettre au pressing avec le reste ou non., voilà. tu ne peux que faire ton boulot de toutes façons, tu ne peux pas te permettre des familiarités avec le fils du patron.

tu l'as assez martyrisée comme ça, la pauvre. elle panique, et tu décides d'arrêter. t'as envie de la taquiner, pas de l'effrayer. et puis elle t'a mis un vent en disant que sa profession n'était pas la seule raison qui la poussait à dire non, et t'es pas du genre à forcer les filles à faire quoi que ce soit avec toi. normalement, elles te tombent toutes seules dans les bras. serra est un challenge, le plus intéressant de ta vie. non, j'sais même pas à qui c'est. peut-être à elfie, mais il me semble qu'elle porte des trucs plus beaux que ça, alors tant pis. tu recules, string en main, et t'approches du chariot abandonné au milieu de la pièce où se trouvent les produits d'entretiens, la poubelle et le panier à linge sale. tu laisses tomber le string dans la poubelle; il ne servira plus, de toute façon. dos tourné à serra, tu laisses tomber la serviette que tu as autour du cou dans le panier, puis retires ton tee-shirt, ton jogging, et les fourre avec. termine, maintenant que tu es là. ça ne sera pas la peine de venir demain matin, par contre. j'imagine que tu n'as pas encore fait la salle de bain. je pourrai te surveiller, comme ça. t'es un peu vexé quand même, faut pas croire. t'aimes bien serra parce qu'elle te résiste, mais ça te fait mal au cœur, aussi. c'est quoi, le problème, au juste ? t'es pas assez bien pour elle ? t'es pas assez riche, pas assez beau ? et elle, elle se croit riche et belle ? ton caleçon rejoint le reste des fringues et tu contournes le chariot dans une nudité parfaite pour te diriger vers la salle de bain luxueuse. tu laisses la porte ouverte, juste pour avoir la possibilité de la clasher en cas de besoin, mais aussi pour tenter de l'attirer une dernière fois dans tes filets. assis sur le rebord de la baignoire, tu laisses couler l'eau du bain, fasciné par la fumée qui s'élève au dessus de la cuvette de marbre, annonçant déjà la brûlure à venir. mais quelle délicieuse brûlure ! tu te laisses glisser dedans avec une grimace douloureuse, puis lâches un soupir. t'es un peu masochiste, il faut le reconnaître. c'est bon, tu peux venir. t'es pas sûr qu'elle t'entende, tu t'en fous. a vrai dire, t'es même à peu près sûr que serra a déjà pris la fuite de ta chambre, ce que ne serait pas tellement étonnant. tu y es allé un peu fort, cette fois. est-ce que tu dois demander pardon ? pas question, ce n'est pas ton genre, et elle t'a dit non. depuis quand est-ce qu'un employé te dirait non ? serra n'est qu'une employée, qu'une employée, une vulgaire femme de ménage parmi tant d'autres. tu ne demanderas pas pardon. mais t'es quand même surpris de l'entendre entrer; elle est peut-être plus courageuse qu'il n'y paraît. tu n'ouvres pas les yeux, ne la regardes pas, laisses le silence planer. tu t'endormirais bien dans ton bain, entouré par la mousse et le bruit des remous. pourtant, tu finis par le briser en lançant : un jour, tu prendras un bain avec moi, tu verras. soirée, ce soir ? c'est un truc qu'une étudiante en psychologie t'a appris. deux informations, la première, la plus importante, noyée par une autre information moins importante derrière. le sujet réagit plus facilement à la deuxième. t'as hâte de voir comment le sujet serra di cesare va réagir.

il sait pas à qui c'est, tu dis rien, tu le laisses faire. il s'éloigne, string à la main et le jette dans la poubelle de ton chariot de nettoyage. tu baisses les yeux une seconde, et tu le vois qui se déshabille devant toi, tout en te disant de continuer ton ménage et de venir faire la salle de bain, sous son regard perçant. et tu le vois déposer son caleçon dans la panière de linge sale, et tu détournes les yeux, parce que tu sais qu'il est nu. tu sais plus quoi dire, ni quoi faire. oui Monsieur., tu lâches, pendant qu'il se dirige vers la salle de bain, en regardant le radiateur près de la fenêtre. une fois entré dans la salle de bain, tu prends une longue inspiration après avoir avalé ta salive et tu te diriges vers le chariot pour prendre de quoi dépoussiérer le bureau avant de passer à la salle de bain. c'est bon, dit-il. tu termines rapidement ce que tu devais faire et entre dans la salle de bain, où il est allongé dans la baignoire, les yeux fermés. tu fais entrer le chariot et tu regarde la pièce. elle a même pas besoin d'être nettoyée, comme tout le reste. et tu viens de penser que tu dois faire le lit, c'est peut-être le plus gros du travail dans cette chambre. elle est toujours propre, le ménage y est fait tous les jours ou presque. mais c'est impressionnant, sa capacité à mettre un bordel sans nom en si peu de temps. et voilà qui devrait lui faire plaisir, tu entres dans la douche pour la nettoyer, pendant qu'il lance une phrase qui te fait froncer les sourcils. tu passes du produit sur les carreaux, pendant que tu réponds à la question. j'en suis moins sûre que vous., tu dis d'abord, en référence à la première partie de sa phrase, qui t'as fait tiquer. et puis tu lâches. c'est l'une de ces soirées dont vous avez le secret ?, c'est demandé avec politesse, mais t'aimerais bien savoir pourquoi il t'invite de cette façon. d'habitude, c'est pas trop comme ça. et puis tu fais le rapprochement avec ce qu'il t'a dit un peu plus tôt. c'est pour me permettre d'y aller que vous... m'avez dit de ne pas venir demain matin ?, même si t'as peu d'espoirs. c'est juste pour ne pas que tu le trouves avec une autre fille, ou juste pour le laisser dormir. le trouver avec une conquête, ça t'es encore jamais arrivé, mais tu te doutes que ça va venir. et le jour où ça viendra, tu sais pas si tu t'en remettras.

tu rouvres un œil pour la regarder frotter la douche, puis le deuxième. l'observer, ça fait partie de tes passe-temps préférés. même quand elle te repousse, même quand tu la détestes. parce qu'elle reste d'une beauté naturelle assez insultante pour le reste de la gente féminine. plus privée que d'habitude, nous serons moins nombreux. une petite trentaine, pas plus. que des riches. sauf serra, du coup. si elle vient. si elle ne te rejette pas une fois de plus. cœur serré, tu ne la lâches pas des yeux. elle doit vraiment te détester, et pourtant elle vient quand même à tes soirées alors qu'elle n'y est pas obligée. c'est pas pour ça que tu la ferais virer. tu n'as pas de coeur, mais quand même. non. tu réponds du tac au tac, bien décidé à te venger de ses refus. mais c'est l'une des raisons. tu reprends mot pour mot ses paroles, avec un peu plus d'assurance. ainsi, tu laisses planer le doute sur les raisons qui te poussent à refuser qu'elle vienne demain matin. pas qu'elle risque de te retrouver avec une fille ici, la seule qui a le droit à ton lit est elfie, et au pire des cas il ne se passera rien de plus que quelques câlins. tu ne dors jamais avec une autre fille qu'elfie, jamais. tu quittes leur lit juste après l'avoir fait, tu n'as aucune raison de t'y attarder. ça t'arrive, des fois, de te détendre ? tu demandes alors en posant tes bras sur les accoudoirs de la baignoire. tu ne sais pas si c'est avec toi qu'elle est tendue comme ça (ce serait normal), ou si elle est tout le temps aussi peu souriante et confiante. en dehors des soirées, je veux dire. j'aime bien ton sourire, mais tu ne souris jamais. et puis t'es toujours toute paralysée, quand je t'approche. tu te redresses dans la baignoire, passes tes bras autour de tes genoux relevés contre ton torse. la situation est plutôt cocasse, ce n'est pas tous les jours que tu discutes avec ta femme de ménage pendant que tu prends un bain, après avoir remué un string sous son nez.

une soirée plus privé, voilà ce dont il s'agit. et t'imagines déjà la scène, toi, la femme de ménage, au milieu de ses amis milliardaires, comme lui. tu te retournes directement, laissant ton boulot de côté pour quelques minutes avant de le regarder, pas vraiment sûre de ce que ça implique. vous... êtes sûr ? que vous voulez m'inviter ?, tu fais pas partie de ses amis les plus proches, t'es pas riche, et il a rien à gagner à part te ridiculiser en t'invitant à cette soirée. ton coeur bat la chamade, tu le sens dans ta poitrine, incapable de se calmer. toute cette situation est bizarre pour toi. t'es dans la même salle de bain que le fils du PDG, où il est intégralement nu dans son bain. c'est une situation inédite et t'arrive pas vraiment à comprendre ce qui t'arrive. et tu poses ta question concernant le lendemain. tu hoches la tête, il vient de reprendre tes mots et tu sais pas trop pourquoi. est-ce qu'il a été vexé ? ce serait bizarre venant de Guiseppe, après tout, il se fout de toi constamment et c'était pas sérieux, tout ça. enfin, c'est ce que tu crois. et tu te mets à douter d'un coup, et ça ne fait qu'augmenter la vitesse de tes battements de coeur. et il te pose une question qui te laisse perplexe, tu secoue légèrement la tête et te remets au travail, parce qu'on te demande de l'efficacité et qu'on ne sait jamais ce qu'il pourrait raconter à son père. tu préfères ne pas prendre de risque. mais il ne te laisse pas le temps de répondre à sa question qu'il enchaîne déjà avec ses observations. tu regardes le mur, et tu grimaces. tu sais pas quoi répondre à ça. tu peux pas lui dire la vérité, de toutes façons. tu peux pas lui dire à quel point t'as une passion dévorante pour lui depuis plus de six mois. ce serait te tirer une balle dans le pied, et tu refuses de faire ça. si, je me détends., tu lâches, avant de continuer avec un léger sourire, signe que tu vas parler de ton meilleur ami. mon meilleur ami joue du Ukulélé dans des bars des fois, et je l'accompagne. c'est des soirées sympa., heureusement qu'il est là, Maui. parce que tu serais totalement perdue sans lui. ça fait qu'un an que vous vous connaissez mais c'est ton coup de foudre amical, on peut le dire. et puis je réponds quand même à sa question en le regardant tout en continuant à passer le produit sur le mur de la douche. mais vous m'impressionnez., c'est vrai. et c'est aussi parce que t'as peur de ce qu'il peut te faire, mais tu lui diras pas. tu lui as ouvert ton coeur, sans jamais le lui dire et il est maintenant capable de le piétiner à volonté. mais c'est gentil. votre compliment., pour ton sourire. et tu le gratifie d'un léger sourire, parce qu'il y a le droit, pour une fois qu'il ne fait pas en sorte de te terroriser, il a le droit à une récompense.

bien sûr, mais t'es pas obligée de venir si t'as pas envie. j'veux dire, ça n'aura aucune conséquence sur ton travail. tu préfères être clair, des fois qu'elle se sente menacée. ce n'est pas ton but. toi, tu voudrais qu'elle se sente assez bien pour se laisser aller, pour s'offrir à toi. mais elle est intelligente serra, elle sait que tu la laisseras tomber une fois que tu auras obtenu satisfaction, parce que t'es comme ça. et elle est intelligente, parce qu'elle te fait courir. c'est toi qui t'accroches, alors que d'habitude ce sont les autres qui s'accrochent à toi. tu t'accoudes sur le rebord de la baignoire, observes ses fesses avec attention pendant qu'elle s'affaire à frotter. t'aimerais vraiment pas être à sa place, malmenée par un pauvre type comme toi qui se pense être le roi du monde. du ukulélé ? ça doit être marrant. tu comprends pas comment on peut jouer du ukélé dans un bar et trouver ça marrant, en fait, mais serra ça a l'air de l'amuser, alors tu préfères la flatter. tu m'emmèneras, un jour ? tu demandes, en détournant le regard à la hâte quand serra se tourne vers toi. et puis là, d'un coup, serra elle dit que tu l'impressionnes. comme ça. ton coeur fait un bond, faut pas te dire des trucs comme ça. ou plutôt si, c'est le but de ton existence d'impressionner les gens (ton père le premier), mais là, ça sonne différemment. t'as carrément envie d'attraper serra par ses vêtements et l'attirer dans tes bras, dans l'eau, peu importe, mais ça te fait de l'effet. tu lui rends son sourire. c'est toi qui m'impressionnes. tu lâches enfin, d'un air parfaitement sérieux. tu t'empares du pommeau de douche et te relèves en lui tournant le dos pour te laver du savon. tu vas pas passer ta vie dans le bain, t'as une sieste à faire avant la soirée à venir. d'un coup, l'idée la plus conne du monde te vient à l'esprit (la situation est trop sérieuse pour toi, t'aimes pas être si sérieux avec une fille); tu te tournes vers serra, pommeau de douche en main, et tu l'éclabousses depuis la baignoire dans laquelle tu es toujours planté, comme un gamin. surprise ! que tu gueules en riant, alors que ça risque de ne pas la faire rire du tout. toi tu trouves ça marrant. après tout c'est pas toi qui fait le ménage, tu t'en fous qu'il y ait de l'eau partout. tu éteins l'eau et sors de la baignoire, ignorant serra qui est trempée, le sol qui est trempé entre la baignoire et la douche, et t'empares d'une serviette que tu noues autour de ta taille, avant de lui jeter un regard en biais.

aucune conséquence sur ton travail. t'espère bien qu'il n'y aura aucune conséquence. même si tu as toujours peur des conséquences, en fait. t'aimerais pouvoir dire ce que tu veux, faire ce que tu veux, mais tu te soucis toujours de ton travail. non, c'est pas ça. c'est juste que... enfin, je ne fais pas partie de vos amis, et puis..., et puis t'es loin d'être riche. et t'as déjà peur de pas être à ta place, même si t'as bien envie d'accepter, au fond. parce que tu préfères son comportement avec toi en soirée que lors de la journée. et puis vous voilà à discuter de comment tu te détends, de Maui. si tu l'emmèneras. tu hausses les épaules sans te retourner. si vous voulez., réponds-tu. si ça l'intéresse, pourquoi pas, après tout. et finalement, tu te tourne vers lui pour lui dire qu'il t'impressionne. et c'est vrai. t'ose rien dire face à lui, t'es trop intimidée, en fait. et il sourit à son tour, t'imagines que c'est bon signe, t'en sais rien fait. peut-être qu'il est entrain de se foutre de toi, encore, et t'en as encore plus l'impression lorsqu'il te dit que tu l'impressionne, lui. tu fronces légèrement les sourcils, avant de demander simplement un léger : pourquoi ?, avant de te concentrer de nouveau sur ton job, parce que c'est le plus important finalement maintenant. et puis parce que t'as bien vu qu'il allait se laver et que t'as pas envie de rentrer trop dans son intimité non plus. mais c'est à croire qu'il aime s'exhiber devant toi. et boum, tu sens de l'eau dans ton dos et ça ne tarde pas à passer à travers ton uniforme et tu ne peux t'empêcher de lâcher un petit cri, parce que ça t'as effectivement surprise. tu t'attendais pas à ça. tu bouges pour ne plus être dans la ligne de mire de Guiseppe en te collant derrière la vitre et puis l'attaque cesse et tu soupires. y'a de l'eau partout entre la baignoire et la douche, et tu vas devoir passer la serpillère. et puis il sort de l'eau, alors tu regardes le mur, en pause pendant quelques secondes. tu sais pas comment tu vas faire, t'as déjà froid en fait, t'as les cheveux mouillés, c'est l'enfer. faut te remettre au boulot, pourtant, et avec ton uniforme trempé parce que t'en as un autre, mais il est au pressing. tu prends la pomme de douche de la douche pour rincer les murs que tu as frotté quelques secondes plus tôt avant de retourner vers ton chariot pour faire la vitre de la douche à l'Italienne. tu sais même pas quoi dire à Guiseppe là, tu peux rien dire, en fait. mais t'as la chair de poule, et tu trembles légèrement, c'est sûrement imperceptible, mais c'est perceptible pour toi. il fait pas si chaud dans cette chambre, il fait froid dehors et t'as aéré, c'était ptêtre la pire erreur de ta vie.

tu fixes serra qui continue de frotter comme si de rien n'était, sourcils froncés. t'aurais aimé n'importe quelle réaction, sauf celle-là. même qu'elle t'engueule comme si c'était ta pote et qu'elle pouvait se le permettre. hé ... tu prends une autre serviette et t'approches d'elle, avant de déposer une serviette sur sa tête. ton coeur s'emballe en sentant son dos si proche de son torse. tu comprends pas comment une fille comme elle peut te donner aussi envie. tu frottes ses cheveux avec la serviette blanche doucement, pas du tout sûr de tes gestes. t'étais pas censée continuer à frotter. tu vas tomber malade si tu te sèches pas. tu murmures. tu as de quoi te changer ? c'est ta connerie, c'est quand même à toi de la réparer. enfin, tu devrais t'en foutre. martyriser les employés, c'est ta spécialité. t'as toujours fait ça, ravi de provoquer en eux colère, amertume, dégoût et envie. le petit prince dans sa splendeur. mais serra, elle est jolie, courageuse, avenante et déterminée. c'est pour ça que tu m'impressionnes. tu gardes tout pour toi et tu ne baisses jamais les bras. tu continues dans un souffle, tes lèvres proches de son oreille, en faisant glisser la serviette sur ses épaules, puis ses bras trempés. tu lui laisses la serviette (si tu continues à la toucher tu vas faire une connerie que tu vas encore regretter) pui retournes devant le miroir pour t'occuper de tes cheveux rebelles, de ta barbe, de tous ces trucs qui accaparent ton esprit. perfection, perfection, perfection, ça doit être ta seule préoccupation. c'est tout ce qu'on te demande d'être, parfait. t'en fais pas pour le ménage, arrête, ça sèchera tout seul. attend ... tu quittes la salle de bain et fouilles dans tes tiroirs pour trouver un vieux tee-shirt noir et un jogging gris en coton trop petit, que tu lui rapportes à la salle de bain. tient voilà, tu peux prendre ça. une façon juste de te faire pardonner, le temps qu'elle trouve de quoi se changer. t'es vraiment un abruti. déjà qu'elle t'aime pas serra, là, elle doit carrément te haïr. t'aimerais lui dire que tu es désolé, mais ce serait mentir. si ça devait arriver à nouveau, tu recommencerais. avec serra t'es comme un gamin, un adolescent qui bouillonne d'hormones, déstabilisé, puéril, incapable de te tenir. c'est vraiment la honte.

faut bien que tu continues ton job, t'es pas payée à rien faire. mais ça a pas l'air de lui plaire, puisqu'il émet un son. un son qui sert à attirer l'attention de quelqu'un. et tu sens quelques secondes plus tard une serviette se poser sur mes cheveux. ton coeur s'emballe, tu tentes de résumer la situation. y'a Guiseppe derrière toi, qui est entrain de sécher tes cheveux, il te touche. et c'est pour ça que tu as directement une réaction physique. tu bouges pas, t'ose pas bouger et tu l'écoutes. t'étais pas censée continuer, dit-il en un murmure. c'est totalement différent de d'habitude, totalement différent d'il y a cinq minutes. on croirait presque qu'il est doux. tu avales ta salive doucement, t'as la chair de poule, mais plus pour les mêmes raisons. non, mon autre uniforme est au pressing., je réponds, sur le même ton de voix, en un murmure. tu sais pas pourquoi, mais ça t'apaise de l'avoir tout près de toi, de sentir son souffle contre ta peau et d'entendre ses murmures au creux de ton oreille. mais en même temps, c'est perturbant, t'es pas habituée à ce genre de choses, t'es pas habituée à ce qu'il s'intéresse à toi un tant soit peu. et le voilà qui m'explique pourquoi il m'admire, alors qu'il avait éludé la question plus tôt. ton coeur saute un battement à la fin de sa phrase. c'est un compliment, en tous cas, tu crois. tu sens la serviette tomber sur tes épaules, bouger légèrement avant de sentir Guiseppe s'éloigner, et tu peux pas dire que ça te plait, au contraire. t'as juste envie de sentir ce contact, encore et encore. sauf que c'est pas possible, t'en es consciente. tu sais même pas pourquoi il est si gentil, tout d'un coup, alors qu'il ne l'est pas en temps normal. mais ça te fait plaisir, qu'il soit comme ça au moins une fois. tu te retournes, le voit devant son miroir, entrain de se regarder. c'est tout Guiseppe, ça. il s'occupe trop de son apparence, parce qu'au fond, t'es persuadé qu'il est pas un mauvais garçon. et il le prouve aujourd'hui. et puis finalement, il repose son regard sur toi, et te dit d'oublier le ménage. tu passes tes mains sur la serviette, sur tes bras et tu hoche la tête doucement. comme vous voudrez., c'est gentil, ça encore. mais t'as presque pas le temps de finir ta phrase qu'il est parti dans sa chambre après t'avoir dit d'attendre. et il revient, un t-shirt et un jogging à la main. tu peux prendre ça, dit-il. merci., tu réponds avec un léger sourire. et puis j'hésite, je sais pas où me mettre pour me changer tranquille, sans qu'il ne me voit faire. j'ai pas vraiment envie qu'il me voit me changer, même si c'est juste les sous-vêtements. personne m'a jamais vu en sous-vêtements ou nue, sauf ma famille. et tu n'es pas vraiment prête à sauter ce pas là, même si c'est qu'un petit pas, on pourrait le croire. mais t'es pas prête, même si tu prétend le contraire. je... je peux me changer où ?, je demande doucement.

t'as peur que je vois ta culotte blanche en coton ? tu demandes d'un air taquin, en redevenant celui que tu es d'habitude avec serra. un abruti. cette image te sied mieux au visage. c'est bon, reste ici, je sors. tu lui souris et sors de la salle de bain avant de fermer la porte. tu laisses tomber la serviette sur le dossier de la chaise et enfiles des vêtements propres. gelé par le courant d'air sur ta peau encore humides, tu clos fenêtres et te jettes à plat ventre sur ton lit, ravi par la perspective de la sieste à venir. tu vis comme un con, à moitié le jour, à moitié la nuit, à boire, danser, fumer, baiser, vivre aux crochets de ton paternel et de ses idées, et tu ne fais pas vraiment attention à ta santé. la porte s'ouvre sur serra et un sourire fin se dessine sur tes lèvres. tu tapotes l'oreiller d'à côté deux trois fois et replis ton bras sous le tien, épuisé. tu viens faire une petite sieste avec moi ? tu sais qu'elle va encore refuser, le contraire serait étonnant. et peut-être qu'elle a encore du travail, après. que tu n'as fait que la retarder dans sa tâche initiale, et qu'elle va le payer. mais non. parce que t'es le fils du patron. si tu décides que ce n'est pas grave, alors ce n'est pas grave. tu diras que tu l'as retenue, et personne ne pourra blâmer serra pour ça. si tu refuses, tu me devras une danse. le genre collé-serré, tu vois. le genre bien chaud. tu ajoutes malicieusement en fermant les yeux, avant de lâcher un bâillement peu élégant. tu lui fais un peu de chantage, rien de bien méchant. ou peut-être un peu. mais c'est qu'à être trop gentil avec serra, c'est toi qui risques d'en baver, de tomber, d'avoir le cœur brisé. il suffirait qu'une rumeur remonte aux oreilles de ton père pour être dans le caca. faut pas qu'on te voit fricoter avec le personnel, ce n'est pas digne de toi. on t'imagine déjà épouser à la fille d'un riche pdg américain, chinois ou indien, à l'heure où la plupart de tes amis millionnaires sont déjà fiancés. ils le sont presque tous, en fait. un miracle que tu y aies échappé, et quelque part tu es extrêmement reconnaissant envers ton père de ne rien t'imposer à ce sujet. tu me détestes, maintenant, serra ? tu souffles avant de bailler de nouveau, en rouvrant à peine les yeux.

tu réponds pas à sa question, la réponse est logique, tu demanderais pas sinon. mais t'as pas besoin de répondre parce qu'il part de lui-même dans sa chambre en fermant la porte. tu te changes, tu sais pas quoi faire de ton uniforme trempé, c'est que de l'eau, après tout, ça va sécher, mais ça va mettre du temps. tu sais pas comment faire pour continuer à bosser maintenant. il est hors de question d'aller faire le ménage ailleurs dans cette tenue, on te renverra directement si on te voit comme ça. t'es censée avoir le même standing que le lieu dans lequel tu travailles, et ça n'est actuellement pas le cas. tu te regardes rapidement dans la glace avant de détourner les yeux. tu ébouriffe tes cheveux encore mouillés, tu peux rien y faire de toutes façons maintenant. la seule pensée qui te vient à l'esprit, c'est que t'es définitivement trop banale. tu soupires, et tu sors, ton uniforme sur le bras, prête à rentrer dans ta chambre pour y passer un coup de sèche-cheveux et retourner travailler, faire une autre chambre. mais il est là, allongé sur son lit, et tu peux pas t'empêcher de le regarder avec tendresse. et puis il donne de petits coups dans l'oreiller près du sien, et tu restes impassible. t'en crois pas tes oreilles. après la douche, le bain, il veut maintenant faire une sieste avec toi. tu fronces légèrement tes sourcils. et il ne te laisse pas le temps de refuser qu'il est déjà entrain de te faire du chantage. tu fronces d'avantage les sourcils, sans vraiment savoir quoi répondre. une danse bien chaude. pourquoi il fait ça ? tu comprends définitivement rien à son comportement. il veut te garder avec lui, pourquoi ? tu comprends pas pourquoi. il t'invite à ses soirées, joue le connard la journée, et d'un coup, te demande de choisir entre une danse et une sieste. et tu sais définitivement pas quoi choisir. tu poses ton uniforme sur une chaise, sans vraiment lui demander son avis. c'est une chaise en plastique, il s'en sert pour poser ses propres affaires en général, mais là, elle est vide parce que t'as tout rangé, alors tu t'accordes le droit d'y mettre tes affaires le temps de quelques minutes. tu regardes ta montre, et t'avais pas vu le temps passer, en fait. j'ai encore quatre chambres à faire avant dix huit heures., tu réponds, en un soupir. c'est pas une excuse, c'est vrai. on te demande de faire vite, et t'as déjà passé plus d'une heure et demi dans la chambre de Guiseppe, tu dois y retourner. vous avez pas une réserve avec d'autres uniformes ?, parce que t'aimerais bien retourner bosser, mais tu peux pas le faire comme ça. et t'as vraiment peur pour ton travail, actuellement. tu fais jamais de vagues normalement, et là, t'es entrain de tout remettre en cause. et il te pose une question qui te laisse perplexe. tu fronces de nouveau les sourcils, avant de répondre simplement. je ne vous ai jamais détesté., c'est clair, non ? et c'est vrai. mais t'es incapable de lui mentir sur ça.

oh, ok. tu réponds, déçu qu'elle doive déjà s'en aller. il y en a sûrement à la buanderie, au fond du couloir. t'en sais rien, tu ne portes pas d'uniforme. toi, tout ce que tu portes, c'est des costumes taillés sur mesure ou des fringues qui coûtent un bras. tant mieux, parce que moi non plus je ne te déteste pas. tu te sens obligé de lui dire quand même, t'as été encore plus odieux que d'habitude, aujourd'hui. tu te rends compte que ton comportement envers elle c'est un peu du harcèlement, mais tu ne sais cependant pas pourquoi tu te sens obligé de te comporter ainsi avec serra. tu te rassois, défais le drap et le rabats sur toi, prêt à te laisser glisser dans les bras de morphée. serra ? tu l'interpelles avant qu'elle quitte la chambre avec son chariot, son uniforme trempé et tes habits trop grands pour elle. porter ces fringues, ça te rend super sexy. pourtant ça rend pas sexy d'habitude mais j'te jure, t'es trop sexy. elle est belle avec ses cheveux humides ébouriffés, ses yeux bleus et ses joues roses, et ses formes que tu imagines sous le tee-shirt qui flotte autour d'elle. serra ? tu fais tout pour la retenir, la retarder. si quelqu'un te demande quoi que ce soit à propos de ton retard, dis que c'est à cause de moi. je confirmerai, t'auras pas de problèmes. c'est le moins que tu puisses faire pour elle, quand même. tu te tournes sur le flanc, dos à serra. t'aurais bien aimé qu'elle dorme deux ou trois heures avec toi. pourtant, tu dors pas avec les filles. mais c'est différent, c'est serra. t'as qu'à attendre la fête de ce soir, oû t'auras droit à ta danse. normalement. même si t'y crois pas. si ça se trouve, à cause de ça, elle va se défiler et t'auras tout gagné : serra ne viendra pas. d'un côté, ce serait mieux. faut que t'arrêtes avec cette fille-là, ça ne vous apporteras rien de bon, ni à elle, ni à toi. c'est tellement compliqué que c'en serait presque risible, si les enjeux n'étaient pas parfaitement sérieux. y a ton coeur en jeu et avec ça, tu ne rigoles pas.

il accepte, on dirait. que tu t'en ailles. il te dit même où aller pour avoir un nouvel uniforme tout neuf et surtout, sec. tu esquisse un léger sourire, prête à partir. et puis il te balance qu'il te déteste pas, et tu souris un peu plus. parce que mine de rien, ça te rassure. surtout qu'il a l'air d'être le plus sincère du monde, ça te fait bizarre mais t'es contente de l'entendre te dire ça. ça te fait un bien fou, ça fait augmenter ton rythme cardiaque, ça fait rosir tes joues. bref, ça te fait un bien fou. tu hoche simplement de la tête, avant de prendre ton chariot pour le passer par la porte et t'en aller, mais tu l'entends appeler ton prénom. tu te retournes, encore sous le choc de ce qu'il t'a dit quelques secondes plus tôt, et tu le regardes. il te dit que t'es sexy. et tu sais pas trop comment réagir. jamais personne t'as dit ça. et tu sais que c'est un compliment, seulement tu trouves ça bizarre, vraiment bizarre. merci..., tu réponds avec un sourire, de nouveau. depuis une vingtaine de minutes, tu lui souris beaucoup, lui qui dit aimer ton sourire, il est servi. tu te retournes donc, pas décidée à céder, même si la tentation est forte. il faut que tu bosses. même si t'aurais aimé t'allonger là, t'approcher de lui, qu'il te prenne dans ses bras, qu'il te serre, qu'il dépose un baiser dans tes cheveux et t'endormir là, dans la meilleure position du monde, dans un lit bien meilleur que le tien. et surtout avec lui. mais t'as renoncé à ce rêve depuis longtemps. t'es rien, il est tout. et tu t'es fait une raison. mais quand tu le vois comme ça, quand tu vois qu'il fait en sorte de te retenir, quand tu vois qu'au fond, il a vraiment envie que tu restes, t'as juste envie de craquer. mais tu peux pas faire ça à ta famille, tu peux pas les oublier, les laisser tomber, et encore moins te faire virer. serra ? tu te retournes encore. pas du tout impatiente de partir. t'as envie qu'il insiste pour que tu viennes, qu'il te trouve une excuse toute faite, qu'il t'y oblige presque, mais il le fait pas. mais il te dit que t'auras pas de problème par rapport à ton retard, et tu souris légèrement. même si au fond, le coeur y est pas. parce que ça te tue, tout simplement, ça te tue de devoir partir comme ça. finalement si proche de ton rêve. et il se retourne, il te tourne le dos. et tu prends ça pour un casse-toi. bonne sieste., tu chuchotes, avant de sortir le chariot et de fermer derrière toi. tu viens de passer à côté de la plus belle chance de ta vie, Serra.

il est presque dix neuf heures lorsque tu rentres dans ta chambre et t'affales sur ton lit, le nouvel uniforme trouvé dans la buanderie sur le dos. faut que tu le rendes, d'ailleurs. mais tu feras ça demain, pour l'heure, t'as juste envie de dormir. c'est l'une des journées les plus éprouvantes de toute ta vie, l'une des journées qu'il faudra raconter à Maui lorsqu'il rentrera de son excursion de la journée. sauf qu'il rentrera tard, il te l'a dit. ils sont en dehors de l'île, parce que certains de clients de l'hôtel sont sur l'île mais ne veulent pas rester sur l'île. ça semble paradoxal pour certains, mais tu comprends pourquoi. t'as toujours vécu sur des îles et tu sais qu'une fois le tour fait, plus rien n'est vraiment intéressant. et puis finalement, sur le sol, tu aperçois un papier. tu le ramasses, commence à lire et comprend rapidement de quoi il s'agit. la soirée de Guiseppe. dans sa chambre. une trentaine dans sa chambre ? il a la place, c'est vrai, mais ça te semble fou. et puis tu sais pas vraiment si c'est une bonne idée. y aller serait se soumettre à son chantage. ne pas y aller serait une occasion de moins de le voir et de partager un moment avec lui. mais t'as pas envie d'y aller sans avoir parlé au roux qui partage ta chambre. t'as besoin de lui et de son avis. t'as besoin de lui et de son sourire, de ses conseils, de sa joie de vivre, t'as besoin d'entendre trois notes de Ukulélé pour te sentir plus confiante. t'as même envie de l'emmener. mais tu crois pas que tu puisses. alors t'attends, t'attends. et il ne revient pas. il est tard, et t'as toujours envie d'y aller. t'as même enfilé une jolie robe. t'as envie d'être jolie, aussi sexy que quelques heures plus tôt. tu te maquilles légèrement, un peu de mascara, de blush et c'est terminé. de toutes façons, tu sais pas te maquiller, alors t'essaies même pas de faire compliqué. ça ira, tu l'espère. et finalement, après avoir parcouru le couloir de long en large au moins trois fois, tu te décides à frapper à la porte. consciente que ça doit être le milieu de la soirée et que Guiseppe doit être fort occupé. et puis tu entres. normalement tu devais même entrer sans frapper, mais t'es trop bien élevée. alors t'entre, un léger sourire sur les lèvres et ils ont pas l'air nets, ça ressemble même à une fin de soirée. tu le cherches, sans le trouver avant de t'avancer après avoir salué quelques personnes que tu ne connais pas. et tu vas jusqu'à la terrasse, sur laquelle tu trouves celui que tu cherchais. il fait frais, mais ça doit lui faire du bien. salut.

la voix de serra te sort de tes pensées et tu sursautes légèrement. t'avais oublié que t'étais là, que t'avais arrêté de respirer pour penser. ou plutôt ne pas penser. t'es pas en état. tu ne sais pas ce que t'as pris ce soir, mais c'était fort, et à en juger par la gueule que font les autres autour de toi, ça devait être bien corsé. tu ne te souviens pas. c'est pas comme si tu faisais attention, dans ces moments-là. un sourire un peu bancal et mal assuré se dessine sur tes lèvres. salut, j'pensais pas que tu viendrais. tu t'approches d'elle, poses tes mains sur ses bras nus pour la réchauffer. ne fait-elle donc jamais attention à elle ? tu vas devoir t'occuper de serra, puisqu'elle ne le fait pas toute seule. t'es canon. j'ai envie de te dévorer. tu lâches l'air le plus sérieusement du monde, comme si c'était normal de dire ça à quelqu'un en toute impunité, et qui plus est à une employée. d'ailleurs ça fait glousser la fille à côté, qui est pâle comme la mort, les cheveux ébouriffés, appuyée contre le mur comme si sa vie en dépendait. en voyant ton regard meurtrier elle décide de se barrer en continuant à rire. la prochaine fois, tu surveilleras ce qu'on te refile à tes soirées, parce que l'état d'hystérie générale est définitivement angoissant. tu poses ta main au creux du dos de serra pour l'inviter à rentrer, et te laisses tomber au pied de ton lit où t'as abandonné ta dernière bouteille et ton verre, en tenant sa main pour l'inviter à s'asseoir avec toi. tu aurais pu lui prêter ton lit, mais un couple est en train de s'y tripoter allègrement. t'aurais pu lui prêter ta chaise, mais y a quelqu'un qui comate dessus. t'aurais pu lui prêter la baignoire mais y a des filles qui s'y entassent en pleurant leurs amours perdues, et, sur tes toilettes, quelqu'un fume en se fixant dans le miroir. tu veux de la vodka ? tu proposes en secouant la bouteille sous le nez de serra, un peu honteux qu'elle soit finalement arrivée à un moment comme celui-là. ce n'est pas rare, mais elle n'avait encore jamais vu ça. l'étendue de votre décadence et de votre mal-être. ça vaut le coup d'être riche, ça rend plus heureux, qu'elle se dira en quittant les lieux. désolé pour tout ça, c'est le bordel. j'sais pas ce qu'on a avalé, mais ça fait un sacré effet. et tu glousses, avec pourtant une furieuse envie de pleurer, ou de t'enterrer, ou les deux.

tu te sens déjà mal à l'aise, à vrai dire. t'es épiée par la moitié des invités, qui sont déjà trop drogués ou trop bourrés pour vraiment réaliser. et puis Guiseppe, il est pareil. il sursaute lorsque tu le salue, et s'approche de toi pour te toucher. t'aurais jamais cru qu'il serait aussi tactile avec toi un jour. depuis aujourd'hui, il n'arrête pas de te toucher, et ça te semble bizarre, tout de même. tu l'écoute, et ajoute : moi non plus., c'est ce que tu glisses, comme ça. avant de te retrouver choquée devant ses compliments. tu rougis quasi-instantanément, il vient de te dire que t'es canon. et il a aussi dit qu'il te dévorerait, et ça, t'es pas encore vraiment prête à l'entendre. mais il l'a dit. et c'est l'important. d'ailleurs ça n'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde puisque la fille, une autre fille sur la terrasse commence à rire. ton regard se pose sur elle, ton sourire s'efface instantanément. tu le prends pour toi, et c'est pas vraiment flatteur pour ton égo. merci., tu lâches tout de même avec un léger sourire. et puis il te touche de nouveau, le dos cette fois, puis la main. c'est peut-être parce qu'il est bourré, t'en sais rien, mais c'est bizarre, tu trouves. même si ça te plait, au fond, ça fait vibrer ton coeur à chaque seconde de contact entre vos corps, sauf que c'est comme la pire des drogues. t'as jamais envie qu'il s'arrête, t'as besoin d'un contact permanent, t'as besoin de le sentir contre toi à chaque seconde. tu t'assois à côté de lui après un bref regard sur le lit avant de baisser les yeux. c'est perturbant pour toi. vraiment perturbant. vous dites rien ?, non parce que, c'est son lit quand même. fallait que tu poses la question, mais tu connais déjà la réponse puisqu'il a fait totalement abstraction de ce détail en rentrant puis en s'asseyant aux pieds du lit. de la vodka. tu hausses les épaules, pourquoi pas !, tu esquisse un léger sourire et appuie ton dos contre le lit. tu t'attendais pas à ce qu'il te dit ensuite, en fait. pas du tout. il s'excuse pour le bordel que c'est, ici. c'est pas grave, vous n'y pouvez rien., et t'ose pas aller voir l'état de la salle de bain en voyant déjà ce que tu vas avoir à faire dans la chambre. mais c'est bien, ça te donne un aperçu des dégâts. mais vaut mieux pas que t'en parle, parce qu'il va encore te dire que tu te détends jamais et tout ça.

tu hausses les épaules, et lui sers un petit verre que tu lui tends. toi, t'as assez bu pour le moment et maintenant que serra est là, tu voudrais pas te mettre encore plus minable que tu ne l'es déjà. c'est que tu dois faire attention qu'il ne lui arrive rien, au milieu de tous ces mecs qui n'ont plus conscience de rien. d'habitude c'est pire que ça, ça baise de tous les côtés. c'est sage, là. puis généralement, je dors pas dans mon lit avant que vous l'ayez refait. tu ricanes, en imaginant la tête que font les femmes de ménage en s'occupant de ta chambre, transformée en bordel le temps d'une nuit. heureusement, ce n'est pas encore remonté aux oreilles de ton père, ou alors il n'a pas jugé bon de t'en parler. c'est aussi pour ça que je veux pas que tu travailles dans ma chambre les lendemains de soirée. tu avoues enfin, un peu gêné. t'aimes pas imaginer serra frotter le vomi, ramasser les capotes (ou les strings), défaire des draps poisseux au parfum écœurant et entêtant. t'écartes une mèche de cheveux qui tombe sur son front pour la coincer derrière son oreille, tandis que ton regard se perd sur sa robe, son décolleté, ses cuisses nues. elle est belle, serra. quand elle est un jogging, dans son uniforme ou dans une robe. elle est belle tout le temps. tu passes ton bras derrière ses épaules, posé sur le lit, sans la lâcher des yeux. t'aimerais qu'elle soit ta victime de la soirée, vraiment, mais le peu de raison qu'il te reste te pousse à rester tranquille. elle mérite mieux que ça, qu'un mec bourré/ivre/défoncé/malintentionné/sans cœur qui lui arrachera sa robe sur le sol de la chambre, devant les regards vides de ce qui en ont déjà trop vu mais ne connaissent pour autant rien de la vie. tu t'es pas fait engueuler tout à l'heure, j'espère. tu dis finalement, pour penser à autre chose qu'à son corps qui t'attire comme un aimant, beaucoup trop intensément. j'voulais pas … tu sais, te fâcher ou te stresser. je voulais juste jouer. tu parles trop facilement quand tu es dans dans cet état. tu dis tout ce que tu penses, tout ce que tu ressens, sans trop penser aux conséquences. tu te maudis le lendemain, quand par miracle tu t'en souviens. généralement, les gens ne se privent pas de te rappeler l'étendue des dégâts, parce que c'est trop jouissif pour eux de te ridiculiser. qu'ils le fassent, pendant qu'ils le peuvent encore ! un jour tu seras tout en haut, dans les plus hautes sphères de la villa, et ils verront s'ils osent encore se foutre de toi.

il te tend ton verre de vodka et tu le remercie avant de le porter sagement à tes lèvres à boire une petite gorgée qui te fait frissonner. mais ça ne t'empêches absolument pas de l'écouter et d'être choquée par sa phrase. tous... dans la même pièce ?, tu comprends pas, c'est bizarre, beaucoup trop abstrait pour toi. mais tu fais abstraction du reste, t'as restée bloquée sur ça. c'est trop bizarre, et tu ne peux que te le promettre : ça ne t'arrivera jamais. ça t’écœure rien que d'y penser. et il te dit qu'il ne veut pas que tu travailles dans sa chambre les lendemains de soirées précisément à cause de ça. tu lâches un léger aaah., et lui, il a l'air gêné par ce qu'il vient de te dire. et puis tu hausses les épaules. vous n'êtes pas le seul à avoir une chambre comme ça souvent, vous savez., juste pour information. quand c'est pas chez lui, c'est chez quelqu'un d'autre. ça fait peu de différence, au final. mais c'est gentil, comme attention. l'une de tes mèches se retrouve derrière ton oreille et tu peux pas t'empêcher de frissonner légèrement au contact de ta peau contre celle de Guiseppe. c'est intense, comme sensation. t'ose rien dire, tu te contente de regarder l'arrière plan un instant, juste pour t'enlever de cette bulle un instant, t'as besoin d'air, juste un peu d'air. et puis il te demande si tu t'es faite engueulée, de quoi te renfermer dans ta bulle que tu n'avais quitté que quelques centièmes de seconde. mais tu retrouves tout, le bras de Guiseppe derrière tes épaules, son regard qui soutient le tien, sa voix douce et capable de te bercer comme aucune autre. non, je n'ai croisé personne., et tant mieux, parce que t'aurais pas osé accuser Guiseppe, en fait. tu t'en rends compte. et tu l'entends te parler d'un jeu, tu l'entends te dire qu'il voulait pas te mettre mal à l'aise, juste jouer. t'as l'impression d'entendre un enfant de cinq ans, c'est affolant. mais c'est ça qu'il est, au fond, un enfant de cinq ans. t'en fais pas, je ne t'en veux pas., tu réponds avec un léger sourire. pas du tout consciente que tu viens de le tutoyer. c'est parce que ça te semble naturel, là. demain, tu le vouvoieras de nouveau. ce soir, t'as envie d'être plus proche de lui, d'exploser la barrière d'employée et patron pour deux heures. c'est tout. t'aimerais être riche au fond, juste pour faire partie de son monde, pouvoir mieux le comprendre et arrêter d'être rejetée comme tu l'es.

tu hoches la tête. tous dans la même pièce, oui. et puis aussi à la salle de bain, et dehors, sur les transats. y a un moment où ça ne vous gêne plus, parce que vous n'avez plus les idées claires, plus les pieds sur terre, et vous usez de vos corps parce que c'est la seule chose encore capable de fonctionner. mais t'as pas envie d'expliquer ça à serra, elle ne comprendrait pas. elle est trop bien pour tout ça, serra, avec ses yeux océans et ses mimiques d'enfant. tant mieux. de toute façon, en me réveillant, je suis allé signaler que je t'avais retenue, d'où ton retard dans les autres chambres. tu préfères rejeter la faute sur les autres généralement, et t'es toujours celui qu'on croit, parce qu'on n'a pas le choix. mais serra tu la veux dans tes bras, dans ton lit, (dans ta vie), alors tu peux bien faire un effort pour obtenir ce que tu veux. elle continue de te faire courir, de te soumettre, tu deviens l'un de ces pauvres pantins totalement obnubilé par une seule femme et t'aimes pas ça. te consacrer à une seule personne, ce n'est pas pour toi. ton cœur fait un bond dans ta poitrine. j'aime bien quand tu me tutoies. tu fais remarquer avec un rire léger. ton pouce se pose sur ses lèvres humides pour s'emparer d'une goutte de vodka que tu portes à ta bouche. ta main se referme sur la sienne qui tient le verre et tu te penches pour boire une petite gorgée, passablement assoiffé. cette foutue drogue te donne la bouche sèche, pâteuse, tu te sens nauséeux. il joue, ce soir, ukulélé ? t'aurais pu l'amener. tu sais pas comment s'appelle son ami, mais serra comprendra de qui tu parles. et puis tu lui proposes ça plus par politesse que par réelle envie; là, au moins, tu l'as juste pour toi. t'as pas envie de la lâcher, d'arrêter de la coller, la tripoter (chastement), ça te fait du bien et tu t'accroches à la réalité plutôt que de tomber dans un état d'inconscience dangereux. tu sais, serra, t'es quelqu'un de bien. trop bien pour tout ça. tu désignes la pièce d'un signe de tête, et puis ça te donne encore plus la nausée de bouger et tu laisses tomber ta tête en arrière, sur le lit, avec un gémissement de douleur. vaudrait mieux pas vomir devant elle, et garder un peu de dignité. en plus, les toilettes sont occupées. et tu n'as d'autre endroit où dormir que le sol , ou à la limite sur un transat avec une couverture. une belle nuit en perspective. tu devrais m'éviter, je me comporte comme un harceleur sexuel avec toi. tu conclues, en ne te rendant plus vraiment compte de ce que tu dis.

il a été prévenir pour toi. tu te mets à sourire, définitivement attendrie. t'es tellement dingue de ce mec, il est magique. merci, c'est gentil., tu réponds simplement avec un sourire naturel et joli. un peu plus grand que d'habitude, mais pas assez pour montrer tes dents. il aurait aussi pu ne rien faire, te laisser dans la merde, dire que tu avais traîné dans sa chambre, que tu avais osé lui parler. à lui, petit prince, à lui, futur chef du village. définitivement, il a été gentil, bien plus que tu n'aurais pensé. et te voilà, entrain de le tutoyer, comme si de rien n'était. et il te le fait remarquer, mais apparemment, ça ne le dérange pas plus que ça. c'est vrai ?, t'as à peine le temps de répondre qu'il a déjà son pouce sur tes lèvres et tu comprends pas trop ce qu'il fait. ça te surprend, t'as même sursauté quand t'as senti son pouce sur tes jambes, c'était pas vraiment attendu, en fait. et c'est pas fini, tu sens sa main sur la tienne, et il boit dans le verre qu'il vient de te donner. tu dis rien, tu l'laisse faire, après tout c'est son verre et c'est sa vodka. toi t'as rien emmené, rien payé. et le voilà qui te demande si Maui joue. t'aurais pu l'emmener. t'aurais aimé. vraiment. mais tu sais même pas s'il est rentré. il est parti en expédition avec des clients. je sais pas quand il rentre., ça doit se voir sur ton visage, que t'es inquiète. qu'il rentre tard c'est une chose, qu'il rentre si tard, ça te semble bizarre. j'espère qu'il s'est rien passé de grave., et pas seulement pour Maui, mais pour les autres personnes aussi. c'est dangereux, les routes, surtout en Italie, t'en as conscience. mais Guiseppe, tu crois qu'il commence à sérieusement divaguer, il te dit que t'es trop bien pour tout ça. il est trop gentil pour qu'il puisse être dans son état normal. l'alcool doit avoir un effet positif sur lui, ou alors c'est toi. mais c'est moins avéré. il lâche ensuite un râle, tu sais pas quoi répondre à ça. et il continue, te dit que tu devrais arrêter de le voir. qu'il se conduit mal avec toi. t'aurais aimé pouvoir t'éloigner de lui, à certains moments, quand il était encore temps, mais maintenant c'est foutu. terriblement foutu. t'es dingue de lui, tu peux plus lui tourner le dos et l'oublier. c'est juste pas possible. je peux pas., je réponds simplement, sans autre explication. tu ne peux pas, point. tu ne peux pas le laisser là, tu peux pas l'oublier, tu peux pas ne plus le voir, t'as envie de l'embrasser. mais tu arrives à réprimer cette envie en plongeant tes lèvres dans la vodka, ça te fait pas de bien, mais au moins, t'es occupée et la légère brûlure froide que le liquide inflige à tes lèvres te distrait. là, tu te conduis bien., tu lâches tout de même, une minute plus tard. il est pas entrain d'essayer de te faire du mal. alors tout va bien.

il a du aller boire un verre avec quelqu'un. tu dis pour la rassurer, mais t'en sais rien. t'en sais rien parce que tu le connais pas ce gars, tu sais pas si c'est son genre, si c'est la première fois qu'il ne rentre pas. et puis c'est pas lui qui t'intéresse, c'est serra. serra qui répond qu'elle ne peut pas t'éviter, que tu conduis bien. tu lâches un rire et passes plus franchement ton bras autour de ses épaules. dans ma tête, je me conduis moins bien. inconsciemment, t'essayes de lui foutre la trouille, la dégoûter de toi. tu la repousses, l'attires, l'attaches, pour la repousser. t'es incapable de décider, d'assumer, de foncer. t'es encore un gamin terrifié, qui a trop peur de la pression qui l'attend, d'échouer, de se tromper, de tomber. le petit prince est trop bien sur sa planète, là-haut, à des milliers de kilomètres au dessus des gens. t'es trop bien au sommet pour redevenir un banal être humain, pourvu de sentiments. j'ai le droit à une danse ? t'as pas fait la sieste avec moi. tu grognes, d'un air boudeur. t'aurais bien dormi avec serra, mais du coup t'as dormi avec elfie. appelée en renfort à la dernière minute, elle n'a pas hésité à venir te tenir compagnie. mais quand même, ce n'était pas pareil. tu sautes sur tes pieds, tangues, manques de retomber. tu ris comme un idiot, lui tends les mains pour qu'elle les prenne et se relève à son tour. je t'interdis de refuser, c'est moi le patron. tu conclues, provocateur. serra est venue là pour s'amuser, alors même s'il n'y a plus que vous deux pour le faire, autant en profiter. en profiter pour valser seuls, maladroitement, au milieu de gens qui ne se rendent même plus compte que vous existez. ils ne font pas attention à nous. c'est comme si on était pas là. ou plutôt, ce sont eux qui sont pas là. t'ajoutes pour la rassurer, au cas où ça la mettrait mal à l'aise. t'es pas non plus du genre à t'afficher, contrairement à ce qu'on pourrait penser. pas quand t'es pas sûr de toi, quand tu as une chance de te ridiculiser. t'as baissé le volume de la musique, parce que de toute façon, ça non plus, personne n'y fait plus attention. elle reste juste assez fort pour se mouvoir en toute tranquillité. tout ce que tu veux, c'est sentir serra bouger contre toi. elle te fait tourner la tête, te rend fou, te rend esclave de sa beauté.

hm. boire un verre avec quelqu'un, peut-être. tu hausses les épaules, t'espère que c'est juste ça ou qu'il va pas tarder. t'espère qu'ils aient juste un peu trop de retard. mais t'espère aussi que ce sera pas lui qui sera pris pour responsable, c'est pas lui qui conduit. mais c'est Guiseppe qui t'intéresse, c'est Guiseppe que t'as envie de regarder maintenant, que t'as envie d'écouter. y'a que sa voix qui ressort de la chambre, les bruits parasites, ton cerveau ne les enregistrent pas. y'a que Guiseppe qui compte à cet instant. tu sens son bras passer plus franchement autour de tes épaules, tu bouges pas, tu te laisses faire. et tu fronces les sourcils quand t'entends la phrase qui accompagne ce geste. est-ce que t'as bien compris ? t'aimerais en avoir le coeur net, mais t'as peur de la réponse à cette question. comment ça ?, tu demandes, en espérant que l'alcool délie sa langue. mais à vrai dire, t'as assez peu d'espoirs. au fond, il est très secret, et il veut pas vraiment te livrer tous ceux qu'il a à cacher. il te redemande sa danse quelques secondes plus tard, d'un air boudeur, on dirait un gosse. tu te mets à sourire, avant de lancer un tu perds pas le nord. amusé. il se lève, manque de retomber, t'as le réflexe de tendre tes bras pour te protéger sans vraiment en avoir besoin parce qu'il retrouve son équilibre tout seul, et tu te surprends à rire devant cette scène assez drôle, tu dois bien l'admettre. c'est lui le patron, t'as pas le droit de refuser, te dit-il. alors tu prends sa main, et tu te lèves. il te parle des autres, ceux qui sont entrain de comater aux différents endroits dans la pièce. à part votre conversation, il n'y a rien, juste des bruits parasites. les gens sont là pour être ensemble mais restent seuls, chacun de leur côté, de toutes façons. c'est fou comme la vie peut être paradoxale, des fois. je sais pas danser., tu lâches, finalement. c'est pas une excuse, c'est juste parce que tu sais vraiment pas danser. tu t'approches quand même de lui, tu fais un pas, lèves la tête pour le regarder dans les yeux. et tu lui fais confiance, t'as pas vraiment d'autre choix de toutes façons.

un jour, j'te dirai. tu lui diras pas tout de suite que t'as envie de passer une nuit dans ses bras, qu'il suffit que tu fermes les yeux pour l'imaginer s'offrir à toi. tu vas la faire languir, la faire douter, la faire danser. pour une fois, c'est toi qui mèneras la danse. à moins de s'en moquer, serra voudra savoir et continueras de te poursuivre jusqu'à ce que tu lui dises. c'est à ce moment-là qu'elle fuira, quand elle saura. tu souris, ravi qu'elle accepte. c'est pas grave, on aura l'air d'idiots tous les deux. tu esquisses un sourire un peu niais, pour souligner tes propos. tes mains lâchent les siennes pour attraper ses hanches. on n'a qu'à … bouger un peu, comme ça, tu sais. tu la tiens fermement contre toi en la dévisageant, le cœur battant et le corps en ébullition. vous bougez à peine, en vous regardant dans les yeux, mais c'est plutôt agréable. le couple du lit a disparu, ainsi que le mec qui comatait sur la chaise. le monde autour de toi n'a plus d'emprise sur ta conscience, tu ne te rends même plus compte de ce qu'il se passe. tu ne sais même pas si les voix qui viennent de la salle de bain sont réelles ou issues de ton esprit. tout ce que tu sais, c'est que serra est dans tes bras, et que t'es même pas foutu de te pencher pour l'embrasser. t'embrasses pas plus les filles que tu ne dors avec elles, tout ça c'est pour les amoureux. pourtant, t'as envie d'embrasser serra et de dormir avec elle. mais tu le feras pas. parce qu'elle est femme de ménage, pauvre et trop bien pour toi. femme de ménage, pauvre, et trop bien pour toi. femme de ménage, pauvre, et trop bien pour toi. les mots tournent en boucle dans ta tête, pour te rappeler de ne pas faire de connerie que tu pourrais regretter. parle-moi de ta famille. tu chuchotes alors, pour changer de sujet. tes mains passent de ses hanches à sa taille, son dos, redescendent parfois un peu trop bas et remontent. tu profites de la chaleur de son corps, de la douceur du tissu de sa robe sous la caresse de tes mains, puisque tu n'as droit qu'à ça. t'aimerais que la musique ne s'arrête jamais, que vos pieds continuent de vous faire tournoyer sans que jamais vous ne soyez fatigués. je ne sais rien de toi, ni pourquoi t'es venue travailler là. quelque soit la raison, t'es content; sans ça, t'aurais jamais rencontré serra.